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Philippe Rey
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Douze nouvelles audacieuses et cruelles par la maîtresse du genre.
Une adolescente est tourmentée par sa soeur jumelle, qui grandit sous la forme d'une excroissance crânienne et s'efforce de prendre sa place ; une mère passe des heures à surveiller son nourrisson à travers un babyphone vidéo, jusqu'à l'obsession ; pourtant décidée à séduire son mentor, une brillante étudiante tombe en disgrâce ; des lycéennes créent un savant dispositif pour se venger de prédateurs sexuels ; une femme harcelée par un anonyme fait l'erreur de se confier à un ancien amant : les personnages de ce recueil de douze nouvelles, toutes plus troublantes et cruelles les unes que les autres, sont confrontés à une réalité mouvante et se livrent à de périlleuses manoeuvres.
Joyce Carol Oates explore avec un brio renouvelé la complexité du lien filial et la solitude des mères, les rapports de force entre les êtres et les aléas de la vie, ou imagine l'effondrement prochain de nos sociétés. Chacune de ces histoires agit comme un miroir grossissant de notre époque. En créant des mondes d'obsession érotique et d'idéalisme contrecarré, Joyce Carol Oates provoque, étonne, hypnotise. -
Un simple néon bleu aperçu dans la vitrine d'un café, et l'esprit de Juliana se trouve brusquement cloué par d'incessants flash-backs. Les lettres clignotantes et disloquées ramènent la jeune femme tout juste enceinte, et visiblement heureuse, à ces nombreux hommes, dans ces nombreux bars, qui ont jadis croisé sa route, tandis que l'alcool coulait à flots. Lui reviennent alors plus vives que jamais ces années d'étourdissements, de violences, d'abus.
Des neuf autres nouvelles qui composent ce recueil d'histoires mystérieuses à suspense, qui saurait désigner la plus perturbante ? Un entretien en huis-clos entre une enseignante et un étudiant, prétendu vétéran de guerre, enragé par les appréciations de la professeure ? Un écrivain en mal d'inspiration, soudainement pris d'une fascination morbide pour une fragile caissière de supermarché ? Un adolescent chargé de s'occuper d'une mère malade qui se réfugie dans les délices de la cigarette électronique ? Une femme d'âge mûr propulsée dans une affreuse réalité alternative, après un accident de voiture ? Ou une poupée-clone de Marilyn Monroe qui propose ses services à des hommes libidineux réunis pour une vente aux enchères ?
Entre folie, harcèlement, fuite et enfermement, Joyce Carol Oates met en scène une variété sombre et inquiétante de femmes prises au piège, physiquement ou symboliquement. Pour le plus grand effroi des lecteurs. -
Dans Un (autre) toi, la libraire de la petite bourgade de Yewville se prend à imaginer ce qu'aurait pu être sa vie si ses résultats médiocres à l'examen de fin d'études ne l'avaient pas contrainte à sacrifier ses rêves d'indépendance, alors qu'à quelques pas de là, de retour dans la demeure familiale, une écrivaine accomplie est troublée de se projeter en bibliothécaire mère de famille, celle qu'elle aurait pu devenir si elle n'était jamais partie. Dans Guide Bleu, un professeur retraité part à la recherche de son amour perdu et le retrouve sous la forme d'un oiseau. Dans La fente, une jeune fille décédée brutalement déambule parmi les vivants sans comprendre qu'elle n'est plus de leur monde.
