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Lunatique
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Dix récits, en époques et lieux différents, où tremblent les destins des personnages, où les événements franchissent en transfuges les frontières de l'intérieur et de l'extérieur, où le réel et l'irréel sont poreux, où les vies s'écartent de ce qui semblait être leur trajectoire.
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La passerage des décombres prospère dans les terrains vagues et les abords des routes et des chantiers ; des coins plutôt tranquilles où jouer quand on est petit, où traîner quand on grandit, où rêver et se souvenir quand l'autre est parti.
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Qui ne connaît les Beatles ? Qui n'a jamais fredonné au moins un de leurs titres ? En dix ans seulement d'existence, les Beatles se sont imposés comme le groupe le plus populaire et le plus influent de l'histoire du rock. Par-delà leur musique et leurs expérimentations techniques, ils ont révolutionné la société de leur époque. Leurs chansons continuent d'être jouées et reprises dans le monde entier, et imprègnent encore la culture d'aujourd'hui. Y compris la littérature ! Il faut dire aussi que les titres sont marrants et plutôt inspirants pour qui ne manque pas d'imagination : Octopus' Garden, The Fool On The Hill, Why Don't We Do It On The Road, Sitting On A Cornflake Waiting For The Van To Come... Marlene Tissot s'est amusée à composer sa playlist et nous prouve ainsi que Life is a Beatles's song.
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Une nuit, une nuit à écrire. Une nuit à hoqueter de chagrin, une nuit à bégayer de trop d'émotion. Les souvenirs se bousculent, s'emmêlent, les mots affluent, se répètent, s'entrechoquent : « je veux crier c'est un cri que je lance un cri sourd un cri quand même un cri étouffé ça reste un cri oui un cri de douleur pourquoi écrire je me demande ce besoin irascible irrépressible d'écrire ce besoin mégalomaniaque d'écrire pourquoi pour qui ? » Question universelle à tous ceux qui écrivent. Pas de réponse donnée ici, mais un flot tempétueux, impétueux, qui emporte le lecteur jusqu'au bout de la nuit.
Bien habillé toujours impeccable ton béret tes cols en V je me souviens bien tes pantalons droits et tes chemises boutonnées jusqu'au col oui ça me revient ta passion des chevaux aussi t'aimais les courses un jour je me souviens un jour en écrivant ça me revient un jour tu m'as demandé des numéros au hasard tu les as joués des semaines des mois des années tu m'as demandé des numéros au hasard aucune chance qu'ils tombent tu le savais impossible un mauvais cheval ne sort pas le hasard très peu dans les courses c'est pas le loto mais tu voulais oui tu voulais jouer les numéros de ton neveu -
« Elle était un oiseau. Elle les aimait trop pour ne pas avoir emprunté à l'hirondelle au vol brisé qui criait son allégresse dans le ciel du soir, au rossignol tapi dans l'ombre qui lui semblerait avoir toujours inspiré Mozart, au rouge-gorge qui l'accompagnait en sautillant jusqu'au fond du jardin, à la mésange charbonnière, au bouvreuil, au chardonneret fardé de rouge, au verdier moins vert que jaune, au pinson du nord. » Que fabriquaient-ils donc tous deux sur cette petite route de montagne (pas encore les Alpes, mais presque) ? N'était-ce pas faire preuve de la plus insolente liberté que de se trouver à un millier de kilomètres de chez eux, Marc au volant, elle à ses côtés, tels deux amoureux en goguette ? (La fièvre en moins, et l'impatience aussi, celle de pouvoir se coucher le soir même dans un lit inconnu, un lit qu'elle n'aurait pas fait, et qui, pour cette raison, lui avait toujours paru de nature à réveiller les anciennes ardeurs.)
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Par le geste inconscient d'un camarade de classe, Pascal, cinq ans, perd un oeil. « OEil-de-lynx vient de naître, avec qui il va devoir s'efforcer de vivre en bonne entente. » Dix ans plus tard, Pascal cale son oeil valide derrière l'oculaire d'une lunette astronomique.
