De la mort de Louis XIV à la convocation des États généraux, la France des Lumières est un laboratoire où des administrateurs dévoués au roi comme à l'État inaugurent des chantiers aussi ambitieux que risqués, de la refonte fiscale à la réorganisation de la monarchie administrative. Les gens de lettres animent l'espace public et bousculent les frontières du secret du roi. Jamais un appareil d'État n'a reçu autant de projets de réformes. Pourtant, lorsqu'il s'agit de passer de l'expérimentation à l'application, roi et ministres hésitent et souvent trébuchent.Louis XV rompt avec la représentation traditionnelle du souverain de guerre pour se poser en roi de paix et en roi citoyen, serviteur du bien public, rendant perceptible le processus de désacralisation de l'autorité monarchique. Mais la croissance économique inégalement répartie met la société sous tension. Hors des frontières nationales, l'heure est aux expériences audacieuses, de l'alliance franco-anglaise défendue par le régent Philippe d'Orléans à l'intervention armée aux côtés des Insurgents américains en lutte contre leur souverain.
Informateur secret de Pie VI sous la Révolution, Louis-Siffrein-Joseph de Salamon (1750-1829), fut l'un des rares survivants des massacres de septembre 1792.Au récit du tableau d'horreur de la prison de l'Abbaye succède celui de ses neuf mois d'errance, vêtu d'une carmagnole, dans les fourrés du bois de Boulogne et dans le village de Passy pour échapper à la condamnation à mort par contumace. De nouveau sous le coup d'une accusation capitale à la fin de 1796, le voilà écroué pendant quatre-vingt-quatorze jours, à la Grande Force d'abord, puis à la Conciergerie, avant de comparaître par deux fois devant ses juges.Témoignage vivant, pittoresque et mouvementé, ces onze années de l'existence de l'abbé de Salamon se dévorent comme le plus trépidant des romans. «L'espion qui venait de la foi» : le titre siérait comme un gant à ses Mémoires.
Il a fallu à la Révolution trois jours et deux nuits, du 14 au 16 octobre 1793, pour juger et exécuter Marie-Antoinette. Elle était condamnée d'avance. C'est bien sûr le procès d'une reine, c'est aussi celui d'une étrangère, c'est enfi n celui d'une femme et c'est celui d'une mère.
Haut administrateur, serviteur de l'État passé maître dans le maniement des affaires publiques, Jacques-Claude Beugnot (1761-1835) dut à sa longue carrière d'accompagner l'histoire du développement de l'administration française - il servit Napoléon avant de se rallier aux Bourbons une fois l'édifice impérial écroulé - et marqua ses contemporains par ses railleries piquantes.Lors de la première parution des Mémoires, Charles-Augustin Sainte-Beuve ne s'y trompa pas:«Les Mémoires de M. Beugnot sont une leçon. L'esprit a de ces retours offensifs:comptez avec l'esprit, puissants du jour! Tel homme de valeur que vous traitez sous jambe, dont vous croyez pouvoir user et abuser, et que vous passez aux gages quand vous le jugez inutile, aura sa revanche un jour, bien tard. Il sortira de sa plume quelque chose qui vous montrera tels que vous étiez et vous classera».
Île d'Aix, 1767. L'expédition de Bougainville s'apprête à faire le tour du globe et, au nom du roi de France, en ramener tous les savoirs, toutes les merveilles... Flanqué de son valet, le botaniste et libertin Philibert Commerson monte à bord de L'Étoile. Mais il faudra atteinte Tahiti avant que l'équipage ne commence à soupçonner l'identité de ce « valet » aux joues tâchées de son...
Quel destin que celui de Jeanne Barret ! Petite bergère du Morvan, elle n'apprendra à lire, puis à herboriser qu'au contact de son amant et mentor, Commerson. Embarquée clandestinement à ses côtés, les femmes étant interdites à bord, c'est sans état d'âmes qu'elle se jette au-devant de l'aventure. Comme un homme. Mieux : comme une femme !
