Après avoir exploré les Lieux en mémoire de l'Alpe auprès des occupants de la montagne qui souvent parlent encore le patois, les auteurs proposent un atlas toponymique du versant français de l'arc alpin. Une centaine de cartes, essentiellement consacrées au relief et à l'eau, situent les toponymes les plus répandus dans cet espace qui appartient à deux domaines linguistiques : le franco-provençal et l'occitan alpin. Ces cartes ont été réalisées d'après les cadastres et complétées, selon la démarche chère aux auteurs, par des enquêtes minutieuses auprès de ceux qui gardent encore en mémoire les noms de lieux rayés des cartes à la suite des grands équipements du territoire. Chacune des cartes toponymiques est accompagnée d'un commentaire et souvent d'une carte dialectale destinés à mettre en lumière le lien entre toponyme et parler local. Ainsi au fil des pages le voile se lève sur le sens de nombreux noms de lieux, qui souvent échappe au promeneur contemporain.
À l'encontre de l'image convenue de « montagnes éternelles », cet ouvrage veut les montrer dans leurs diversités, leurs contradictions et leurs mutations, et avec la pluralité de regards qu'apportent les contributions de scientifiques issus de différentes disciplines de sciences humaines et sociales, et reconnus pour leurs travaux sur la montagne. Le parcours se décline en 23 mots, 23 invites à mettre en question les représentations des régions de montagne, les transformations et les enjeux qui les parcourent. De «bataille» à «divin», de «genre» à «sauvage», les entrées se veulent critiques mais aussi alertes et accessibles. Les Alpes sont le terrain privilégié des analyses, tout en ouvrant plus largement le débat sur l'idée de montagne et sa construction sociale. Entre vulnérabilité climatique, intérêts contradictoires, force des symboles et valeurs sociales de l'environnement, les cartes se rebattent, le jeu apparaît complexe et incertain mais loin d'être perdant.