Tout commence par un arbre terrassé par le vent, puis des notes de guitare sur un air manouche, de l'herbe pailletée par les cendres, une réunion de gueules cassées, l'infinie recherche de la courbe parfaite... Ludovic Debeurme rassemble ses multiples souvenirs pour réaliser un autoportrait tout en nuances.
Avec une grande douceur, il retrace son histoire, celle de ses parents et de ses grands-parents pour explorer la notion de filiation dans tout ce qu'elle a d'immuable et paradoxalement de changeant. Au fil des pages, il recrée des liens avec sa généalogie mais aussi avec le monde qui l'entoure jusqu'à développer une vraie conscience de l'écosystème avec lequel il cohabite.
Le temps paraît malléable, Debeurme laisse libre cours à ses pensées qui se déversent dans des compositions fluides et dansantes. Il nous propose un véritable retour aux sources, à l'essence même de l'être humain, porté par ses traits épurés où la force de la ligne s'exprime avec vigueur. En replongeant dans son histoire familiale pour recomposer les fragments de son identité, Ludovic Debeurme offre une autobiographie sensible et puissante qui soulève la question de la transmission et de l'héritage informel. Tout en finesse, il convoque en chacun de nous une question universelle : quelle part de notre identité doit-on à nos parents et comment nous en affranchir ?
La symphonie de la peur est une oeuvre sombre, rythmée comme une composition musicale. Elle est organisée en quatre mouvements : allegro, andante, scherzo, largo qui illustrent chacun l'évolution de la peur dans l'histoire de l'humanité. Gus Bofa cadence son récit en alternant entre textes sarcastiques et dessins au crayon pour créer une ambiance unique de plus en plus angoissante. Malgrè une atmosphère pesante, Bofa réussit l'exploit de glisser quelques touches d'humour noir et amer, qui parviennent à faire sourire le lecteur.
Rescapé de la guerre des tranchées qui l'a laissé infirme et à l'aube de la seconde guerre mondiale, Gus Bofa use du sentiment universel de la peur pour créer une oeuvre sans concession et d'une grande modernité. Publiée en 1937, La symphonie de la peur témoigne d'une humanité prise entre deux terreurs, l'éternité et le néant, et qui tente de trouver refuge dans la religion, la morale et la science.
Les hommes repliés derrière la masse sociale et les lois du groupe, se retrouvent malgré tout rattrapés par la frayeur engendrée par les crises économiques, guerres ou émeutes. À contre-courant de son époque - où l'on vit frénétiquement pour laisser les spectres de la guerre derrière soi - Gus Bofa décrit l'image d'un monde sans lumière ni espérance à travers 40 illustrations toutes aussi impressionnantes que celles contenues dans Malaises. Il livre ici un chef-d'oeuvre, grandiose et implacable qui, près de 100 ans plus tard, n'a rien perdu de sa puissance. Au terme de cette symphonie, aucune consolation n'est offerte au lecteur, qui ne peut s'empêcher d'y projeter ses propres inquiétudes.
Absorbé par l'image déformée que lui renvoie le grille pain en face de lui, Brian Milner s'aperçoit qu'il est en train de dessiner un auto-portait. Dans la pièce derrière lui, à des années lumières de sa propre pensée, ses amis font la fête. L'esprit de Brian a déjà traversé l'espace pour se perdre dans un autre monde où tout est plus vivant, plus étincelant, lorsqu'une ombre se glisse derrière lui. Cette première rencontre avec Laurie marque le début d'une nouvelle histoire dont elle jouera le rôle principal.
Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est le premier tome d'une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction. Pour l'auteur, comme pour Brian, le personnage central de la série, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l'imagination et la réalité. Burns s'amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d'étrangeté qui se dégage de ses illustrations. Il livre au passage un brillant hommage au cinéma fantastique et à sa capacité d'agir comme un miroir déformant de l'existence. Le premier tome de cette nouvelle série, publié en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s'emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques, le tout, servi par un dessin époustouflant.
Dans une atmosphère lourde, accentuée par des lavis marrons et des fonds charbonneux, une société s'écroule lentement sous le coup de la pénurie de metax, un mystérieux matériau enfoui qui leur a autrefois valu le prestige.