Le 1er novembre 1700 s'éteint le roi Charles II d'Espagne. À la surprise générale, il désigne comme héritier le jeune Philippe, petit-fils de Louis XIV. Cette décision va entraîner un conflit à l'échelle mondiale et redessiner, pour deux siècles, l'équilibre des pouvoirs en Europe.
La guerre de Succession d'Espagne (1701-1714) voit la France subir une série de désastres sans précédent, avant de réaliser un ultime sursaut qui permet à Louis XIV d'arracher une paix de compromis. L'issue du conflit consacre l'affirmation de la Grande-Bretagne et de la Maison d'Autriche, tandis que l'Écosse ou la Catalogne perdent leur autonomie.
Clément Oury étudie la direction des opérations depuis Versailles ou La Haye, comme le quotidien des soldats et des populations, et propose ainsi la première synthèse en français sur ce confl it majeur de l'histoire européenne.
Au printemps 1764, une jeune bergère est attaquée par une « bête ». Elle ne doit son salut qu'à ses boeufs qui chassent l'agresseur. S'ouvrent trois années de terreur pour l'une des régions les plus reculées d'Europe : le Gévaudan.
Malgré la venue de chasseurs royaux et des battues incessantes, les victimes sont légion, tuées ou mutilées. Sur la Bête bien des hypothèses surgissent, jetant sur les événements plus d'obscurité que de lumière. Un mythe s'est élaboré, traversant les frontières du temps et de l'espace. Décryptant les réalités dont la Bête du Gévaudan est le révélateur, Jean-Marc Moriceau retrace l'histoire du drame et l'empreinte qu'il a laissée en un récit extrêmement vivant.
L'équipée de Varennes ne figure pas dans le canon des 'journées révolutionnaires' : ni foules anonymes en fureur, ni sang versé, ni exploits individuels, ni vaincus. À Varennes, un roi s'en est venu, un roi s'en est allé, avant de retrouver une capitale sans voix et une Assemblée nationale appliquée à gommer la portée de l'événement. Autant dire une journée blanche.
Et pourtant, ce voyage apparemment sans conséquence fait basculer l'histoire révolutionnaire : il éteint dans les esprits et les coeurs l'image paternelle longtemps incarnée par Louis XVI ; met en scène le divorce entre la royauté et la nation ; ouvre inopinément un espace inédit à l'idée républicaine ; et, pour finir, projette la Révolution française dans l'inconnu.
Le livre de Mona Ozouf reconstitue cette histoire à la fois énigmatique et rebattue. Il en éclaire les zones obscures, pénètre les intentions des acteurs et observe le démenti que leur inflige la fatalité ; avant d'interroger les lendemains politiques d'une crise qui contraint les révolutionnaires à 'réviser' la Révolution. Réapparaissent ainsi des questions aujourd'hui encore irrésolues : y a-t-il une politique distincte du roi et de la reine? Peut-on faire de Varennes l'origine de la Terreur? Quelle figure de république voit-on se dessiner dans le chaos des passions du jour?
Ce moment tourmenté, écrit l'auteur, ouvre une vraie fracture dans l'histoire de France. Il allonge déjà sur le théâtre national l'ombre tragique de l'échafaud. Dix-huit mois avant la mort de Louis XVI, Varennes consomme l'extinction de la royauté.
Pour le peuple de Paris la rue est, au XVIII? siècle, un espace privilégié. Elle investit l'espace urbain tout entier d'une sociabilité multiforme et souvent agressive, elle envahit l'espace privé : l'atelier, le logement. Dans la rue, le travail, l'amour, la discussion, l'attroupement, le spectacle, la mort même. À travers les agendas du guet, les procès-verbaux et les rapports des commissaires de police, les récits des voyageurs étrangers et ceux des observateurs parisiens, Arlette Farge restitue le monde sonore, coloré, odorant du Paris populaire. Mais la rue, sa violence anonyme, son opacité font peur aussi : on entreprendra de régler et d'ouvrir l'espace urbain pour le contrôler mieux. Viendra le temps où le peuple descendra dans la rue où il aura cessé de vivre.