Les étoiles, c'est sa passion avouée, et Sarah son amour secret. Une histoire courte qui finit mal, forcément.
Pas d'envolée lyrique, mais un vocabulaire ajusté, tendu avec rigueur, polissant une oeuvre forte et sensible à la fois.
Il a toujours tenu à garder le stylo, un petit Bic bleu à pointe fine, désormais rangé dans le tiroir de son bureau. Pas un talisman, loin de là, mais un témoignage, témoignage cruel qu'il lui arrive aujourd'hui encore d'interroger.
Non pour essayer de comprendre. Il n'y a rien à comprendre. Un stylo n'est pas un objet bizarre, un outil compliqué, ça n'est pas non plus un poignard, ou un pistolet. Bien sûr, on peut s'en servir comme d'une sarbacane, et souffler de petites billes qui peuvent faire très mal dès lors qu'elles viennent cingler le visage ou le cou. Franck, le garçon assis devant lui dans la classe, âgé de cinq ans comme lui, n'a pas agi ainsi. Il s'est contenté de se retourner sur sa chaise et de lui enfoncer la pointe de son stylo dans l'oeil. -
Une épreuve, un cauchemar. Le corps qui devient pierre.
Aussi impossible à vivre qu'à entendre. L'autre corps, le médical, n'en veut pas, cette image le dérange, il la repousse.
Fermement. Il préfère « paralysie », évacuant ce que la pierre, pierre de la croix, pierre tombale, pourrait véhiculer de douteux, d'inquiétant.
Comment dès lors réchapper de l'enfer ? Ni fiction, ni journal, Bref Séjour chez les morts se présente comme un récit-témoignage se proposant de rendre compte au plus juste d'une expérience des limites.
Cette nuit-là, sa tension grimpa à 22, le transformant en une barre de métal chauffée à blanc. Démontée par cette nouvelle attaque, la dragonne appela à la rescousse deux malabars des étages supérieurs. On expédia le malade sur une planète où la lumière ne s'éteignait jamais. C'était là qu'on maintenait en vie les futurs morts, là qu'on les préparait à mourir. La lumière y était aveuglante, trop vive pour des yeux incapables d'abaisser sur eux leurs paupières.
On décida de les protéger en lui collant d'office un bandeau noir. Ambiance assurée, de cave, ou de caveau. Que voit un aveugle ? Ce que voit un mort. -
Un homme, une femme, et Paris pour décor de cette histoire d'amour languissante. Jeu de séduction, jeu d'illusions, plein de promesses non dites, de gestes attendus et de baisers espérés. Mais, la belle n'est pas bête, et se rebelle. Mots vengeurs, jamais rageurs, tout en délicatesse et subtilités de langue. Pascale Pujol dépoussière avec Je vous embrasse les codes courtois des amours galantes. Raffiné et non moins mordant, un régal d'insolence bienséante.
Le premier Je vous embrasse m'avait eue par surprise, les yeux d'un coup brouillés devant l'écran j'avais cru à une ouverture, une promesse, une reddition à sa mesure - discrète et guindée, prise dans ses codes bourgeois, étroite, mais réelle. D'autres avaient suivi, et j'en avais vite décrypté le sens. Une caresse, pas celle d'un amant mais plutôt d'un seigneur, d'un maître, une flatterie qui ne disait ni Je vous aime ni même Je vous désire mais plutôt Aujourd'hui je suis d'humeur (à flirter) ou encore Vous me faites rire. -
De par sa longueur et son rythme, Mots de sable soufflés s'immisce adroitement entre le roman et la nouvelle. OEuvre singulière, ce court texte se présente sous la forme d'une suite de tableaux invitant à regarder, écouter, sentir, goûter, rêver une Afrique fière, envoûtante, légendaire, pleine de ressources et d'idées folles, de vie, de mort, de rires et de larmes ; une Afrique « qui vit, bouge, crie, pleure, rit » et où « chaque grain de sable porte une histoire ».
Le vieux Antoine a été appelé par un esprit, il lui a résisté quelques jours en faisant des gestes désespérés, en ayant de longues discussions avec lui. Puis, il est devenu muet et il est parti. Que la terre lui soit légère. Amin !
