Celui qui a poignardé Salman Rushdie le 12 août 2022 à New York n'était pas né en 1989, lorsque l'ayatollah Khomeiny lançait une fatwa condamnant à mort l'auteur des Versets sataniques. Que s'est-il passé d'irrévocable avec ce roman pour que trente-trois ans plus tard, l'acharnement continue ? Pourquoi un écrivain est-il devenu le bouc émissaire de la confrontation identitaire entre L'islam et l'Occident ? La réplique ici est de donner à lire une oeuvre qui va plus loin que le blasphème.
Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s'affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s'est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d'autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ?
Le phénomène d'« assignation identitaire » monte en puissance depuis une vingtaine d'années, au point d'impliquer la société tout entière. En témoignent l'évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l'idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d'une formidable richesse - issus des oeuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida - ont été réinterprétés jusqu'à l'outrance afin de conforter les idéaux d'un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d'une politique racisée.
Mais parallèlement, la notion d'identité nationale a fait retour dans le discours des polémistes de l'extrême droite française, habités par la terreur du « grand remplacement » de soi par une altérité diabolisée : le migrant, le musulman, mai 68, etc. Ce discours valorise ce que les identitaires de l'autre bord récusent : l'identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale.
Identité contre identité, donc.
Un point commun entre toutes ces dérives : l'essentialisation de la différence et de l'universel. Élisabeth Roudinesco propose, en conclusion, quelques pistes pour échapper à cet enfer.
Historienne, Élisabeth Roudinesco est l'auteur de livres qui ont fait date sur l'Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan, Sigmund Freud (Prix Décembre 2014), la famille, etc. Elle est traduite dans le monde entier.
Freud
L'Interprétation du rêve
Traduit de l'allemand et présenté par Jean-Pierre Lefebvre
" L'Interprétation du rêve a d'abord été négligée par ses destinataires. Elle évoque à ce titre la Phénoménologie de l'esprit de Hegel. Mais il n'y avait pas ici – bien au contraire – l'alibi épistémologique de l'obscurité du discours. L'une des formes de cette négligence fut un accueil critique de l'intention générale, du sens du travail : un symptôme qui signalait en fait la dimension totalement innovante de celui-ci. Et effectivement, dans le souci méthodique obstiné de prendre en compte toutes les objections, mais aussi dans son horizon théorique et culturel, et par la qualité même de son écriture, elle évoque surtout Le Capital de Karl Marx et L'Origine des espèces de Charles Darwin.
D'où un paradoxe qui intéresse notamment le traducteur : un livre d'auteur, apparemment lisse, articulé, systématique, linéaire, aujourd'hui encore identifié à ce que Stefan Zweig appelait une "heure étoilée de l'humanité', à une création géniale, mais qui se présente aussi comme un défi déroutant à l'édition scientifique tant il est le produit d'un atelier bourdonnant de lectures, de batailles, de reprises, de contacts avec les patients, de rapports plus ou moins allusifs avec un public. Paradoxe quasi onirique, objectivement inévitable, dont l'écriture est un acteur essentiel. Métaphore, aussi, de ce que la traduction affronte. "
J.-P. L.
Jean-Pierre Lefebvre est titulaire de la chaire de littérature allemande à l'École normale supérieure. Ses traductions de Hegel, Marx ou Paul Celan ont fait date.
Lydia Flem invite à prendre soin de soi, d’autrui et du monde. Que ce soit dans Comment j’ai vidé la maison de mes parents ou La Reine Alice, le souci de l’intime parcourt son œuvre. On retrouve ici son choix de suivre les voies de la littérature et de l’art pour aborder des questions généralement cloisonnées dans telle ou telle autre discipline des sciences humaines.
Bouche bavarde oreille curieuse : quatre mots pour dire quatre décennies de textes inspirés par la psychanalyse, le cinéma, la sociologie, l’histoire de l’art, la photographie, le théâtre et l’opéra, la littérature et l’écriture de l’histoire. Lydia Flem y aborde la puissance des stéréotypes, notamment ceux du masculin dans les westerns, ces récits mythiques nés à Hollywood, où la femme est représentée comme une menace pour les hommes. Le regard masculin semble se définir par le déni du féminin. On y retrouve une idée sous-estimée : la fragilité de l’identité virile.
