Un peintre, un homme, un génie. Picasso fut un homme pour qui peindre voulait dire voir, et qui mieux que personne «vit» son siècle. Visionnaire, oui. Engagé corps et biens dans son absolu. Homme public dont l'existence tumultueuse fascina toujours les foules, il était aussi un personnage farouche, secret, imprévisible. Des premiers pigeons crayonnés de Malaga aux périodes bleue et rose, des folles années montmartroises aux Demoiselles d'Avignon, de l'explosion surréaliste à Guernica, des femmes en pleurs à la femme-fleur, il fut celui qui disait sans relâche : «Je ne cherche pas, je trouve.»Marie-Laure Bernadac et Paule du Bouchet retracent le destin d'un homme qui a marqué le vingtième siècle d'une empreinte de feu.
En 1874, Impression, soleil levant déchaîne la critique.
Les impressionnistes, ces " malades de la rétine bouleverseront pourtant la peinture. Touche et couleurs sont fragmentées pour traduire les vibrations de la lumière, jusqu'à cette étape ultime, les Nymphéas, qui font de Monet l'un des précurseurs des abstraits. Sylvie Patin laisse parler le peintre. Une passion pour la nature, un regard, une vision, un oeil... - " Monet ce n'est qu'un oeil... Mais, bon Dieu, quel oeil ! ", s'exclamait Cézanne -, une vie immensément longue, un lieu, enfin, Giverny, désormais indissociable de l'oeuvre du maître.
Peintre, sculpteur, dessinateur, graveur, créateur d'objets d'art décoratif, écrivain, Alberto Giacometti n'a cessé d'explorer de nouvelles voies. Depuis ses débuts dans l'atelier de son père jusqu'à sa consécration internationale dans les années 1960, son parcours démontre une détermination farouche à inventer de nouveaux modes de représentation avec les moyens les plus réduits et à partir des motifs les plus traditionnels : le portrait, la nature morte, la figure humaine, le paysage. Sa brève incursion dans le surréalisme conforte sa croyance en une réalité au-delà des apparences, et c'est cette réalité en perpétuelle mutation qu'il cherche sans relâche à restituer. Ses oeuvres en s'accumulant avec le temps façonnent un monde inquiétant et merveilleux, mettant en évidence la cohérence de sa démarche. Dépassant l'imagerie réductrice de l'artiste solitaire et angoissé de l'époque existentialiste, Véronique Wiesinger montre la complexité contradictoire et la qualité expérimentale de l'oeuvre de Giacometti, à jamais contemporaine.
D'un surréalisme peut-être le plus pur, les visions oniriques de ce «peintre-poète» que fut Miré ont déconcerté ses amis surréalistes - elles furent davantage comprises par les dissidents du mouvement, Bataille, Leiris, Einstein. La liberté de son art, résolument moderne, façonné dans le refuge catalan de Mont-roig et dans ses ateliers parisiens, le place en réalité en position d'écart radical au sein des avant-gardes du XXesiècle, tant il fait retentir une vibration personnelle, entre exigence permanente d'intériorité et désir d'universalité. Avec une obstination de stratège, Miró voulut aller «au-delà» de la peinture. Les défis qu'il s'est lancés - redonner à l'art le pouvoir originel perdu, la mission de revivifier par grands signes archétypaux les mythes immémoriels - l'ont conduit à explorer toutes les pratiques, qu'il n'a cessé de subvertir, avec un jeu d'humour et d'invention toujours en éveil.
Après avoir été l'animateur d'un cirque de figurines miniatures et dessiné dans l'espace avec du fil de fer, Calder a inventé l'une des expressions les plus neuves et les plus audacieuses de la sculpture du xxe siècle : le mobile.
Des formes abstraites en suspension décrivent dans l'espace la danse des planètes ou évoquent la faune et la flore naturelles. Ces constructions aériennes trouvent bientôt un pendant de poids avec les stabiles, géants de métal posés au sol. Avec eux, Calder est devenu l'un des principaux créateurs d'art public et monumental du siècle. Dépassant le mythe tenace de l'artiste-enfant et du génial bricoleur, Arnauld Pierre montre l'importance historique des inventions de Calder, dont il retrace la genèse et qu'il situe à leur véritable place : une des toutes premières.
Amateur ! Collectionneur ! Maurice Rheims est en réalité le plus fieffé des curieux ; magicien amoureux fou de toutes les choses de l'art, il est captivé tout autant par le climat historique, anecdotique, scientifique, moral, intellectuel qui leur a permis d'arriver jusqu'à nous malgré l'opacité du temps. Sa passion s'exprime ici en neuf chapitres aussi brillants que pleins d'humour, ou bien riches d'informations extraordinaires. Ils sont consacrés successivement à La Curiosité, au Créateur, à L'Anticomanie, à La Guerre, à La Table, à La Maladie, à La Mort, à L'Argent au Vrai et au Faux. L'analyse d'un faux Vermeer, du portrait de Marat par David, d'une Madone de Raphaël, d'un Vlaminck suspecté par l'artiste lui-même, son expérience de commissaire-priseur, l'évolution de la Mode au long des siècles sont pour l'écrivain une source infinie de surprises tour à tour enthousiastes, graves, amusées dont chacun de ces textes communique au lecteur le merveilleux et vivant plaisir.