[...] Le petit Alphonse jouait sur le rebord du puits, en équilibre. Les autres enfants le défiaient de faire le tour le plus vite possible. Que la terre lui soit légère. Amin !
[...] Le jeune Mathieu a été pris de convulsions. On l'a conduit au dispensaire, on a rassemblé les gris-gris, on l'a emmené au centre médical de Thiès, on a déroulé les chapelets, on a psalmodié et chanté en français, en sérère, en wolof, en latin et en arabe, on a fait des libations au bois sacré et sacrifié un poulet, on a transporté l'enfant à l'hôpital de Dakar, on a été voir le marabout réputé le plus efficace à des kilomètres à la ronde. Que la terre lui soit légère. Amin ! -
Les Murs suit implacablement une femme dans son quotidien. On la découvre mère, quand l'enfant se réveille le matin, et qu'elle doit l'aider à se préparer pour l'école ; on la découvre épouse, quand elle éprouve le besoin de poser sa tête sur l'épaule de son mari absent ; on la découvre surtout démunie sans bien saisir pourquoi.
L'histoire se déroule, intranquille et inquiétante, au fur et à mesure que surgissent, au détour d'une phrase, d'un paragraphe, les indices d'un malaise aussi oppressant qu'incompréhensible. Se lever, s'habiller, aller faire les courses, chercher l'enfant à la sortie de l'école, affronter le regard embarrassé des autres, empressés et maladroits ; un calvaire empoissé de peur et d'abattement, que cette femme, ce matin-là, est bien décidée à combattre.
Progressivement, au prix d'effroyables efforts pour se maintenir dans un semblant de normalité, elle va reconquérir le terrain vague d'une vie en perdition, d'une vie à reconstruire. Et sa voix, jusqu'alors bâillonnée par les murs invisibles érigés par l'angoisse, la douleur, le désarroi, se fera enfin entendre pour raconter son histoire. -
« Monsieur Ernesto », baptisé ainsi par les habitués de Chez Nicole, eu égard au béret enfoncé jusqu'aux oreilles qu'il portait en permanence et à son art de tout contester. Longtemps il a réclamé le « monsieur » devant son pseudonyme. Quand un voisin de bar le hélait d'un « Ernesto, viens boire un coup », il corrigeait : « Non, Ernesto ne veut pas boire un coup... Mais, monsieur Ernesto accepte volontiers qu'on l'invite à déguster un verre de grand cru. » « Ça peut frôler l'inacceptable. Saïd Mohamed ne prend pas de gants.
à n'en pas douter, il s'amuse. Et le lecteur aussi, pour peu qu'il soit sensible à cette plume qui écrit sans concessions, en toute liberté. » -
Cet été-là, l'été de ses 17 ans, le narrateur décide de partir à la rencontre d'Arthur Rimbaud. Pas du côté de Charleville, où il est né, pas dans les Ardennes où il a beaucoup vadrouillé, pas en Belgique où il a souvent mis les pieds. Il choisit de se rendre à Marseille, très précisément à l'hôpital de la Conception, puisque c'est là que l'homme-aux-semelles-de-vent est venu mourir.
Poussé par une audace qui m'avait toujours fait défaut jusqu'ici, j'ai marché vers elle. La fille était jolie, brune et très mate de peau, avec de grands yeux noirs pétillants, prénommée Leila, rebaptisée Lila, car elle adorait cette fleur, son parfum, ses couleurs. Je lui ai dit que j'avais 17 ans, que je m'appelais Arthur, que je descendais tout droit de Charleville-Ardennes, et que je n'avais jamais vu la mer. Comme Rimbaud alors, s'est, sans une once de malice, exclamée Lila, qu'une telle coïncidence ravissait. -
Maurizio a quitté son village sarde pour les beaux yeux d'une touriste française, et voilà que l'idée le prend de rentrer au pays pour ouvrir une librairie ! Aidé de Giacomo, son ami d'enfance, avec qui il a correspondu toutes ces années d'exil, Maurizio, « un homme sans histoire, sans bruit, dans un pays où l'on crie pour se dire bonjour » va devoir affronter la rancune tenace et la redoutable défiance de ses compatriotes.