Les idées reçues ont le cuir dur : la lettre de cachet, sous l'Ancien Régime, passe aujourd'hui encore pour l'exemple même du bon plaisir royal servant à enfermer nobles infidèles ou grands vassaux désobligeants. Symbole de l'arbitraire, elle serait un acte public cherchant à éliminer l'ennemi du pouvoir sans autre forme de procès - au point que l'histoire a fait d'elle le symbole de la prise de la Bastille.
Mais de la mémoire se sont enfuies les innombrables lettres servant à tout autre chose qu'aux affaires d'État. Il ya celles pour affaire de police, instrument le plus simple pour enfermer discrètement et secrètement la forte tête qui crée du désordre dans l'atelier, mais aussi les prostituées, les voleurs à la tire, les filous ou les comédiens - tout un monde de migrants, mouvant, fugitif.
Plus encore, il y a les lettres de famille, lorsque le comportement d'un conjoint ou d'un fils paraît troubler l'ordre intime dont la tranquillité participe à l'ordre public.
Arlette Farge et Michel Foucault nous proposent une lecture différente des Archives de la Bastille : où l'on n'avait voulu voir que la colère du souverain, ils dévoilent les passions d'un menu peuple ; où l'on était obnubilé par l'ordre monarchique, ils discernent, entre parents et enfants, dans les disputes des ménages, la trame fine de la vie privée et le désordre des familles.
Édition revue en 2014
Comment saisir les vies oubliées, celles dont on ne sait rien ? Comment reconstituer au plus près l'atmosphère d'une époque, non pas à grands coups de pinceau, mais à partir des mille petits événements attrapés au plus près de la vie quotidienne, comme dans un tableau impressionniste ?
Arlette Farge offre ici ce qu'on appelle les « déchets » ou les « reliquats » du chercheur : ces bribes d'archives déclarées inclassables dans les inventaires, délaissées parce que hors des préoccupations présentes de l'historien. Ce sont des instantanés qui révèlent la vie sociale, affective et politique du siècle des Lumières. Prêtres, policiers, femmes, ouvriers, domestiques, artisans s'y bousculent.
De ces archives surgissent des images du corps au travail, de la peine, du soin, mais aussi des mouvements de révolte, des lettres d'amour, les mots du désir, de la violence ou de la compassion.
Le bruit de la vague, expliquait Leibnitz, résulte des milliards de gouttelettes qui la constituent ; Arlette Farge immerge son lecteur dans l'intimité de ces vies oubliées. Une nouvelle manière de faire de l'histoire.
Les savants sont partout dans le Paris des Lumières : académiciens ou curieux passionnés, austères pédagogues ou vulgarisateurs mondains... Jamais les expérimentations, les spectacles, les enseignements et les discussions scientifiques n'avaient suscité une telle passion. Paris, en ce XVIIIe siècle finissant, s'impose comme la « capitale des sciences ».
Du Quartier latin à la Chaussée d'Antin, de la barrière d'Enfer au boulevard du Temple, ce livre est une délicieuse invitation à découvrir ce Paris savant. D'amphithéâtres en salons, de laboratoires en cabinets de curiosités, le lecteur croise Buffon, Condorcet, Lavoisier ou encore Diderot, mais aussi tous les autres acteurs de cette grande aventure : mécènes, inventeurs, aventuriers ou artisans...
Bruno Belhoste est professeur d'histoire des sciences à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne.
Il est l'auteur de Cauchy, un mathématicien légitimiste au dix-neuvième siècle ; Augustin-Louis Cauchy, a biography ; Les Sciences dans l'enseignement secondaire français (1789-1914) et La Formation d'une technocratie. L'École polytechnique et ses élèves de la Révolution au Second Empire.
Prix littéraire du Cercle des Amis de Montesquieu et de la ville de La Brède (2012).