Comment penser l’impensable. Dans ce recueil, Lydia Flem ranime des interrogations anciennes toujours actuelles : depuis des siècles, la violence sous les toits paternels, le viol et l’inceste.
On se souvient alors de Freud, si présent dans ce volume. Car si l’inconscient est porteur d’art et de créativité, il nous confronte aussi, chaque jour, aux puissances de l’irraison quand la peur et la haine distillent des rumeurs. Dans son expression brute, immédiate, sans les filtres de la raison et de la distance, les pulsions meurtrières de l’humanité, qu’on imaginait archaïques, occupent soudain des scènes qui nous sont contemporaines.
La musique peut nous émouvoir jusqu'au tréfonds de notre être, nous inciter à danser, ou nous rendre tristes et nostalgiques. Quand on est un neurologue aussi compétent qu'Oliver Sacks, ouvert, comme lui, à bien d'autres disciplines, et surtout mélomane de longue date, comment peut-on comprendre et décrire ce pouvoir ?
Plus d'aires cérébrales sont affectées au traitement de la musique qu'à celui du langage : l'homme est donc véritablement une espèce musicale. Bien des exemples le montrent, évoqués par Sacks avec la force et le talent qu'on lui connaît, depuis ce chirurgien frappé par la foudre qui devient soudain pianiste à l'âge de quarante-deux ans jusqu'au frère de Wittgenstein, pianiste et manchot, en passant par les handicapés mentaux mélomanes.
La musique est médicalement bienfaisante : elle anime des parkinsoniens incapables de se mouvoir, apaise des patients atteints de la maladie d'Alzheimer et parvient même à restituer des souvenirs à certains amnésiques.
Notre dimension musicale est ici décrite dans son étendue et sa profondeur, d'un point de vue scientifique, philosophique, et spirituel.
Oliver Sacks est médecin ; il est l'auteur de dix livres, notamment L'Éveil, dont l'adaptation cinématographique fut plusieurs fois nominée au x Oscars, et L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau. Il vit à New York, où il enseigne la neurologie et la psychiatrie à l'université Columbia, au Medical center et à l'University Artist. On peut en savoir plus sur son travail en visitant son site www.oliversacks.com.
Traduit de l'anglais par Christian Cler.
En 1947 éclate à Madagascar une insurrection considérée comme le signe avant-coureur de la décolonisation en Afrique. Elle est très violemment réprimée, mais se poursuit jusqu’à la fin 1948. Octave Mannoni, qui vit dans le pays, écrit alors ce texte fondateur, qui constitue une critique radicale du colonialisme. Il y montre, par la voie de la psychanalyse et de la psychologie, comment les images que le colonisateur s’est fabriquées du colonisé le nient : « Le Nègre, c’est la peur que le Blanc a de lui-même. » Mannoni analyse le mécanisme de dépendance unissant le colonisé au colon par l’écran imaginaire que chacun a dressé entre lui et l’autre. La perspective anthropologique est donc aussi essentielle dans cette réflexion que les préoccupations politiques qui l’ont motivée.
Cette analyse, totalement nouvelle en 1950, provoqua de vigoureuses critiques d’Aimé Césaire et de Frantz Fanon, qui visèrent particulièrement le « complexe de dépendance » du colonisé. Mannoni y répondit dans des articles ou de nouvelles introductions aux rééditions successives du livre, dont cette nouvelle édition rend compte. Aucune analyse du racisme n’est neutre, il le sait. C’est donc aussi une « décolonisation de soi-même » qui s’impose, toujours à recommencer, comme il l’écrira dans un article ultérieur, donné ici à la suite du livre.Octave Mannoni (1899-1989), psychanalyste, était aussi philosophe et ethnologue, une polyvalence qui l’a installé comme une voix originale dans le champ de la psychanalyse française.Préface de Livio Boni, philosophe et psychanalyste, qui travaille sur l’implication de la psychanalyse dans la critique de la condition coloniale. Il a notamment publié L’Inde de la psychanalyse. Le sous-continent de l’inconscient (Campagne première, 2011) et, avec Sophie Mendelsohn, La vie psychique du racisme (La Découverte, 2021).