Joyce Carol Oates explore brillamment les réalités alternatives auxquelles nous avons échappé. Amours déçues, espérances trompées, regrets amers, autant de sentiments déclinés dans toute leur noirceur, et que l'autrice prend plaisir à manipuler. Saisissantes, incisives, les quinze nouvelles de ce recueil bousculent les destinées de leurs personnages dont le principe de vie n'est autre que l'absolue liberté de la création en littérature - cela pour le plus grand délice des lecteurs. -
Dans ce recueil de quatre longs récits à suspense, Joyce Carol Oates se joue de secrets familiaux tous plus glaçants lesuns que les autres. Ainsi en va-t-il de Clare, adoptée à l'âge de deux ans, qui reçoit en héritage de parents inconnus une étrange propriété à Cardiff, dans le Maine. Malgré l'accueil chaleureux que lui réservent ses tantes excentriques, ce legs empoisonné contraint la jeune femme à exhumer le douloureux passé enfoui dans sa mémoire. Ainsi en va-t-il aussi de Mia, enfant solitaire qui apprivoise une chatte sauvage et qui, plutôt que d'en faire son animal de compagnie, trouvera en elle sa plus fervente protectrice face aux hommes violents de son entourage, jusqu'au point de non-retour. Ou d'Alyce, brillante étudiante qui, se découvrant enceinte de son chargé de travaux dirigés, laisse un éminent professeur passionné de Lewis Carroll la prendre sous son aile. Et enfin Elisabeth, nouvellement mariée, bien résolue à protéger le fils de son époux miraculeusement épargné au moment du suicide de sa mère, célèbre poétesse qui a également tué sa fille cadette. Hantée par la voix de celle qui l'a précédée dans la vieille demeure de Cape Cod, Elisabeth résistera-t-elle à sa fascination pour le garage interdit où mère et fille ont perdu la vie ?
En instillant dans chacun de ces récits un oppressant et délicieux sentiment de malaise, Joyce Carol Oates brouille avec brio les frontières entre rêve et réalité, semant le doute dans l'esprit du lecteur terrifié. -
Féministe et engagé, La vie secrète des bigotes explore avec malice et émotion la vie ou les rêves sexuels de femmes noires " bonnes chrétiennes " Caroletta ne sait que faire de sa relation avec sa meilleure amie, où le charnel a délicieusement pris le dessus depuis quelques années. Olivia, huit ans, raconte que " Dieu ", le pasteur qu'elle voit le dimanche à l'église, vient tous les lundis chez elle s'isoler avec sa mère dans sa chambre... Lyra se demande comment faire l'amour à un physicien, tandis que Jael, à quatorze ans, tombe sous le charme de l'épouse du pasteur.
Deesha Philyaw explore les désirs et les fantasmes secrets de femmes afro-américaines d'une paroisse, dans les années 1990. Elle séduit par la fraîcheur et l'humour avec lesquels elle aborde le droit au bonheur, la liberté de disposer de son corps, la pression familiale ou encore le poids des coutumes et du racisme.
Écrit dans une langue inventive, ce livre donne voix à quatre générations de femmes en quête d'un sursis dans leur vie de " bonnes chrétiennes ". Entre élans inavoués et inavouables, premiers émois et histoires interdites, comment rester loyales envers elles-mêmes ?
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Dans Les beaux jours, un artiste peintre joue un jeu dangereux auprès de l'une de ses jeunes modèles, tandis qu'au fur et à mesure s'érode la frontière entre érotisme et abus. Dans Fleuve Bleu, des amants conviennent d'un pacte d'honnêteté pour remédier à leurs vies moroses de femme et d'homme mariés, oubliant que la vérité peut être plus impitoyable que n'importe quel mensonge. Dans Big Burnt, un couple est pris au milieu d'une violente tempête sur un bateau de fortune, après un étrange et charmant tête-à-tête sur une île déserte, cependant que l'homme esquisse un cruel projet.
Dans chacune des huit autres nouvelles qui composent ce recueil, l'autrice met en scène des personnages en quête d'amour et de reconnaissance, destinés à méconnaître ceux qui leur sont les plus proches. Des drames de l'intime tapis dans l'ombre, qui n'attendent qu'une étincelle - ou une rencontre - pour se réveiller. Entre choix audacieux et intrigues en apparence ordinaires, Joyce Carol Oates manie une prose aiguisée et pose la seule question qui vaille : les liens que l'on noue, amoureux ou amicaux, sont-ils voués à se rompre tragiquement ?
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En neuf nouvelles, l'écrivain algérien Salah Badis dessine le portrait d'une ville - Alger et ses environs - et d'une galerie de personnages confrontés à la difficulté de vivre et d'aimer au quotidien dans une société sclérosée.