Les paysages, rendus lunaires par les cicatrices causées par les incessantes fouilles minières, sont le théâtre d'une série de tragédies : des attentats terroristes envers le royaume, des exécutions secrètes, et un étrange virus faisant apparaître des étoiles dans les yeux de ses victimes...
Pendant que l'ingénieur en charge de l'extraction du metax essaie désespérément de trouver de nouvelles pistes, l'homme de main du roi, tire les ficelles pour servir la cupidité de celui-ci et les rebelles tentent au mieux de protéger leur secret.
Avec ses compositions et son découpage cinématographiques, Antoine Cossé nous transporte dans un univers suffocant où les routes sinueuses semblent ne jamais mener nulle part. Cette atmosphère est accentuée par une narration tout en déliés et une ambiance sonore graphiquement très appuyée. Metax est une oeuvre sombre, romantique et poétique, une exploration de la cupidité, de ses conséquences et de la possibilité de s'en échapper.
Alors que le premier tome de Dédales marquait la rencontre entre Brian, un jeune réalisateur au regard déroutant, et Laurie, l'égérie de son nouveau film, l'heure est désormais venue de commencer le tournage. Entourés de quelques amis, les deux protagonistes se retrouvent dans une cabane perdue au milieu de la forêt pour filmer les premières scènes. Les images du film s'esquissent à peine et les tensions émergent déjà au sein du petit groupe isolé...
Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vrai vie, Dédales est une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction. Pour Brian, le personnage central de la série, comme pour l'auteur, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l'imagination et la réalité. Burns s'amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d'étrangeté qui se dégage de ses illustrations.
Cette nouvelle série, publiée en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s'emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques comme entre les personnages, le tout servi par un dessin époustouflant.
Le quotidien d'un groupe d'adolescents est chamboulé lorsque deux jeunes filles sont retrouvées un matin, sauvagement assassinées aux abords du lycée. La présence de la police empêche Pola de dealer autour de l'école, le discret Daniel a des pulsions de plus en plus morbides, et la populaire Laurie commence à se remémorer des souvenirs traumatisants. La vie de la petite bourgade est très vite rythmée par les flashs télévisés et la rumeur d'un dangereux meurtrier armé d'une batte se propage rapidement dans la ville. La fin des cours approchant, l'avenir semble incertain, pourtant chacun veut préserver l'illusion d'une éternelle insouciance. Mais le mal est pourtant bien là, dissimulé sous leurs yeux...
Véritable hommage au cinéma de genre américain, L'Entaille nous plonge dans le quotidien d'une petite ville de bords de mer dont la tranquillité est soudainement rompue pars l'arrivée d'un tueur en série. On y retrouve ainsi tous les codes du slasher ou du teen movie qui sont ici habilement adaptés en bande dessinée. Les planches, entièrement réalisées au crayon papier, provoquent un sentiment d'irréalité proche du rêve éveillé et nous baignent instantanément dans une ambiance feutrée.
Avec L'entaille, Antoine Maillard signe un récit initiatique contemporain où les adolescents quittent subitement le monde préservé de l'enfance pour affronter un univers d'adulte, inconnu et menaçant. Ainsi, l'intrigue centrale met en exergue les états d'âme juvéniles des personnages, leurs doutes et leur mal-être quotidien, dans des moments introspectifs qui renferment une forme de poésie.
Nous sommes au début des années 1930, dans une petite ville de la côte ouest du Japon.
NonNonBâ, une vieille dame misérable, mystique et superstitieuse, est accueillie dans la famille du jeune Shigeru. Encyclopédie vivante des croyances et légendes populaires de la région, elle abreuve l'imaginaire déjà débordant du petit garçon d'histoires de monstres et de fantômes. Les yôkaï, ces créatures surnaturelles qui peuplent l'univers des hommes, deviennent vite les compagnons de rêverie quotidiens de Shigeru, qui trouve en eux d'excellents guides pour visiter les mondes invisibles.