Au milieu des années 60, Octave Mannoni écrit un article dans lequel il précise sa réflexion psychanalytique sur le fonctionnement de la croyance et celui du déni, conceptualisés par Freud mais considérés comme des thèmes marginaux en psychanalyse. Il va décortiquer l’expression si banalement employée « Je sais bien, mais quand même… », la placer au centre des problématiques propres à la Verleugnung (« déni de réalité ») et l’illustrer par des exemples passionnants tirés de l'ethnologie ou de la littérature : le récit d’un rite initiatique chez les Indiens Hopi ou encore celui d’un extrait des Mémoires de Casanova dans lequel le célèbre séducteur est saisi de superstition un soir de gros orage. D'une grande clarté, la prose vive et non dénuée d'humour d'Octave Mannoni avance avec précision dans les sinuosités du concept.Octave Mannoni (1899-1989) était psychanalyste. Cet esprit libre, passionné de poésie et de botanique, enseigna durant 30 ans, en Martinique et à Madagascar, la philosophie et la littérature jusqu'à sa rencontre avec Lacan, fin 1945, qui l'installe en écriture. Il n’aura de cesse de s’appuyer sur sa connaissance fine de l'ethnologie, de la philosophie et de la littérature pour étoffer sa pratique psychanalytique. Ses principaux écrits sont publiés au Seuil, dont Psychologie de la colonisation, Clefs pour l’Imaginaire ou l’Autre Scène et Ça n’empêche pas d’exister.Préface de Sophie Mendelsohn, psychanalyste, qui est à l’initiative de la constitution du Collectif de Pantin, réunissant psychanalystes, philosophes et anthropologues autour de l'incidence de la race en psychanalyse. Elle a récemment coécrit avec Livio Boni La Vie psychique du racisme (La Découverte, 2021).
Il ne faut pas confondre l'image du corps avec le schéma corporel. Le schéma corporel spécifie l'individu en tant que représentant de l'espèce : il est, en principe, le même pour tous. L'image du corps, par contre, est propre à chacun : elle est liée au sujet et à son histoire. Support du narcissisme, elle est éminemment inconsciente. C'est l'incarnation symbolique du sujet désirant.
Sur la base de ce concept, et en s'appuyant à chaque instant sur l'expérience analytique, Françoise Dolto suit l'élaboration de l'image du corps, phase après phase, en montrant que, chaque fois, le pas est franchi par une castration. Ce qui l'amène aussi à décrire la pathologie de l'image du corps, laquelle est, chaque fois, un échec de la symbolisation : autant dire une insuffisance du langage adressé à l'enfant et un manquement de l'interdit.
Car c'est bien le paradoxe de ce que l'élaboration de Françoise Dolto enseigne : le moi se supporte de l'image du corps, mais celle-ci, à son tour, ne s'élabore que par une série de castrations dont il ne faut pas hésiter à dire qu'elles sont symboligènes. C'est la clé de l'"humanisation".
Quand les parents se séparent
Ce livre n'est pas un essai de technique analytique et ne contient pas de cas cliniques ; mais tout ce que j'y avance est fondé sur mon expérience clinique.
Des parents, dont certains avaient gâché leur vie conjugale [...], ont pu analyser avec moi le retour de refoulement de leur enfance, lié à la séparation de leurs propres parents et au silence imposé à ces épreuves. C'est pourquoi ce livre est écrit et pour les parents et pour leurs enfants.
C'est en quelque sorte un livre de citoyenne, psychanalyste de métier qui, on le sait, s'intéresse à ce que peut être la prévention des difficultés dues aux souffrances inconscientes des enfants ; souffrances toujours articulées au non-dit ou à un mensonge implicite, fussent-ils maintenus au nom du " bien " de l'enfant.
F.D.
Françoise Dolto (1908-1988)
Médecin psychanalyste, elle est une des figures marquantes de l'histoire du mouvement psychanalytique en France. Sa pensée et ses travaux ont profondément renouvelé le regard des adultes sur les enfants.