Personne ne veille sur la nuit à Alger. Ici, la nuit est assez grande pour veiller sur elle-même, la nuit est adulte.
Un couple qui rêve d'ouvrir une laverie automatique à Alger ; un musicien amateur et mythomane dont le père meurt soudainement en Turquie ; un étudiant qui s'interroge sur le bonheur potentiel de ses journées ; un éditeur pris entre le manuscrit d'un écrivain tunisien des années 1930 et les affres du terrorisme contemporain ; Madame qui tient un salon de coiffure ; Monsieur Krimou et sa Peugeot 505 ; une jeune femme dans sa ville sinistrée par un tremblement de terre ; une femme qui rêve obstinément d'un appartement ; un preneur de son ballotté entre ses désirs.
Ils et elles s'appellent Kahina, Amin, Maria, Imen, Madjid, Madame Djouzi, Selma... Ils sont plus ou moins jeunes, commerçants, étudiants, salariés, ils cherchent à faire la fête, à s'aimer, ils se remémorent leurs vies et scrutent les stigmates du temps qui passe. Ce sont autant de personnages en butte aux contraintes sociales et politiques qui ont marqué l'Algérie des années 1980 jusqu'à la fin des années 2010 : la sanglante décennie 1990, le règne déclinant du président Bouteflika, les prémices du mouvement de révolte citoyen de 2019.
Dans le décor décati et sublime de la ville d'Alger et de ses banlieues anonymes pleines de vie, Salah Badis exprime les sourdes contradictions de son pays par petites touches sensibles où se conjuguent conflits de générations, mal-être, incompréhensions, amours noires et quête de tendresse. Avec sa prose poétique et son sens du détail, il donne vie à des existences qui tentent d'échapper aux chimères. -
Une célèbre peinture d'Edward Hopper se transforme en histoire trouble : il est 11 heures, une femme nue, chaussée d'escarpins à talons hauts, le regard vide tourné vers une fenêtre, attend son mari. Au même moment, celui-ci se précipite pour honorer ce rituel mis en place quotidiennement, tandis que le lecteur pénètre l'esprit des deux amants, chacun empreint pour l'autre de désir, de dégoût et de haine...
Des six nouvelles intrigantes et mystérieuses qui composent ce recueil, Oates réussit à faire des prodiges de littérature. Une femme jalouse invite une étudiante, qu'elle croit être la maîtresse de son époux, à se joindre à eux pour le thé, et propose un jeu de roulette russe étrange et funeste : entre des tasses Wedgwood contenant une infusion corsée et un assortiment mortel de médicaments, qui boira quoi ? Dans un autre récit, un jeune marginal se croit hanté à la suite du décès de son père, torturé à mort. Dans un autre encore, le corps d'une enseignante, connue pour ses remarques déplacées envers ses étudiants, est retrouvé sans vie. Mais l'aveu du meurtre par l'un de ses élèves sème le doute : qui a vraiment tué cette femme ?
Joyce Carol Oates explore brillamment les thèmes de l'abus physique, psychologique et émotionnel. Chaque nouvelle se lit comme une flèche empoisonnée logée en plein coeur. Personne, ni les personnages ni les lecteurs, n'en sortira indemne.
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Qu'elles soient veuves, célibataires, ou qu'elles vivent leurs premiers émois adolescents, les femmes qui composent ce recueil se retrouvent inévitablement confrontées aux dangers et menaces du monde extérieur, provoquant en elles un sursaut de noirceur et de révolte...
Il en va ainsi de Jill, fascinée par son beau et mystérieux cousin plus âgé, qui comprend bien trop tard les intentions malsaines et funestes de celuici, mouton noir de la famille. Ou de Stephanie, adolescente boulotte et mal dans sa peau, jalouse de sa soeur aînée et attirée par le même garçon, qui finit par prendre le mors aux dents. Ou encore Mariana, hantée par le souvenir de la maison qu'elle partageait avec son défunt mari, qui fait une découverte des plus perturbantes. Claudia, quant à elle, est obsédée par les oiseaux du lac tout proche et fantasme de se transformer en héron vengeur pour régler son compte à un beau-frère un peu trop cupide.