Dans quelles archives faut-il débusquer les rythmes quotidiens d'une société, avec ses tragédies et ses ferveurs collectives ou intimes ? Comment rendre compte de ce qui détermine hommes et femmes, patrons et ouvriers, princes et commis, à se lier, à se fâcher, à s'organiser ou à se révolter ? C'est à ces questions que répond Arlette Farge en prenant l'exemple de la société parisienne au xviiie siècle. Au travers des archives judiciaires, dans ce livre exubérant et grave, elle explore et met en lumière la portée symbolique du fait divers. On y rencontrera une vaste population d'artisans, de femmes séduites ou abandonnées, de revendeurs et de filous, d'enfants de la rue, de contremaîtres, de couples querelleurs aux prises avec tous les instants d'une « vie fragile ».
Les reines qui ont fait la France.
Marie-Antoinette est la reine des superlatifs : à la fois la plus célèbre et la plus décriée, elle n'a cessé de déchaîner les passions. Loin des partis pris qui ont si souvent déformé son image, Philippe Delorme est remonté aux sources pour nous présenter un tout autre portrait, à la lumière de la vérité historique la plus incontestable.
Jouet d'intrigues et d'enjeux politiques et diplomatiques complexes, mariée trop jeune à un prince introverti, l'épouse de Louis XVI n'a pas pu montrer son vrai visage à la cour de Versailles. Pourtant, malgré ses caprices et ses folies, elle reste une épouse fidèle, une mère attentive et une femme douée d'une fermeté de caractère exemplaire jusque sur l'échafaud.
Une histoire de France au féminin, intime, vivante et pittoresque.
Qu'elle est donc jeune, belle et enjouée l'archiduchesse d'Autriche, Maria-Antonia de Habsbourg-Lorraine, qui arrive à Versailles en 1770 épouser Louis-Auguste, duc de Berry, dauphin de France et devenir, au décès de Louis XV en 1774, reine de la plus brillante monarchie d'Europe ! Ravie d'échapper aux pesanteurs de Vienne et au regard soupçonneux de sa mère, l'impératrice Marie- Thérèse, la jeune fi lle ensorcelle la cour de Versailles. Amoureuse de la mode, coquette autant que séductrice, passionnée par les arts et les jeux, elle fascine par son élégance et son audace, qui fait jaser autant que ses coiffures sont hautes ! Au XVIIIe siècle naît un «style Versailles», qui est un style Marie-Antoinette aux yeux de toute l'Europe. Pourtant, elle n'oublie pas de jouer son rôle de reine, se rend dans les hôpitaux auprès des pauvres - et va même jusqu'à adopter et soigner l'éducation de plusieurs d'entre eux.
Son goût pour les bijoux a crédibilisé le piège organisé par une aventurière au nom de l'un de ses soupirants, le cardinal de Rohan et, lorsque le scandale de l'affaire dite du « collier de la reine » éclate, elle trouve refuge dans son cher petit Trianon, ouvert aux seuls intimes, met des rubans au cou de moutons bien propres venus de la Bergerie royale de Rambouillet, lit Rousseau et joue du Beaumarchais au théâtre sans se soucier des remontrances de son royal mari ni mesurer la puissance des critiques formulées dans ces oeuvres. Chassée de Versailles en octobre 1789, elle devient grave aux Tuileries, tente d'arrêter le cours de l'Histoire en aidant la contre-révolution avant d'être recluse au Temple et guillotinée le 16 octobre 1793.
Le XVIIIe siècle s'ouvre avec Le Pèlerinage à l'île de Cythère d'Antoine Watteau et s'achève avec La Mort de Marat de Jacques-Louis David : la naissance de la fête galante versus l'agonie d'un tribun révolutionnaire. Deux chefs-d'oeuvre qui illustrent la légèreté et la gravité d'un siècle, deux facettes antagonistes mais complémentaires d'une même époque. Les dix oeuvres ici racontées sont ainsi autant de jalons pour saisir ce siècle passionnant dans ses innombrables contradictions : elles correspondent toutes à un moment du XVIIIe et disent son histoire artistique, culturelle, philosophique, sociale, économique et, bien évidemment, politique. Autant de chefs-d'oeuvre qui ont forgé une société nouvelle, éprise de liberté, d'indépendance et de transgressions, au fil d'un siècle qui, sous la plume sensible de Cécile Berly, oscille sans cesse entre une légèreté savamment entretenue et une gravité qui confine au drame.