Si ces voyages l'aident à fuir et à comprendre les émotions parfois compliquées qui naissent dans son coeur, ils embrouillent aussi considérablement sa vie quotidienne: il est déjà bien assez difficile de savoir à qui se fier sans que des monstres bizarres et malicieux viennent s'en mêler... En conjuguant le ton de la chronique et les ambiances fantastiques qui ont fait sa réputation depuis Kitaro le repoussant (également publié aux éditions Cornélius), Shigeru Mizuki livre avec NonNonBô une oeuvre aussi touchante qu'exigeante.
S'inspirant des jours heureux de son enfance, il écrit la partition universelle du temps qui passe, du bonheur éphémère et de l'urgence de vivre, laissant à ses lecteurs le souvenir impérissable des rivages de Sakai-minato et réveillant pour chacun d'eux les accords précieux des nostalgies les plus intimes.
Shigeru Mizuki est né en mars 1922 à Sakai-minato, petite ville côtière du sud-ouest du Japon. Il connaît dans cette province tranquille une enfance libre et heureuse, période faste dont il s'inspirera à de nombreuses reprises dans ses mangas. Très tôt, il montre des aptitudes étonnantes pour le dessin, talent encouragé sans réserve par ses parents. Il a à peine vingt ans lorsque la guerre du Pacifique vient interrompre ses espoirs de carrière.
Enrôlé dans l'armée impériale japonaise, il est envoyé dans la jungle de Nouvelle-Guinée, où il va vivre un véritable cauchemar: il contracte rapidement la malaria, assiste à la mort de ses camarades et perd le bras gauche dans un bombardement... Détenu sur place à la fin de la guerre, il se lie avec les membres d'une tribu locale, amitié qui le sauvera de la famine, de la maladie et de la folie. Ce n'est finalement qu'en 1957, après une vie déjà trop riche de souvenirs et de blessures, qu'il entame la carrière de mangaka qui a fait de lui l'un des plus grands raconteurs d'histoires de son pays.
Auteur singulier et généreux, il ne cesse d'explorer tout au long de son oeuvre les univers qui se cachent derrière notre monde pour mieux dire sa profonde compréhension de l'âme humaine, et communiquer à ses lecteurs l'empathie qu'il éprouve pour toutes les formes de vie. Après NonNonBâ et Opération Mort (Fauves du Meilleur Album et du Patrimoine en 2007 et 2009 au festival d'Angoulême), les éditions Cornélius présentent avec Vie de Mizuki un autre chef-d'oeuvre et une nouvelle facette de ce géant du manga.
Le succès sans commune mesure de la bande dessinée au Japon, son ancrage dans la société, sa forme unique et ses thèmes de prédilection, s'expliquent une fois placés en regard de l'Ere Showa (1926-1989). Les biographies des pionniers du manga, de Vie et Mizuki de Shigeru Mizuki à Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi, témoignent autant de l'explosion d'un art populaire que de cette période parmi les plus complexes de l'histoire du Japon.
La Vie de Mizuki rappelle qu'en un peu plus d'un siècle, cet archipel presque exclusivement constitué de villages de pêcheurs s'est mué en l'une des plus grandes puissances industrielles mondiales. Entre-temps, un élan de modernité et de nationalisme a emporté ses hommes vers la guerre, avant de rapatrier les survivants sur une terre occupée, en perte d'identité, en marche d'industrialisation forcée, démunie de son armée et de son besoin de produire de l'énergie.
Cette société qui n'aurait plus besoin de se défendre ni de se nourrir allait accoucher d'une forme d'expression naturellement enfantine, mais d'une richesse indéniable: le manga. Shigeru Mizuki, cet artiste qui a ressuscité le goût du folklore au Japon, incarne plus que quiconque cette édifiante réaction artistique face au poids de l'Histoire: celle d'un homme qui a perdu un bras au combat et rentre dans son pays pour donner vie à un courageux fantôme à qui l'on a volé un oeil.
Récit d'un destin hors du commun, témoignage unique sur la mutation d'un monde, Vie de Mizuki est une extraordinaire fresque romanesque qui embrasse un siècle de chaos et d'inventions.
Les yokaï sont ces êtres surnaturels qui habitent les coins d'ombre, les lieux oubliés ou les soupentes des maisons.