Exposant avec brio la frontière ténue entre fantasmagorie et réalité, les sept nouvelles rassemblées ici nous font pénétrer dans le quotidien de personnages vulnérables, perturbés, en prise avec la violence qui les entoure. Qu'elle prenne la forme d'un père autoritaire et abusif ou d'une compagnie aérienne outrageusement zélée, c'est bien la folie qui règne - magistralement - chez la grande Joyce Carol Oates.
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Treize nouvelles dérangeantes et hypnotiques, treize cartographies de l'étrange noirceur qui règne en chacun de nous.
Les femmes d'âge mûr ayant des relations ambivalentes avec le sexe opposé y sont omniprésentes : Mariella voit un homme avec lequel elle sort depuis peu la protéger de l'attaque d'un molosse, au péril de sa vie (Mastiff) ; une poétesse en résidence dans une université vit une aventure avec son président (Le Chasseur) ; une retraité assiste, impuissante, à l'obsession grandissante de son époux pour une maison abandonnée (Les Bouffons) ; une universitaire se trouve en mauvaise posture aux funérailles d'un homme adoré de tous (Stephanos est mort).
La mort n'est jamais loin, bouleversant aussi l'existence des plus jeunes : un adolescent se rend douloureusement compte de son amour pour sa grand-mère malade (S'envoyer en l'air avec un chameau) ; une jeune femme riche décède mystérieusement à la suite d'un tatouage qui tourne mal (Choses rencontrées en chemin vers l'oubli) ; un jeune diplômé est funestement attiré par les bonobos (Trahison).
Chez Joyce Carol Oates, la peur et la douleur rôdent au pourtour des vies ordinaires, menacées par l'abandon et la trahison. Avec ce recueil écrit au scalpel, l'auteure est au sommet de son art, plus imaginative que jamais.
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Avec La Princesse-Maïs, Joyce Carol Oates captive une fois de plus le lecteur par sept récits vénéneux et intrigants. Dans le premier, Marissa, douce préadolescente à la pâle chevelure couleur maïs, disparaît un soir de chez sa mère, qui peine à l'élever seule. Tandis que cette dernière et la police retournent les environs en vain, ils sont loin de se douter que Marissa a été kidnappée par des camarades, décidées à pratiquer sur leur proie un sacrifice inspiré d'une légende indienne.
Sombres et oppressantes, les six autres nouvelles nous invitent dans la psyché de personnages troublés. Telle cette jeune veuve qui se fourvoie dans une relation dangereuse et ambiguë avec un ex-soldat abîmé par la guerre en Irak (« Helping Hands »). Ou ce malheureux chirurgien qui rate de manière spectaculaire une trépanation dans une ambiance des plus surréaliste (« Un trou dans la tête ») ; ces jumeaux aux caractères et aux physiques opposés, pris au piège de relations amour-haine (« Champignon mortel » et « Personnages-fossiles ») ; cette fillette incapable de distinguer rêve et réalité, qui refuse désespérément d'accepter l'arrivée de sa petite soeur (« Personne ne connaît mon nom »). Ou enfin cette jeune femme mettant à exécution une cruelle vengeance contre son ex-beau-père, qu'elle croit responsable du décès de sa mère (« Bersabée »).
C'est bien de cauchemars qu'il s'agit, mais à la lecture pleine de délicieux frissons.
Nouvelles traduites de l'anglais (états-Unis) par Christine Auché et Catherine Richard.
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Le maître des poupées et autres histoires terrifiantes
Joyce Carol Oates
- Philippe Rey
- 5 Septembre 2019
- 9782848767581
Un jeune garçon se découvre une passion pour les poupées désormais orphelines de sa cousine, victime d'une leucémie. Commence alors une étrange collection, celle de poupées abandonnées, qu'il déniche dans le voisinage. Mais la frontière est parfois ténue entre collection et obsession, et les poupées semblent être, aux yeux du garçon, bien plus que de simples jouets d'enfants...