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J'étais seul et sans mémoire depuis cinq ou six années. Je ne savais plus quoi, mais il avait bien fallu l'oublier. Mon nom même m'apparaissait comme une résonance plutôt étrange, je l'avais perdu sans doute pour gagner celui de fleurs et d'astres que je distinguais nouvellement - le monde me devenait familier, m'engloutissait. La vieille maison dont j'avais hérité souffrait de désolation, j'y errais dans un étroit périmètre de pénombre, entre des murs gris et des objets surannés. Une atmosphère mélancolique m'imbibait comme un mauvais vin, une piquette prise à contre-coeur. Cependant je vivais en continuant de vivre, ne méritant plus que de l'habitude. Rien de triste, en somme, simplement la vie de presque tout le monde. L'hiver venait souvent, j'avais froid. Des heures durant je me tenais sur le seuil, assis sur la pierre d'entrée, comme à attendre. Ainsi ce jour.
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À l'instar de l'héroïne de Polenta-vodka, qui expérimente des recettes « à la recherche de saveurs nouvelles et de sensations inédites », Benoît Fourchard nous a mijoté un alléchant recueil, au bouquet généreux et dans lequel se reconnaissent tendresse de l'enfance, coup de théâtre, ironie du sort, nostalgie poignante, fantaisie légère, amour fou, gouaille désinvolte, et tant d'autres émotions, passions, déraisons, subtilement distillées au gré de... ses Humeurs.
Parmi ces onze textes, plusieurs ont fait l'objet d'adaptation théâtrale, de mise en voix ou d'une première édition.
Écrit pour le théâtre (et formant avec Cette chère Simone un diptyque, mis en scène avec la compagnie Les Fruits du Hasard en 2016), Quarante-huit fois est d'abord paru dans Le Cafard hérétique n° 9 (oct. 2017) avant d'être sélectionné par Outlier pour le recueil des 10 meilleures nouvelles 2018.
Éditions Lunatique 10, rue d'Embas 35500 Vitré Du même auteur Devaquet si tu savais nouvelle à l'unité, 4 Benoît Fourchard est né en 1959 à Bar-le-Duc. il est l'auteur d'une trentaine de pièces dont une vingtaine sont créées et représentées dans toute la France. Par ailleurs il a publié plusieurs ouvrages au Seuil pour la jeunesse et des recueils de nouvelles (D'un Noir Si Bleu, La Dragonne).
Benoît Fourchard, 54000 Nancy avec le soutien de la Région Bretagne -
Pic Paris, le rageur et l'insoumis, rivé au comptoir de sa liberté, rêve de versifier les fulgurances de sa sensibilité. « Je suis libre. La vie est absurde, fragile, elle ne tient qu'à un fil. Dans une cage, l'oiseau chante et... » Son stylo reste suspendu. Une cage, c'est la merde.
Le Nid, c'est l'histoire de Pic Paris, cajoleur de rêves, rebelle - poète ! -, qui entre deux ballons de rouge, ballons de blanc, refait le monde au comptoir des brasseries du boulevard Montparnasse.
Fort de ses convictions, il ravive par ses diatribes enflammées les fantômes d'un Paris bohème, chatoyant et inspiré.
Accroché au comptoir pour ne pas sombrer dans la désillusion d'un monde artistique et littéraire à ses yeux déchu, il quête sa muse :
L'authenticité. -
Phare intérieur, c'est le carnet secret d'un enfant qui débite son histoire, sans morale, sans espoir. Ce court récit transpire à chaque phrase, à chaque mot, à chaque syllabe assénée, la détermination et la lucidité tranchante d'une personnalité hors du commun, en marge, qui n'aime rien tant que s'enfermer dans l'inconfort de lieux exigus, avec pour seuls compagnons des objets inanimés, triptyque psychique de son échappatoire. Qui est-il ?