Ces fantômes, bienveillants ou hostiles, apparaissent à de rares occasions pour se coller au dos des gens, apporter la chance ou encore leur faire peur en lançant des haricots rouges sur le sol. Rares sont ceux qui les voient, encore plus rares sont ceux qui les connaissent.
Shigeru Mizuki n'est pas seulement celui qui a sauvé les yokaï de l'oubli lorsque le Japon, désireux de gagner sa place parmi les nations d'après-guerre, tournait le dos à ses légendes. Non, Shigeru Mizuki est tout simplement le plus grand chasseur de yokaï que le monde ait jamais connu. Il est celui qui les a débusqués jusque dans les campagnes les plus reculées, les recensant et les dessinant avec une exactitude parfois photographique. Son travail a suscité un intérêt nouveau pour ces légendes oubliées, qui s'est mué avec le temps en un véritable engouement populaire. Sans ses dessins, Totoro et les créatures magiques de Miyazaki n'aurait jamais vu le jour. De nombreuses études ont été fondées sur le travail de Mizuki et une chaire d'étude des yokaï a d'ailleurs été ouverte à l'université de Tokyo.
Ce livre recense d'incroyables dessins que Shigeru Mizuki a consacré aux yokaï et présente, en noir et blanc ou en couleur, chacun des monstres par son nom. Une préface restituera la dimension historique et culturelles des yokaï, et détaillera l'apport majeur de Shigeru Mizuki à la connaissance de ces êtres invisibles.
Jin-joo est une mauvaise fille. Elle fume, découche, nargue ses professeurs et cause du souci à ses parents. Son père, un petit patron, n'a que ses poings pour exprimer sa peur de la voir mal tourner. Alors il la passe à tabac, régulièrement.
La Corée subit la crise économique de la fin des années 1990 et la violence demeure la forme la plus simple et naturelle du contact humain. Au collège, les professeurs cognent les élèves et les anciennes rossent les nouvelles.
Dans l'indifférence générale, on meurt sous les coups d'un père ou d'un petit copain. L'adolescente trouve un peu de chaleur humaine auprès de Jung-ae, la fille d'un petit voyou, encore plus paumée qu'elle. Une fugue avortée les mène jusqu'au quartier des bars à hôtesses. Si la famille de Jin-joo la récupère, la rue avale Jung-ae, qui n'aura pas de seconde chance.
Le ton âpre et désespéré d'Ancco évoque le Céline de Mort à crédit. Vivre, c'est expier. Un instant de bonheur, d'insouciance, se paie comptant. Les hommes mènent des existences lourdes, tristes et solitaires, qui se révèlent vides de sens. « Dès qu'on met le pied dehors , constate Jin-joo, c'est plein de choses incompréhensibles. » Après Aujourd'hui n'existe pas, publié par Cornélius en 2009, Mauvaises filles confirme le talent unique d'Ancco.
La construction multiplie les allers-retours entre le passé et le présent. Servie par un trait sec et précis, un noir et blanc désolé, elle rend inexorable et bouleversant ce voyage au bout de la nuit coréenne.
Depuis le premier tome des aventures de Francis, les adeptes du Blaireau Farceur se sont multipliés comme des hamsters.
Dans ce troisième opus, notre ami est de retour dans la campagne, mais en chasse, cette fois. Une quête ingrate et passionnée.
Et toujours une nouvelle édition considérablement augmentée.
Les auteurs poursuivent leurs expériences sur les animaux : poussé à bout, éreinté par les multiples péripéties de son destin farceur, Francis le Blaireau a décidé de se suicider.
On lira ses difficultés à y parvenir et à mener une vie normale ensuite.
Encore une nouvelle édition considérablement augmentée.
Longtemps attendu et réclamé par les fans, le huitième tome des aventures de Francis, le blaireau farceur, arrive enfin! Mais pour ceux qui n'auraient pas encore la chance de le connaître, qui est cet animal et à quoi occupe-t-il son existence champêtre?
Francis, blaireau mâle de forte taille et de caractère impulsif, se promène dans la campagne. Parfois cherchant l'amour. Parfois sauvant le monde. De temps à autre, il veut mourir. Souvent, il rate sa vie où attrape des maladies. Ses différentes tribulations sont toutes réunies dans cette série instructive, qui a vu ses adeptes se multiplier comme des hamsters. Aujourd'hui, Francis revient et il a décidé de s'accorder des vacances bien méritées...