Que se passe-t-il quand un livre a rendez-vous avec son lecteur ?
Comment " lire " a-t-il une répercussion sur nos états d'âme ? Sur notre santé ?
Comment le bibliothérapeute, par le livre, son interprétation et le dialogue qu'il provoque, dénoue-t-il les nœuds du langage puis les nœuds de l'âme, obstacles puissants à la vie et à la force créatrice ?
Travail de libération et d'ouverture, la bibliothérapie consiste à rouvrir les mots à leur sens multiples et éclatés, permettant ainsi à chacun de sortir de tout enfermement, de toute lassitude, pour s'inventer, vivre et renaître à chaque instant.
En introduisant la notion de mouvement dans le langage, Marc-Alain Ouaknin, virtuose de la lecture talmudique et biblique, excellent connaisseur des théories contemporaines de la lecture, explore les nombreuses harmoniques de la bibliothérapie et nous fait découvrir ce qu'il appelle la " force " du livre.
Après des décennies de commentaires apologétiques et de dénonciations violentes, nous avons bien du mal aujourd'hui à savoir qui était vraiment Sigmund Freud.
Or, depuis la publication des dernières synthèses de référence, de nouvelles archives ont été ouvertes aux chercheurs, et l'essentiel de la correspondance est désormais accessible. L'occasion était d'autant plus belle d'y revenir qu'il restait beaucoup à dire sur l'homme et son œuvre.
Le fondateur de la psychanalyse est d'abord un Viennois de la Belle-Epoque, sujet de l'empire austro-hongrois, héritier des Lumières allemandes et juives. Quant à la psychanalyse elle-même, elle est le fruit d'une entreprise collective, d'un cénacle romantique au sein duquel Freud aura donné libre cours à sa fascination pour l'irrationnel, les sciences occultes, transformant volontiers ses amis en ennemis, à la fois Faust et Mephisto. Penseur de la modernité mais conservateur en politique, il n'aura cessé d'agir en contradiction avec son œuvre, toujours au nom de la raison et des Lumières.
Le voici en son temps, dans sa famille, entouré de ses collections, de ses femmes, de ses enfants, de ses chiens, le voici enfin en proie au pessimisme face à la montée des extrêmes, pris d'hésitations à l'heure de l'exil à Londres, où il finira sa vie.
Le voici dans notre temps aussi, nourrissant nos interrogations de ses propres doutes, de ses échecs, de ses passions.
Historienne, directrice de recherches à l'Université de Paris-VII. Elisabeth Roudinesco est l'auteur de plusieurs livres qui ont fait date, notamment Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan. Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée, Dictionnaire de la Psychanalyse (avec Michel Plon).
Essais
Des psychothérapeutes posent à Françoise Dolto des questions relatives à des cas précis qui leur posent problème. Sur le simple exposé du cas, Françoise Dolto intervient avec une maîtrise saisissante : établissant des analogies avec des cas semblables, repérant les résistances du thérapeute lui-même et donnant des indications sur la marche à suivre.
L'analyse d'enfants requiert l'écoute d'un langage qui n'est pas toujours verbal. Pour comprendre un enfant, il faut lui faire représenter par des dessins ou des modelages ce qu'il a à dire.
Françoise Dolto éclaire ces questions et guide les jeunes psychanalystes dans ce travail particulièrement difficile : comment amener les enfants à s'exprimer ? Comment respecter la relation de l'enfant avec ses parents tout en poursuivant la cure qui, pour ces derniers aussi, est souvent éprouvante ?
L'on comprend alors qu'un enfant, même très jeune, a déjà un long passé : le sien, plus celui de ses parents.
La plus libre des disciples de Freud, cette Lou Andreas-Salomé (1861-1937) qu'il appelle par son prénom et à laquelle il a confié la formation analytique de sa fille Anna, adresse au maître en hommage d'affection pour son soixante-quinzième anniversaire cette lettre ouverte. L'amie de Nietzsche et de Rilke, l'écrivain qui a laissé sur chacun d'eux la plus lucide des études, touche au cœur de l'analyse comme de l'écriture. Thérapeute, elle est du sérail. Freud n'hésite pas : il publie le livre aux Éditions psychanalytiques.
