" Un médecin gouvernait seul, pendant la Seconde Guerre mondiale, une région entière du Cameroun. Il tentait d'y réaliser une utopie où la médecine guiderait toute la politique et où la politique deviendrait thérapie sociale... "
L'histoire du docteur David ressemble à un rêve exaucé : celui d'un monde réinventé par les médecins. Elle rappelle que les colonies furent, pour les hérauts de la santé publique, des espaces d'exception affranchis des contraintes de la politique ordinaire, propices aux expériences grandeur nature. Celles de cet officier des Troupes coloniales furent totales. Les autorités françaises les présentèrent comme des succès. Les archives et les témoignages en livrent une image plus troublante.
Guillaume Lachenal retrace ici le destin d'une utopie, en entrecroisant l'itinéraire de son maître d'oeuvre et le récit captivant d'une enquête de terrain, qui l'a conduit de l'Afrique aux îles du Pacifique. Dans les lieux et les paysages marqués par les aventures impériales du docteur David, dans la végétation, les objets, les chansons, les mémoires ou les ruines, il découvre que cette histoire se conjugue au présent. C'est une histoire toujours vive, faite de promesses impossibles, de violence, de rêves de grandeur, de désir d'échec et de rendez-vous manqués, où l'attente du futur s'abîme dans la comédie tragique du pouvoir.
Guillaume Lachenal est maître de conférences en histoire des sciences à l'Université Paris-Diderot. Il a notamment publié Le médicament qui devait sauver l'Afrique. Un scandale pharmaceutique aux colonies (La Découverte, 2014).
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Demande-toi, se dit le narrateur - au moment où il interrompt une autobiographie déjà bien esquissée - ce qu'on veut faire croire quand on écrit. Entre Achille et la tortue, entre les mots et les choses, entre soi et soi, il y a toujours un écart, que les croyances littéraires se chargent de combler.
Décrivant les expériences de l'interruption et de la distance chez Rimbaud ou Kafka, de la désorganisation chez Valéry, l'obsession bergsonienne de la lettre branchée sans intervalle sur l'intériorité, les représentations fantasmatiques de l'écrivain que Breton, Artaud, Fondane ou Jünger héritent du XIXe siècle, la double contrainte romantique de l'ici et du là-bas chez Peter Handke, le double jeu du statut réel et de la statue imaginaire produite par l'écriture chez les héros et héroïnes de la modernité (Apollinaire, la NRF, Blanchot, Sollers), la relation ambiguë de Gide et d'un écrivain prolétaire (Maurice Lime), le contrat métaphorique que signe le poète voué à l'activité performative, Daniel Oster explore les données médiates de la conscience littéraire et des légitimations par lesquelles elle voudrait échapper à sa contingence.
Parce qu'elle s'inscrit dans le discontinu, l'infinitésimal, les quantités évanouissantes, la relation de l'écriture - au vrai et au réel - est toujours improbable. « Pour autant que les propositions mathématiques se rapportent à la réalité, elles ne sont pas certaines, pour autant qu'elles sont certaines, elles ne se rapportent pas à la réalité » (Einstein). On peut en dire autant de la littérature, lieu d'expérimentation des espaces inconciliables, des discontinuités psychiques, des bifurcations et des conflits.
« Passages de Zénon » tente de décrire, dans le même mouvement, ce triple espace de la littérature, du mental et du paysage : espaces critiques, où l'ironie de l'auteur - proche d'Isidore Ducasse et d'Edmond Teste - libre de tout dogmatisme, fait merveille.
La monnaie, un instrument uniforme, doté d'une valeur économique qui s'imposerait aux individus ? L'argent, un intermédiaire impersonnel qui vient standardiser et désincarner les rapports sociaux, voire les corrompre ?
À l'encontre de ces idées communément répandues chez les économistes, Viviana Zelizer montre combien les individus ne cessent d'inventer leurs propres monnaies au gré de leurs besoins, et d'accorder de la valeur à des objets et à des instruments - cadeaux, argent de poche, dons caritatifs, chèques-cadeaux, tickets-repas... - irréductibles à de simples équivalents interchangeables d'une unique monnaie nationale.
Se concentrant sur l'histoire économique et sociale des États-Unis des années 1870 aux années 1930, s'appuyant sur des documents d'archives aussi divers que les magazines féminins, les guides fournis aux nouveaux immigrants ou les manuels et enquêtes portant sur le budget des ménages, l'auteur décrit ainsi un processus de " marquage " en vertu duquel les usages à la fois publics et privés de la monnaie diversifient sa signification et sa valeur sociales et en font un outil multiforme.