Déjà un classique, l'animal est né dans les pages de l'obscure Sbrödf Review. Son destin, forcément farceur, a rencontré très tôt celui de la collection Delphine. Et bien lui en a pris. Rassemblant aujourd'hui une véritable communauté de lecteurs qui suivent avec délectations toutes ses cocasses mésaventures (aussi bien entre les pages de Fluide Glaciale que dans les albums publiés chez Cornélius) Francis est devenu un personnage inévitable des campagnes françaises, bondissant depuis plus de 20 ans à travers champs alors que ces auteurs poursuivent leurs expériences sur les animaux...
Dans ce nouvel opus, Francis a décidé de prendre du bon temps et de se dorer un peu la pilule, mais rien n'est simple avec Francis et ce qui devait être un moment de détente risque fortement de tourner au carnage....
Le mangaka évoque les difficultés du métier à travers sa propre expérience. Il raconte ses années de galère pour percer dans le milieu, son retour en Nouvelle-Guinée et la nostalgie du bonheur dans un Japon en pleine expansion économique et culturelle.
Le marais (1965-1966), Les fleurs rouges (1967-1968), La vis (1968-1972) puis La jeunesse de Yoshio (1973- 1974) nous montraient Yoshiharu Tsuge atteindre progressivement la pleine puissance de son art et fonder le watakushi manga (la bande dessinée du moi). Après la publication de Neiji Shiki (La vis) en 1968, Tsuge poursuit son exploration de l'autofiction, incluant désormais une part autobiographique et onirique dans son travail. Après son passage dans la revue Garo, Tsuge ne cesse de se réinventer et commence à tisser la suite de sa carrière bien que ses publications se fassent de plus en plus rares.
Publiés dans différents magazines entre 1975 et 1981, les douze nouvelles qui composent ce volume s'inscrivent dans une période sombre de la vie de Yoshiharu Tsuge.
Alors qu'il devient père, Tsuge s'éloigne du manga pour se concentrer sur sa vie familiale. L'emprise du réel se fait de plus en plus suffocante, et les angoisses qui le hantent depuis de nombreuses années se cristallisent à travers ses cauchemars, qui deviennent le sujet de plusieurs histoires.
Il poursuit ainsi le procédé mis en pratique dans La vis et utilise la bande dessinée comme un exutoire de son inconscient tourmenté. Au milieu de tous ces rêves inquiétants, certaines histoires plus apaisées viennent contrebalancer la noirceur. Tsuge s'inspire de sa vie de couple et de ses voyages pour apporter un ton plus léger à ses récits, dans lequel le narrateur est cette fois accompagné.
Ce cinquième volume de l'anthologie est marqué par les sentiments contrastés que Tsuge ressent durant cette période de sa vie. Oscillant entre désespoir et moments d'accalmie, les histoires qu'il écrit sont le reflet de ses émotions tortueuses.
Une véritable ode à la nature : Francis, blaireau mâle de forte taille et de caractère impulsif, vit la nuit et se promène dans la campagne dans la journée.
Les conséquences de cet acte inconsidéré sont toutes présentes dans ce livre instructif.
Nouvelle édition considérablement augmentée.
Après avoir été malade, raté sa vie, sauvé le monde et cherché l'amour, Francis revient pour affronter une nouvelle épreuve : la paternité !
Longtemps attendu et réclamé par les fans, le tome 7 des aventures de Francis, le blaireau farceur, arrive enfin ! Mais pour ceux qui n'auraient pas encore la chance de le connaître, qui est cet animal et à quoi occupe-t-il son existence champêtre ?
Francis, blaireau mâle de forte taille et de caractère impulsif, se promène dans la campagne. Parfois cherchant l'amour. Parfois sauvant le monde. De temps à autre, il veut mourir. Souvent, il rate sa vie où attrape des maladies. Ses différentes tribu- lations sont toutes réunies dans cette série instructive, qui a vu ses adeptes se multi- plier comme des hamsters. Aujourd'hui, Francis revient pour affronter une nouvelle facette de son existence : la paternité.