Des vies ordinaires bouleversées par l'irruption du macabre, voilà ce qui unit « Le maître des poupées » aux cinq autres histoires qui composent ce recueil de nouvelles terrifiantes. Poursuivi par le sentiment de l'inéluctable, le lecteur reconnaît dans chaque personnage un voisin, une camarade de classe, une parente lointaine ou son libraire de quartier. Une jeune fille, délaissée par sa mère, trouve du réconfort auprès d'une autre famille, jusqu'à recevoir beaucoup trop d'amour (« Big Momma ») ; un homme d'affaires avide de pouvoir est prêt à tout pour ajouter à sa collection déjà grande une mystérieuse librairie... Ou encore une femme épanouie dans sa vie de couple, qui découvre avec effroi les desseins de son mari à son encontre (« Equatorial »).
Oates réveille avec talent la fascination pour l'horreur qui gît en chacun de nous, au risque d'y perdre le sommeil.
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Osons la fraternité !
Collectif, Patrick Chamoiseau, Michel Le bris
- Philippe Rey
- 3 Mai 2018
- 9782848766775
Tous, ensemble, nous sommes bien plus grands que nous. C'est ce « plus grand » qu'il nous faut deviner. Qu'il nous faut invoquer.
Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris Trente écrivains et artistes racontent des histoires singulières de migrations. Ils parlent exils, exodes, familles brisées, espoirs trahis ou réalisés, surprenantes rencontres, expériences uniques : leurs paroles s'insurgent et appellent à une nouvelle fraternité. Des textes d'humour aussi lorsque, par exemple, tous les mots d'origine étrangère quittent le dictionnaire en protestation contre le sort fait aux migrants... Ou des récits d'anticipation figurant un choc de civilisations sur fond de flux migratoires.
D'autres textes dénoncent les violences et barbaries à l'oeuvre, ainsi que les guerres des identités, pour interroger : face à ces drames, que sommes-nous prêts à accomplir ou à refuser pour demeurer des êtres humains ?
Un ouvrage que l'on refermera sur une note d'espoir, avec une Déclaration des poètes et un Manifeste pour une mondialité apaisée, visant à transformer notre rapport à l'hospitalité.
En acceptant que la totalité de leurs droits soit reversée au Gisti (Groupe d'information et de soutien aux immigrés), ces auteurs accomplissent un acte artistique d'engagement, affirmant leur volonté de contribuer à un monde plus altruiste, animé par une éthique active de la relation.
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Elle ne sait plus. Ou plutôt, la drogue aidant, elle ne se rappelle que trop bien : le bébé rose assassiné, les bandages autour de la tête, non ce n'était pas une poupée qu'elle a vue, c'est sa petite soeur, et c'est son père qu'elle aimait tant qui l'a tuée, étouffée, elle le sait, à moins que ce soit sa mère... Trente ans après, elle doit la venger, il le faut.
Et il en va ainsi pour les personnages de ces dix nouvelles glaçantes. Hommes et femmes, jeunes et vieux, ils ne peuvent plus respirer. Dans l'attente désespérée d'un bonheur qu'ils ont connu et perdu, ou tant rêvé et jamais approché, ils étouffent, ils ont besoin d'air et de vengeance. Vampires exigeants, ils s'acharnent moins à sucer le sang qu'à voler le souffle de ceux qui leur ont failli. Ils veulent qu'on leur rende ce que, selon eux, on leur a pris : un coeur (Donnez-moi votre coeur : une femme abandonnée par son amant dans sa jeunesse, entend, vingt-trois ans plus tard le récupérer sous peine de mort,) ; une épouse (Le premier mari : un homme découvre dans un tiroir des photos de sa femme avec son premier mari : fou de jalousie, il décide de le tuer, et se jette sur lui à coups de fourche, mais le fait-il vraiment ?) ; un enfant (La Chute), une vie (Veine cave) ... Et les victimes de ces prédateurs, perdant la respiration à leur tour sous les assauts de l'angoisse ou de la haine, n'ont plus qu'à tenter de ne pas sombrer dans les remugles d'un passé qu'elles croyaient à tort oublié.