Initialement destiné à Madame du Barry, l'une des dernières favorites de Louis XV, le célèbre collier de diamants ne parvient pas à sa destinataire. Le roi meurt avant la fin de sa réalisation.
Dépités, les joailliers mettent en vente le bijou d'exception, composé de près de 650 diamants et pesant 2 800 carats.
Le 28 décembre 1784, Madame de La Motte, qui se présente comme une amie de la nouvelle reine Marie-Antoinette, se montre intéressée. Elle affirme aux joailliers qu'elle va intercéder auprès de sa maîtresse pour la convaincre d'acheter le bijou. Elle devra toutefois passer par un prête-nom.
En quête de fonds pour mener ses guerres, le pouvoir royal ne peut se permettre de se porter officiellement acquéreur.
D'autant que Marie-Antoinette a refusé l'achat du collier deux ans auparavant.
C'est le début de l'Affaire du collier. Restant au plus près des faits historiques, l'auteur défend la thèse selon laquelle Madame de la Motte aurait abusé du Cardinal de Rohan, Grand aumônier de France en disgrâce auprès de Marie-Antoinette et qui a accepté de jouer les prête-noms.
Comment celle que son beau-père Louis XV avait affectueusement surnommée «la petite rousse» à son arrivée à Versailles en 1770 est-elle devenue «la rousse royale» sur une caricature diffusée en juin 1791 (fuite à Varennes) ? Est-ce en raison de moeurs, réelles ou fantasmées, puisqu'on traite successivement de «catin», «tribade», «Messaline moderne» une femme qui ne pouvait être qu'une «Nouvelle Médicis», donc, à la fi n, une «créature de l'Enfer» ? La légende noire de Marie-Antoinette est fondée sur des raisons politiques, car elle personnifi ait un choix diplomatique honni, le traité d'alliance avec l'Autriche de Marie-Thérèse, signé lorsqu'elle n'avait qu'un an. Elle est donc une «garce autrichienne, fl éau et sangsue des Français», dont on observe sans se lasser tous les faits et gestes. La déroute fi nale de la monarchie et la Révolution française auraient-elles été causées par «Louis le traitre et sa putain», «Madame Défi cit», «Madame veto» ?
L'opinion publique a joué un rôle crucial dans le déclenchement et le déroulement de la Révolution française, les attaques contre la reine y occupant une place de choix. Elle-même n'est pas dupe puisque, dans une lettre à son frère Léopold, elle écrit qu'elle a perdu la guerre d'opinions qui lui est faite...
Actrice centrale de la croissance du royaume autant que des enjeux géopolitiques qui s'écrivent au XVIIIe siècle à l'échelle du monde, la marine est au coeur de cette synthèse unique réalisée par le grand spécialiste du sujet en France.
Marine royale et marine de commerce françaises ne furent sans doute jamais aussi fortes qu'en 1789. La France maritime, et particulièrement la France des ports, est alors le moteur de la croissance du royaume. Or, à la suite des traités d'Utrecht (1713), le pays a perdu une partie de son empire colonial. En échange d'une paix sur mer de près de trente ans, le Régent puis le cardinal de Fleury ont sacrifié la marine de guerre. Directement victime des choix budgétaires et d'une politique continentale calamiteuse, elle s'effondre sous Louis XV. Par la victoire de la Chesapeake, cette marine donne pourtant leur indépendance aux États-Unis d'Amérique et permet ainsi un nouvel ordre européen.
Par-delà le rôle indiscutable de grands ministres tels Maurepas, les Choiseul, Sartine ou Castries, Patrick Villiers restitue un siècle d'histoire d'une marine de guerre française encore trop méconnue. Il dresse le portrait de ces hommes et de leurs vaisseaux, de leurs combats et de leurs engagements, autant que de l'incompréhension dont ils firent l'objet de la part d'une société de cour tournée bien plus vers la terre que vers la mer.