Un enfant. Que veut-il ? Rien de plus que ce que veut un enfant : se sentir à l'abri des émois et des contrariétés, surtout être écouté, compris, aimé tel qu'il est.
Le mercredi, j'aime bien regarder Papa. Enfin, pas lui, ses bêtes. Enfin, pas les bêtes, leurs cages. Celle que je préfère, c'est celle du hamster.
Alors il m'en a offert une, de cage. Le problème, c'est qu'il m'a filé un hamster avec. Je suis emmerdé. J'hésite. Puis je tranche. Bistouri s'en charge. Verlan est choqué. Pomme s'en fout. Mes vieux ne captent rien.
Je fais la tristesse. Je m'entraîne avec Verlan. Je fais bien la tristesse.
Alors mes parents acceptent. J'ai le droit de la garder, la cage. Je suis content. Même si je rentre pas dedans. -
D'un côté, il y a des histoires... d'amer qui ne sont jamais que des histoires d'amour envers les uns et les autres. Quels autres ? Ceux qu'on n'a pas su voir à temps et qu'une main tendue ne suffit pas à retenir. De l'autre, il y a des histoires d'amour. Amères, comme souvent celles qui « auraient pu » parce qu'on y a cru, et qui ne sont plus. Alors on tâtonne, on questionne, on déraisonne, parfois on pardonne, jamais on ne dépassionne ni n'abandonne.
Quel que soit le côté ouvert en premier, De l'amour ou De l'amer, se révèle une virtuose de la langue française, amoureuse de la littérature, et surtout un auteur sincère, drôle et sensible, fer de lance du renouveau authentiste. -
Les souvenirs se bousculent bien un peu dans la mémoire d'Angèle, les biscottes dans le placard, la robe de bal, les chansons du père, et les dames en blanc se confondent les unes les autres, mais elle sait bien son âge, quand même : quatre-vingts ans. Alors pourquoi cette femme lui répète, d'une petite voix doucereuse, qu'elle en a quatre-vingt-dix ?
Avec beaucoup de pudeur, d'élégance et de drôlerie, Mael Le Guennec nous raconte Angèle. -
Pas facile de vivre minable quand on rêve grand, pas facile de mâcher soir après soir ses coquillettes quand la seule chose qui tienne au ventre est la peur de décevoir Lili. Lili si douce et si forte ; Lili qui dit qu'on s'aime, avec les enfants, et que ça personne ne pourra jamais l'enlever. Est-ce qu'on apprend « à espérer toujours moins » ? Et le monde, il pèse combien le monde sur les épaules ?
Avec Lili, on ne se dispute jamais. On dirait que c'est impossible. Lili est ce genre de femme devant laquelle on ne peut pas élever la voix. On sait que c'est inutile. Ou alors, on a peur de la voir se briser comme un verre de cristal. Pourtant, je sais bien qu'elle est solide. Sinon, elle ne pourrait jamais supporter de vivre avec un type comme moi. Un type qui foire, un type qui doit probablement souffrir de vertige tellement il a toujours été incapable de gravir le moindre échelon social. Oh, c'est pas que j'aurais vraiment voulu aller très haut. Je sais bien qu'au sommet la merde a la même odeur qu'ici.
Mais j'aurais bien aimé atteindre le palier de la respectabilité. L'endroit où tu cesses d'avoir honte de ce qu'affichent tes fringues, honte de ta crasse, honte des produits premier prix que tu poses sous le regard vaguement méprisant de la caissière. -
Carmen Niccoli rêve sa vie en Technicolor. C'est même une évidence : sa vie se fera ailleurs qu'à Billom. Les gondoles, la piazza San Marco, le faste des palazzi, le café Florian et son Tiramisù, les robes de Monica Daniele et l'étourdissant carnaval n'attendent qu'elle à Venise pour rependre le rôle de la comtesse Livia dans Senso, le film de Visconti. Oui mais voilà, le destin a parfois besoin d'être aidé pour arriver à ses fins.
Drôle et enlevée, cette nouvelle perle de Pauline Louis s'inscrit dans la veine du Nid, paru quelques mois plus tôt dans la même collection.