" Un modèle de rigueur et d'innovation, non seulement pour la sociologie économique mais pour l'ensemble des sciences sociales. " (Pierre Bourdieu)
" Il est paradoxal de vouloir expliquer la mort à sa fille de onze ans. Il semble qu'il y ait mieux à faire, ou plus urgent, ou moins difficile. Pourtant, dire la mort, l'envisager sans la réduire, la mesurer sans la minimiser, l'évoquer précisément sans l'élucider, ce n'est ni la comprendre ni l'expliquer, ces tâches sont rationnellement impossibles. C'est l'entendre ou l'apprivoiser, pour éviter l'horreur et la peur. Dialoguer avec un enfant sur la mort peut être une des meilleures façons de se tenir au plus près de la vie en tentant de faire reculer le silence et l'angoisse. "
E. H.-P.
" Ce ne serait pas trop de l'histoire du monde pour expliquer la France "
Jules Michelet, Introduction à l'histoire universelle (1831)
Voici une histoire de France, de toute la France, en très longue durée qui mène de la grotte Chauvet aux événements de 2015.
Une histoire qui ne s'embarrasse pas plus de la question des origines que de celle de l'identité, mais prend au large le destin d'un pays qui n'existe pas séparément du monde, même si parfois il prétend l'incarner tout entier. Une histoire qui n'abandonne pas pour autant la chronologie ni le plaisir du récit, puisque c'est par dates qu'elle s'organise et que chaque date est traitée comme une petite intrigue.
Réconciliant démarche critique et narration entraînante, l'ouvrage réunit, sous la direction de Patrick Boucheron, un collectif d'historiennes et d'historiens, tous attachés à rendre accessible un discours engagé et savant. Son enjeu est clair : il s'agit de prendre la mesure d'une histoire mondiale de la France, c'est-à-dire de raconter la même histoire - nul contre-récit ici - qui revisite tous les lieux de mémoire du récit national, mais pour la déplacer, la dépayser et l'élargir. En un mot : la rendre simplement plus intéressante !
Ce livre est joyeusement polyphonique. Espérons qu'un peu de cette joie saura faire front aux passions tristes du moment.
Directeur d'ouvrage : Patrick Boucheron est professeur au Collège de France.
Coordination : Nicolas Delalande est professeur associé au Centre d'histoire de Sciences Po ; Florian Mazel est professeur à l'université Rennes 2 ; Yann Potin est chargé d'études documentaires aux Archives nationales ; Pierre Singaravélou est professeur à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Débordant largement les limites des XVIIIe et XIXe siècles parisiens, Philippe Perrot débusque les métamorphoses de la dépense somptuaire, des fastes partagés du Moyen Age aux pompes circonscrites du Roi-Soleil, de l'apparat égalitaire et fraternitaire à l'extravagance des gandins et des dandies, des discrétions distinguées aux prétentions parvenues, de la dissipation des trésors à l'accumulation vertueuse, des signes extérieurs de richesse à la richesse des intérieurs, des hôtels particuliers aux " grands hôtels " cosmopolites, des monuments publics aux gares PLM, des délices du confort au luxe en toc et ors à crédit.
Plus que des usages, ce sont des manières d'être et d'avoir, lourdes de " raisons ", de restrictions, d'incitations, d'interdits, mais aussi d'implications éthiques et esthétiques.
A travers l'histoire des moeurs, des goûts, des styles de vie, des règles économiques, des arts et des techniques, se dessinent les rapports fondamentaux entre hiérarchie et égalité, rareté et abondance, manque et jouissance propres à cette époque qui va de la théâtralité nobiliaire à l'ambiguïté des appétits bourgeois tiraillés entre désir de paraître et devoir d'épargner.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
1. La chute de la monarchie (1787-1792), Michel Vovelle
2. La république jacobine (1792-1794), Marc Bouloiseau
3. La république bourgeoise de Thermidor à Brumaire (1794-1799), Denis Woronoff
4. et 5. L'épisode napoléonien (1799-1815)
I. Aspects intérieurs, Louis Bergeron
II. Aspects extérieurs, Jacques Lovie et André Palluel
6. et 7. La France des Notables (1815-1848)
I. La vie de la nation, André Jardin et A.-J. Tudesq
II. L'évolution politique, André Jardin et A.-J. Tudesq
8. 1848 et l'apprentissage de la République (1848-1852), Maurice Agulhon
9. De la fête impériale au mur des fédérés (1852-1871), Alain Plessis
10. Les débuts de la Troisième République (1871-1899), Jean-Marie Mayeur
11. La république radicale ? (1899-1914), Madeleine Rébérioux
12. La fin d'un monde (1914-1929), Philippe Bernard
13. Le déclin de la Troisième République (1929-1938), Henri Dubief
14. De Munich à la libération (1938-1944), Jean-Pierre Azéma
15. La Quatrième République (1944-1958), Jean-Pierre Rioux
16. La Cinquième République, Jacques Julliard
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Recueillir des textes, plonger dans cette matière qui appartint à une période si précise de notre Histoire (de 1715 à 1723, de la mort de Louis XIV, à l'avènement de Louis XV), c'est, pour Michel Chaillou, écrivain d'aujourd'hui, l'occasion de s'interroger : le temps qui passe ainsi, sous la Régence de Philippe d'Orléans, passe-t-il en entier ? Un siècle s'éclipse-t-il totalement des mots qui le parlèrent ? l'écrivirent ? Mathurin de Lignac, pharmacien à Pont-Sainte-Maxence qui, en ce début du XVIIIe siècle, disserte sur la génération des insectes dans le corps, acquiert-il un style à appartenir à une époque révolue ? Ou est-ce elle qui lui en prête ? Le temps serait-il écrivain ?