Jacques Lacan continue de faire l'objet des interprétations les plus extravagantes, tantôt idole, tantôt démon. Mais le contexte, lui, a changé : l'époque héroïque de la psychanalyse a pris fin, nous vivons l'éclosion des psychothérapies, mille et une façons d'apaiser les souffrances contemporaines en vertu de pratiques toujours plus réglementées par l'État. Rappeler, dans ces conditions, ce que fut la geste lacanienne, c'est se souvenir d'abord d'une aventure intellectuelle et littéraire qui tint une place fondatrice dans notre modernité : liberté de parole et de mœurs, essor de toutes les émancipations (les femmes, les minorités, les homosexuels), espoir de changer la vie, l'école, la famille, le désir. Car si Lacan se situa à contre-courant de bien des espérances de l'après-68, il en épousa les paradoxes, au point que ses jeux de langage et de mots résonnent aujourd'hui comme autant d'injonctions de réinstituer la société.
Retour sur sa vie, son œuvre, ce qu'elle fut, ce qu'il en reste, avec pour guide sa meilleure spécialiste.
Historienne, directrice de recherches à l'Université de Paris-VII, Élisabeth Roudinesco est l'auteur de nombreux livres qui ont fait date.
La Guerre des étoiles, Titanic, l'imaginaire des contes et légendes, le rêve, le comportement des animaux : c'est en s'immergeant dans l'univers mental des adolescents d'aujourd'hui que la meilleure spécialiste française de la psychanalyse et de son histoire donne corps à une réalité que l'on ne voit pas mais qui n'en détermine pas moins nos manières de vivre.
Une grande réussite pédagogique.
Historienne, Élisabeth Roudinesco est l'auteur de plusieurs livres qui ont fait date, notamment Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan, Dictionnaire de la psychanalyse et Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre (Prix Décembre, 2014).
Retrouvez la vidéo de la conférence au Collège des Bernardins : De la barbarie extrême à la cruauté ordinaire, le mal entre exception et banalité en cliquant ici
Séminaire de psychanalyse d'enfants 2
Ce deuxième volume du Séminaire de Françoise Dolto porte sur l'éthique de la psychanalyse d'enfants, c'est-à-dire sur le respect de l'enfant comme sujet capable d'assumer sa souffrance et son désir. L'exigence éthique de Françoise Dolto oriente toute sa clinique : repérer la place du sujet dans ce qu'il dit, écouter sa parole prise dans son symptôme, dans le discours de ses parents, voire dans la cacophonie généalogique.
Sont présentés en alternance les réponses de Françoise Dolto aux questions de thérapeutes sur leur pratique ou sur des cures conduites par la psychanalyste et des échanges sur des points techniques. Parmi celles-ci : le déroulement des entretiens préliminaires, les critères de la fin d'une psychothérapie, le cadrage d'un traitement, le paiement symbolique.
Françoise Dolto (1908-1988)
Psychanalyste française travaillant dans le sillage de Jacques Lacan, elle n'a cessé de défendre la " cause des enfants ". Elle est notamment l'auteur, au Seuil, de Lorsque l'enfant paraît (1977, 1978, 1979) et du Cas Dominique (1971).
Édition réalisée avec la collaboration de Jean-François de Sauverzac
Qui ne s'est pas senti piégé, à un moment ou à un autre, à l'intérieur de sa propre famille ? Qui n'a eu l'impression d'être écrasé par une réalité sur laquelle il n'avait pas de prise ? Cet ouvrage éclaire d'une lumière nouvelle ces situations, que nous connaissons tous - mon fils refuse d'étudier ; je n'arrive ni à changer mon couple ni à partir ; dois-je révéler un secret qui me pèse ? et si c'est le cas, comment ? Ce n'est pas la réalité en tant que telle qui nous piège, mais une représentation de cette réalité, qui s'est construite au cours des années et des événements. Chacun joue son rôle à lui dans ce scénario familial : si je parviens à modifier mon propre rôle, peut-être pourrais-je changer l'ensemble de la pièce... Mais comment parvenir à ce changement ?