Fille unique et choyée d'un clerc de notaire et d'une couturière, Carmen tenait de son père le sens des réalités et de sa mère une élégance alors réservée aux femmes de la capitale. La distinction de Carmen, son maintien si gracieux émerveillaient quiconque posait les yeux sur elle. De fait, ellemême, par une forme d'hystérie propre aux jeunes filles, était persuadée que sa condition de fille née à Billom, petite ville à la périphérie de Clermont- Ferrand, de l'union d'un gratte-papier et d'une cousette, ne pouvait qu'être une épouvantable erreur, mais en aucun cas une fatalité. Elle en avait la certitude : une autre vie, quelque part, l'attendait.
Elle s'installa définitivement dans cette certitude quand, le 3 mars 1956, elle assista avec sa mère, au Royal de Clermont-Ferrand, à la projection du film de Luchino Visconti, Senso. -
Fuyant le passé, Yolanda débarque un beau jour à Paris, bien décidée à prendre en main son destin. « C'était il y a un an à peine - ses premier pas dans la capitale -, mais déjà elle a compris. » Très vite, la voilà happée par le tourbillon de la vie, hachée par les dents d'acier d'un monde implacable.
Elle était jolie, Yolanda. Et avant de la voir, toujours on l'entendait - ses petits talons qui claquaient...
Une année s'écoule en crachotant des jours aussi lancinants qu'une migraine - un moribond ne se soulagerait pas de ses glaires différemment. Jusqu'à ce printemps poussif. Yolanda voudrait lui tirer les vers du nez ; qu'il avoue enfin un soleil franc et la douceur ; qu'il laisse les oiseaux chanter sans leur couper le sifflet avec une fine couche de gel matinal, inutile, même pas belle.
Une saison qui s'étire, décevante, sans le charme des parcs couverts de perles argentées et d'iris de glace.
Le réveil froid et humide dans la chambre de bonne sous les toits, la douche qui ment sur la chaleur réconfortante de l'eau : Yolanda est lasse, fatiguée du recommencement. -
Gilles Ascaso s'attache à déceler dans le moindre plissement de rideau ou la floraison d'un jardin toute la pathétique poésie du monde - sans oublier, cependant, que la littérature ne peut, sous peine de stérilité, se priver de contenu humain.
L'intuitive franchise des mots - la rondeur d'un qualificatif, le mordant d'un verbe - épouse la banalité de nos paysages intimes, de la cuisine au cabinet de dentiste, de la chambre à coucher au supermarché ; sonde la délicate mécanique des objets qui jonchent notre quotidien ; et suggère l'appel du sourcier dont la baguette s'anime d'un rien, d'un sursaut, et désigne la source, là, toute proche - ce qui confine à la magie, assurément.
Dans Violences brèves, nulle eau enfouie profond sous la terre, mais des impressions, des sensations, des émotions, feutrées ou criantes, qui submergent le lecteur jusqu'à l'engloutir tout entier dans une réalité qui n'a plus rien de fictionnel.
Gilles Ascaso invite le lecteur à prêter une attention accrue à tout ce qui l'entoure pour y déceler l'infime grain de sable qui pourrait tout faire basculer.
Dans une époque de démesure, l'économie a une grâce infinie. Il suffit à l'auteur de donner l'heure pour évoquer le désenchantement d'un désamour, quand tant d'autres se seraient rués sur la facilité, sensationnelle et emphatique. Car il a compris que le tintamarre brouillait les sens et détournait l'attention des battements de coeur. -
On raconte qu'on ne peut pas refaire l'histoire. Sauf dans les livres. On dit également qu'elle ne repasserait pas les plats. Ici, on se contente de les passer. Avec de mauvaises intentions. On raconte, aussi qu'on ne peut pas rire de tout, du moins pas avec tout le monde. Mais je fais une confiance aveugle à qui prend plaisir à lire. Je vous invite donc à rire avec moi de cette histoire où l'on passe des plats. De rire mais, bien entendu, pas que...
Un texte à l'air un peu potache. Le rire potache est devenu aujourd'hui, hélas, un très beau combat.