Déjà un classique, l'animal est né dans les pages de l'obscure Sbrödj Review.
Son destin, forcément farceur, a rencontré très tôt celui de la collection Delphine. Et bien lui en a pris. Rassemblant aujourd'hui une véritable communauté de lecteurs qui suivent avec délectations toutes ses cocasses mésaventures (aussi bien entre les pages de Fluide Glacial que dans les albums publiés chez Cornélius) Francis est de- venu un personnage inévitable des campagnes françaises, bondissant depuis plus de 20 ans à travers champs alors que ses auteurs poursuivent leurs expériences sur les animaux...
Un jeune homme dans son lit, un pansement sur la tempe. Doug se lève et suit son chat noir, Inky - pourtant mort depuis des années - et se laisse entraîner de l'autre côté du miroir. Que s'est-il passé ? Une soirée punk, un concert, William Burroughs, une jeune femme nommée Sarah, des polaroïds, un amant jaloux... À grand renfort d'ellipses, Charles Burns fait voler en éclats nos repères spatio-temporels, multiplie les allers-retours entre rêve et réalité, nous place un foulard sur les yeux, nous fait tourner sur nous-mêmes et nous laisse seuls dans un pays inconnu, juste après le déluge. Inspiré par des influences aussi diverses que Hergé ou Burroughs, Toxic est un rêve sombre et fascinant.
Fongor, c'est La vache qui rit puissance dix. Il digère à la manière des poissons de lac et d'eau stagnante, c'està- dire qu'il ne fait pas la différence entre les lipides et les protides. C'est cette simple caractéristique qui explique l'hyperpigmentation de sa peau et la présence de sa membrane épithéliale qui lui sert pour appuyer sur le ventre des autres mammifères.
Enfantés dans l'intelligence artificielle et la terreur, les mutants Thémistecle (Chris et Félicien) sont les tout premiers jumeaux gréco-romains potelés et meurtriers apparus depuis Rémus et Romulus. Les mutants Thémistecle peuvent résister aux tremblements de terre et sont porteurs d'un grand nombre de germes microbiens préhominiens concentrés dans les petites plaies qui se développent en permanence entre leurs doigts. Ils pratiquent les sports de contact, l'alcool, la viande et se déplacent de façon brutale.
Quelque soit l'endroit où la vilénie opère, Fongor et les deux Thémistecle débusquent les agissements surnaturels et détériorent les corps de leurs adversaires sortis tout droit des abysses du méphitique.
Dans ce nouvel opus, Fongor et les frères Thémistecle sont confrontés à des séismes à répétition qui endommagent les festivals de fromages et qui gâchent les pizzas. Heureusement que Fongor possède son fameux classeur qui lui permet de localiser le point d'origine du drame...
Temps présent et adversité sont les angles immuables des histoires d'Adrian Tomine, qui laissent le sentiment que rien ne changera jamais. Depuis ses débuts, cet Américain d'origine japonaise décline dans sa série Optic Nerve des parenthèses de vie contemporaine, traversées par des hommes et des femmes harassés par leur quotidien. La manière soudaine et presque arbitraire dont s'ouvrent et s'interrompent ces chroniques laisse le plus souvent abasourdi, et concourt à identifier son style si particulier. Car si Tomine décrit des personnages dont la vie se sclérose peu à peu autour d'un quotidien banal, il ne cesse de réinventer son style, faisant évoluer sa grammaire à l'aide d'expériences formelles, comme pour conjurer par l'art un destin qu'il semble redouter pour lui-même. Ce nouveau recueil confirme ainsi son intérêt récent pour la couleur, accompagnant une forme de nostalgie pour la bande dessinée classique et un goût pour les constructions graphiques. Le lecteur passe ainsi d'un récit introspectif à la première personne, illustré par des cartes postales dépeuplées, à un gaufrier extrêmement dense de cinq bandes dans lequel la répétition devient rythmique. Avec l'âge, le cynisme des débuts a cédé la place à une forme d'empathie empreinte d'ironie. Adrian Tomine rejoint ici son influence majeure, Yoshihiro Tatsumi, ce maître de la bande dessinée japonaise qui lui a permis de conjuguer ses deux cultures, le Japon et L'Amérique, le Gekiga et le Comics underground, pour se forger un langage à son image. Un langage qui, loin des effets faciles, déploit les moyens de la bande dessinée pour se consacrer à la peinture la plus juste possible de la condition humaine moderne.