Le second volet de cette Chronique de la Cour et de la Ville commence le 5 janvier 1757, lorsque Louis XV échappe à un attentat. Il s'achève le 6 octobre 1789, quand le peuple parisien marche sur Versailles et contraint Louis XVI et Marie-Antoinette à s'installer dans la capitale.
Entre ces deux dates, le monde a changé. La Ville l'emporte sur la Cour qui l'a trop longtemps ignorée. Alors que Versailles n'est plus que le sanctuaire de la monarchie et le foyer des intrigues, la société parisienne fermente jusqu'à l'implosion. Voltaire, Rousseau et Diderot achèvent leur oeuvre ; les salons se politisent ; Beaumarchais et Mirabeau dardent leurs flèches contre le régime. Paris se modernise ; les artistes français sont demandés dans toute l'Europe et les premières montgolfières prennent leur envol.
« [...] une fois ou deux je demandai à ce geôlier un peu d'eau chaude pour me laver. «Cela n'a pas le sens commun, m'avait-il répondu, rien ne peut vous sauver des mains du bourreau, et comme elles sont fort sales, vous n'avez pas besoin de vous laver». » Témoins privilégiés de la Révolution à Paris, toutes deux prisonnières ayant survécu à la Terreur, Louise-Emmanuelle de Châtillon, princesse de Tarente (1763-1814) et Grace Dalrymple Elliott (1758?-1823) fréquentèrent deux courants distincts de la noblesse française. La première, tout entière consacrée à sa charge de dame d'honneur de Marie-Antoinette, évolua dans une société de cour farouchement anti-orléaniste. La seconde, Écossaise et proche amie du duc d'Orléans, côtoya la faction de ceux qu'unissait une commune hostilité au régime et à la cour. À la fois complémentaires et d'une grande valeur documentaire, leurs témoignages saisissent par le climat incessant de peur, de flambées de violence, de menaces et de mesures expéditives dont ils se font l'écho.
Comment expliquer à un enfant ce formidable bouleversement que fut la Révolution française ?
Ce petit livre est tout à la fois une synthèse et une approche profonde de dix années cruciales pour l'avenir de la France (1789-1799), écrite par un des plus grands spécialistes de la période qui répond aux questions de sa petite-fille : qu'est-ce qui a conduit à la Révolution ? Qu'est-ce qu'un sans-culotte ? Pourquoi la Terreur ?...
L'ouvrage éclaire les grandes phases et les grands moments de la Révolution française et permettra, aux enfants comme aux adultes, de s'y retrouver dans ce labyrinthe si riche, mais parfois complexe.
Un vaste panorama qui englobe le roi comme le royaume et présente le plus long règne de l'histoire de France (1643-1715) sous tous ses aspects : le gouvernement, la cour, la société, l'économie, la religion, la diplomatie et la guerre, les arts et les lettres.
Pour réussir ce tour de force, Jean-Christian Petitfils s'est entouré des meilleurs historiens actuels du Grand Siècle.
En fondant les pépinières Baumann vers 1735 à Bollwiller, Jean Baumann révolutionne les pratiques arboricoles d'alors en produisant des arbres fruitiers dans un objectif mercantile. L'activité se développe rapidement et s'oriente vers l'horticulture ornementale et connaît son heure de gloire au XIXe siècle.
Le succès extraordinaire de cette entreprise repose sur sa capacité à s'approvisionner et à reproduire des plantes rares et prisées : camélia, séquoia géant, sophora pleureur... La pépinière se charge elle-même de leur commercialisation, sur un marché en expansion et en constante mutation. Ainsi, ces plantes participent à la propagation d'un goût nouveau : celui pour la végétation exotique, propice à l'évasion par la rêverie. La production horticole est complétée par le travail de « dessin de jardins », diffusant notamment en Alsace et en Suisse les jardins pittoresques.
L'étude de cet établissement pionnier éclaire un angle mort de la recherche historique à savoir l'histoire de l'horticulture. Elle met en avant l'importance de cette nouvelle activité économique et renseigne sur la conception des grands jardins européens du XIXe siècle.