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Les jeunes héros de Xu Zechen tirent le plus souvent le diable par la queue : venus de leur province natale dans l'espoir de réussir à la capitale, ils habitent des logements insalubres, exercent des petits boulots - pas toujours légaux -, et comblent leur solitude comme ils peuvent.
C'est ainsi que Bian HongQi, qui occupait un poste de professeur en province et se rêvait poète, est devenu faussaire et arpente désormais les rues en quête de clients. Tiraillé entre sa jeune maîtresse pékinoise et son épouse restée au village, c'est surtout entre deux vies qu'il doit choisir.
Quant à Wang Yiding, le modeste libraire solitaire héros de la seconde novella, il se voit « remettre » par la police une jeune muette, Xi Xia. Pour dépanner, il accepte d'héberger temporairement l'inconnue, mais celle-ci ne semble plus vouloir partir. Lui aussi tergiverse : doit-il chercher coûte que coûte à connaître l'histoire de Xi Xia, dont il a appris à apprécier la présence serviable et discrète ? Ou vaut-il mieux la chasser pour retrouver sa vie d'avant ?
Dans ces textes au style direct et ironique, Xu Zechen nous entraîne dans le quotidien insolite de jeunes provinciaux exilés à Pékin, et nous offre une belle réflexion sur la solitude et la confiance.
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Dans ces quatre textes troublants, l'amour est dévastateur, si puissant qu'il entraîne chacun vers l'effroi.
Mauvais oeil raconte ainsi comment la jeune épouse d'un célèbre intellectuel, quatre fois remarié, apprend de la première femme de celui-ci un terrible secret, qui met en péril son mariage et sa santé mentale. Dans Si près n'importe quand toujours, Lizbeth, une adolescente timide et complexée, commence une idylle avec un garçon charmant un peu plus âgé. Mais, à mesure que leur relation s'épanouit, elle se rend compte que quelque chose guette sous la façade parfaite de Desmond, quelque chose de menaçant. Dans L'Exécution, c'est des relations parents-enfant qu'il s'agit : un étudiant gâté planifie un crime parfait pour se venger des siens. Enfin, La semi-remorque aborde les abus faits aux enfants : lorsque Cecilia rencontre l'amour de sa vie, elle doit affronter son traumatisme et le démon qui lui a volé son innocence, des années auparavant.
Dans sa prose aiguisée, Joyce Carol Oates fait le récit de vies qui partent à vau-l'eau et nous révèle l'amour sous un jour tour à tour magique, mystérieux et meurtrier. Une lecture au plaisir terrifiant de la première à la dernière page.
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Chez Joyce Carol Oates, les aspects les plus triviaux de la vie quotidienne peuvent tourner au cauchemar. Ces onze nouvelles dérangeantes et inventives en offrent encore une fois la preuve, disséquant les sentiments et les actes de personnages aux prises avec un univers lisse en surface, mais toujours susceptible de basculer. L'horreur n'est jamais loin : variation autour du meurtre du célèbre Dahlia noir, colocataire de la future Marilyn Monroe ; tourments d'une prof vieillissante dont le désir d'enseigner vire à la catastrophe ; angoisse d'une adolescente arrachée par la police à son cours de maths ; mésaventures d'une femme au foyer insatisfaite qui croit voir un intrus chez elle...
Comme à son habitude, Oates démontre son sens aigu de l'observation et son humour noir décapant quand elle croque les réactions désordonnées d'une mère apprenant que sa fille est victime de violences ; les tribulations d'un couple d'Américains en pleine crise de la quarantaine à Rome ; la rage rentrée d'un enfant non reconnu ; ou les efforts pitoyables d'un homme en quête de rédemption...
Une chose est sûre : les nouvelles de ce recueil procureront au lecteur rires nerveux et délicieux frissons.