L'auteur de cette anthologie a appelé « prose courante » cette dentelle du temps, qui se fabrique ainsi à l'insu du brodeur : voyageurs, cuisiniers, petites gens des villages, marquis éclairés, botanistes, thérapeutes, géographes, auteurs de traités, cultivateurs, accoucheurs, artificiers, rêveurs, tous brodent sans le savoir cette étrange nappe de temps.
Au demeurant, la Petite Vertu était, vers 1715, le nom d'une papeterie très fréquentée, propriétaire un certain Guyot, rue des Assis ou des Arcis, engloutie avec son cortège d'enseignes du côté de l'église Saint-Merri.
Le présent ouvrage est la réédition du livre publié, sous le même titre, par les éditions André Balland, en 1980.
« Lire Teilhard », tel pourrait être le titre de ce livre.
Lire Teilhard, ce n'est pas recevoir, avec une passivité fervente, le contenu de son oeuvre, mais en éprouver les thèmes et les structures, au moyen de la méthode dialectique qu'il a forgée lui-même, à l'heure où il situait l'homme au centre de sa vision. La présence, dans la perspective teilhardienne, de l'angoisse et du drame humains, l'existence d'un personnalisme teilhardien, échappent au lecteur, qui n'accepte pas d'abord de se placer au niveau de l'épistémologie et de la méthodologie de l'auteur. Les idolâtres et les détracteurs foisonnent. L'adversaire et le disciple lucides sont rares. Il importe qu'ils unissent leurs efforts, pour rendre à Teilhard son vrai visage, dépasser les malentendus ou les basses attaques, ouvrir enfin le vrai débat.
Ainsi, se justifie l'intention de ce livre. Il contient une étude de la dialectique teilhardienne ; puis une mise en oeuvre, à travers elle, des grands thèmes personnalistes : la personne, l'amour, la liberté dans le champ du personnel ; l'engagement éthique et politique au plan de l'universel ; le drame humain présent partout et, plus précisément, au contact de la personne et de la socialisation ; le pressentiment, enfin, de l'universel personnel, lors qu'adviendra le Royaume, au terme de l'histoire.
Il apparaît que la dialectique teilhardienne est beaucoup plus qu'une construction intellectuelle. La synthèse finale doit être comprise comme la réfraction d'une expérience unitive. Cette dernière fonde une mystique, centrée sur l'eschatologie. Elle anime, secrètement, le mouvement de l'esprit teilhardien et, par elle, l'épopée humaine devient participation au Chemin de la Croix.
André Jardin, né en 1912, spécialiste du XIXe siècle. Maître assistant à l'Université de Paris VIII.
André-Jean Tudesq. Né en 1927. A soutenu sa thèse sur « Les grands notables 1840-1849 », essai historique d'une psychologie sociale. Professeur à l'Université de Bordeaux.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Il ne s'agit pas seulement ici d'un second "Livre noir". Ce recueil aurait manqué son but s'il s'était borné à décrire des brutalités policières, et à les dénoncer sur le seul plan humanitaire. On y trouvera exposées les difficultés rencontrées par la Commission UNEF/SNE Sup dans son travail d'enquête et d'assistance, d'abondants témoignages, classés d'après la nature des faits rapportés - choix des armes, arbitraire dans le choix des victimes, acharnement sur les isolés, matraquage de blessés, refus d'assistance et obstruction aux soins médicaux, violences à l'intérieur des immeubles privés, violences dans les locaux de la police, les morts de Flins et de Sochaux, les expulsions ou assignations à résidence d'étrangers, sans compter la "revanche", moins voyante après les élections - enfin l'analyse des mesures d'exception, des textes abusivement invoqués, qui constituent l'arsenal juridique de la répression. Ainsi peut-on voir comment des "brimades" ou des "bavures", qu'on se plaît à présenter comme "gratuites", "exceptionnelles" ou "inévitables", prennent une signification profonde dans tout un système d'intimidation, où elles ne sont qu'une des manifestations de la même politique.
L'une des multiples formes d'aliénation de notre société, est la manipulation des consciences par des communications de masse, transmettant une information dirigée et tronquée : n'aurait-il contribué qu'à lutter contre cette forme particulière d'oppression, ce livre trouverait sa justification.