Ce dialogue mère-fille retrace les premières années de la vie de Françoise Dolto. La célèbre psychanalyste lève le voile sur sa vocation précoce, partage ses réflexions sur ce qui peut construire ou détruire un enfant. Les interrogations de Dolto petite fille, tour à tour douloureuses et enjouées, ont une portée universelle. Un témoignage autobiographique unique et bouleversant.
Françoise Dolto (1908-1988), pédiatre de formation, a été la pionnière de la psychanalyse des enfants en France. Ayant accepté de communiquer son expérience aux éducateurs et aux parents, elle a bénéficié de son vivant d'une grande notoriété. L'essentiel de son œuvre, dont Le Cas Dominique, est disponible en Points.
" Avec Enfances, on s'approche de cette zone de turbulences où demeurait en elle l'enfance : entre bricolage et déraison, entre création de tous les possibles, et éparpillement de soi. On est ému. "
La Quinzaine littéraire
Lors de sa parution en 1986, le livre de Lydia Flem avait rencontré une large audience. C'était le premier ouvrage d'une jeune femme qui arrivait sur une scène où se bousculaient tant de figures de la psychanalyse en France. Sa venue avait néanmoins retenu l'attention de ceux qui espéraient un renouvellement du langage psychanalytique.
Lydia Flem entreprenait non pas " un retour à Freud " mais un cheminement avec lui, à travers un style qui, en un sens, traduit en écriture le geste sensible de Freud prenant l'auteure par le bras dans un rêve qui présage le livre et qu'on lit en ouverture.
Dans son ouvrage l'auteure choisit de souligner l'importance de ce que Freud veut dire par " cristallisation des expériences de la vie quotidienne " en adoptant une démarche qui allie histoire et littérature. Car c'est dans son écriture que Lydia Flem éclaire l'entrelacement du sensible et de l'abstrait qui sont au principe de l'élaboration du quotidien comme concept freudien. Lorsque l'écriture n'est pas qu'un moyen, mais le lieu d'une expérience, comme dans le cas présent, elle produit l'écrivain, plus exactement cette sorte d'écrivain qui conduit son lecteur à éprouver le passé comme un présent vivant, parce qu'il a engrangé ce que le savoir historique du moment a établi en le traduisant dans un récit et dans un style.
On mesure, dans un après-coup de trente ans, combien ce premier livre d'une jeune auteure (elle avait trente-trois ans) a creusé un sillon dans lequel furent semés d'autres livres dont le quotidien est au cœur du récit, en pensant à Comment j'ai vidé la maison de mes parents (2004), ou bien à La Reine Alice (2011).
Fethi Benslama
Mémoires d'un névropathe
1893 : D. P. Schreber, président de chambre à la cour d'appel de Dresde, alors âgé de près de cinquante ans, doit être placé dans un asile du royaume de Saxe.
1900 : Schreber engage un procès en levée de son " interdiction " afin de pouvoir sortir librement de l'asile. C'est à cette occasion qu'il écrit les Mémoires d'un névropathe.
1902 : Schreber gagne son procès en appel.
1903 : publication des Mémoires.
Voici donc traduit en français ce texte qui, depuis plus d'un siècle, fournit un document essentiel à tout travail sur la paranoïa, depuis Freud (1911) jusqu'à Lacan (1955) et à ses élèves.
Traduit de l'allemand par Paul Duquenne et Nicole Sels
Le corps et sa danse
La danse est une réponse à l'événement sans recours où le corps, cloué devant l'impossible, veut pourtant vivre et se mettre en marche, en mouvement. C'est une réponse, partie depuis la nuit des temps, donc à l'œuvre dans l'inconscient : " Il y a autre chose, il y a de la place, bouge ! "
L'analyste cherche les mots pour faire bouger les vies bloquées. La danse cherche le geste pour se donner ces mots de passe. Dans les deux cas, il y va de la rencontre avec l' autre.
La danse, ouverture du corps, ou plutôt de l'entre-deux-corps, mais sur quoi ?