Artiste faisant l'objet d'un véritable culte, Toshio Saeki est l'inventeur d'un style unique, dans un domaine qu'il a littéralement transformé l'ero guro - qu'on peut traduire par « scènes érotico-grotesques ». Ce genre trouve sa source aux origines du dessin japonais classique, nourrissant de monstres et de scènes cauchemardesques de nombreuses estampes à travers le temps. Saeki, en déclinant les motifs traditionnels et en les mêlant à ses propres obsessions, a fait écho aux angoisses de sa génération, la jeunesse des années 1970, qui a cru pouvoir s'affranchir des conventions d'une société paternaliste avant de connaître la désillusion.
La société humaine, sa violence et ses tares sont le support de scènes dont la cruauté provoque l'effroi ou le rire, poussant dans ses retranchements la mécanique du fantasme. Le sado-masochisme ne recouvre ici aucune réalité, puisant dans l'onirisme une forme de poésie macabre. Stimulé par la censure qui sévit au Japon - il est prohibé de montrer les sexes - Saeki fait de l'interdit une contrainte artistique et déporte vers l'absurde et l'onirisme le plus vieux sujet du monde.
Son style précis, qui rappelle aux Européens la fameuse «ligne claire» d'Hergé et Joost Swarte, reste étrange pour le lecteur japonais comme pour le lecture occidental, chacun trouvant dans ce trait à la simplicité parfaite une forme d'exotisme inédit. Cette perception ne s'explique que par l'originalité absolue d'un imagier extravagant, sorti tout droit de la plume d'un artiste qui a consacré sa vie à tracer au plus prêt «ce qui se déroule dans sa tête lorsqu'il ferme les yeux».
Une ode à la nature : Francis, blaireau mâle de forte taille et de caractère impulsif, se promène dans la campagne. Les conséquences de cet acte inconsidéré sont toutes présentes dans ce livre instructif. Déjà un classique, l'animal est né dans les pages de l'obscure Sbrödj Review. Son destin, forcément farceur, a rencontré très tôt celui de la collection Delphine. Et bien lui en a pris. Dix ans plus tard, le succès est immédiat : les adeptes de Francis se sont multipliés comme des hamsters. Et les auteurs poursuivent leurs expériences sur les animaux...
Dans ce cinquième volume de ses aventures, Francis, fidèle à sa légende, s'obstine à rater sa vie, et dans les grandes largeurs, de quarante façons différentes...
Doug, le héros de Toxic, se confesse sur son passé à une jeune femme. Il se bat pour se souvenir du mystérieux incident qui a changé sa vie et qui pourrait bien être lié à son ancienne petite amie, Sarah, et à l'ex de celle-ci. Doug va chercher des réponses dans un monde alternatif cauchemardesque, où il est un petit employé de la Ruche.
Après Toxic et La Ruche, Charles Burns signe avec Ca/averos la fin de sa trilogie chez Cornélius ...
Quelques années après l'épisode de La Ruche, nous retrouvons Doug, jeune adulte grassouillet et un peu perdu dans la vie. Poursuivi par des fantômes et des regrets, il continue de dérouler jusqu'au bout le fil de sa vie passée et décide de retrouver son amour d'adolescent: Sarah ...
Calaveros boude avec maestria toutes les intrigues déroulées au fil des précédents tomes. De quoi s'alimentent réellement les peurs de Doug? Qu'a-t-il cherché à fuir?
Comment son alter ego "tintinesque" se sortira-t-il de cet étrange pays peuplé de lézards au service de la Ruche?
Explorant dans ce tryptique sa fascination pour Hergé et William Burroughs, Charles Burns, pour sa première bande dessinée en couleurs, réussit un objet obscur et limpide à la fois, perdant le lecteur dans les méandres d'un univers instable et fascinant éclairé par la rigueur graphique qu'on avait pu apprécier dans Black Hole, et sublimé par un découpage et un art de la mise en abyme à leur paroxysme.