C'est ce qu'on explore ici.
D. S.
Daniel Sibony
Écrivain, psychanalyste, il est auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont De l'identité à l'existence (O. Jacob, 2012) et Islam, phobie, culpabilité (O. Jacob, 2013). Trois nouvelles suites sur la danse figurent dans Fantasmes d'artistes (O. Jacob, 2014).
Qu'est-ce qu'un obsessionnel ? Quelqu'un comme vous et moi, peut-être ? Oui, mais qui doute. Non parce qu'il ne serait pas sûr de lui. Mais parce que ce doute lui est nécessaire pour désirer. Pour vivre. Ou, plutôt, pour ne pas mourir tout à fait.
Alors il « procrastine », s'interdit de réaliser la plupart de ses désirs, ou s'en fait au contraire un devoir - ce qui revient presque au même. Alors il vit le sexe comme un embarras, l'amour comme son évitement, la répétition comme un refuge, la mort comme un recours, et la pensée (parce qu'il ne peut s'empêcher de croire en sa toute-puissance magique) comme une menace. Dont il lui faut donc se protéger. En se faisant débile, par exemple. En se sentant coupable de tout, quand bien même n'accepte-t-il d'être responsable de rien. En ruminant, en priant, en étant en dette pour la vie - et seul pour toujours.
Et en n'achevant jamais rien. Pas même son propos. Parce que c'est toute la vérité qu'il veut dire, et tout d'un coup, et que c'est ainsi qu'il rencontre le mieux l'impossible qui soutient son existence.
Nous donnant ainsi une magistrale leçon sur le fonctionnement psychique ordinaire, et sur le monde en général.
Ce qui, certes, nous écarte beaucoup des propos habituels des traités de psychopathologie, des opuscules de pleine conscience et des guides de recettes de vie.
Mais nous fraye une voie d'accès royale à la psychologie - la vraie !
Le réel ne peut se saisir : il se donne en se dérobant comme angoisse ou comme jouissance. L'ordre des choses (ce qu'on appelle : la réalité) s'établit en masquant le réel, que les différents discours s'emploient à contenir. Sauf celui de la psychanalyse. Car un sceau consacre le dérobement du réel : c'est l'objet de la pulsion tel que la psychanalyse l'a tôt reconnu et tel que J. Lacan l'a conceptualisé comme objet a. Pour démasquer le réel, le psychanalyste doit repérer cet objet - encore plus sûrement qu'il ne doit savoir manier la lettre.
A partir de trois observations, et au long du texte d'un semestre d'enseignement à Vincennes, une question s'impose ainsi comme une suite à celle de Psychanalyser : "être psychanalyste" n'est-ce pas, en définitive, tenir compte du réel ?
Comment vous libérer de l'influence de vos souvenirs traumatiques
avec les outils de l'EMDR
L'EMDR est une technique de psychothérapie mondialement reconnue pour son efficacité. Dans ce nouvel ouvrage, Francine Shapiro, sa créatrice, explique en termes clairs et accessibles le fonctionnement du cerveau, et, à partir du récit de nombreux cas résolus par l'EMDR, propose des exercices simples qui permettront au lecteur de mieux comprendre certaines de ses réactions et de modifier en profondeur son comportement.
En effet, qu'on ait connu seulement de légers revers ou au contraire des traumatismes majeurs, la vie de chacun d'entre nous est influencée par ses souvenirs, et par des expériences parfois oubliées ou mal comprises qui nous font agir comme ànotre insu.
Dépasser le passé vous propose des récits de cas qui éclairent la condition humaine, et des techniques efficaces et pratiques pour prendre sa vie en main.
Francine Shapiro, docteur en psychologie au célèbre Mental Research Institute de Palo Alto, est la fondatrice de la thérapie EMDR. Elle a reçu, entre autres distinctions internationales, le prix Sigmund Freud de la ville de Vienne pour ses apports à la technique de la psychothérapie.
Elle a notamment publié Des yeux pour guérir (Seuil, 2005 ; "Points Essais", 2014).
Traduit de l'anglais (États-Unis) par François Mousnier-Lompré