Destiné à un large public, l'ouvrage offre une synthèse des connaissances en sciences sociales sur les coopératives énergétiques citoyennes et met au débat la prise en compte à la fois collective, territoriale et individuelle des questions écologiques, en se fondant sur des expériences concrètes et leur restitution, vivante et distanciée, à partir d'observations et de propos d'acteurs.
L'ouvrage présente à travers des approches multidisciplinaires (sociologie, géo-physique, design, philosophie, architecture) les facettes plurielles du problème écologique posé par le smartphone.
En posant la question «?Faut-il voyager pour être heureux???», l'exposition présentée à la Fondation groupe EDF souhaite déranger le réflexe qui fait du voyage un incontournable ingrédient du bien-être. Les mesures prises par les gouvernements pour lutter contre la Covid-19 ont souligné le degré de notre dépendance au mouvement.
L'art contemporain mobilise la créativité pour éclairer le réel et bouscule la part d'enchantement du voyage, souvent perçu comme un vecteur de connaissance, de dialogue et de développement.
Si les voyages édifient parfois les consciences, n'oublions pas l'empreinte écologique des infrastructures, l'impact d'un tourisme qui transforme si souvent l'ailleurs en espaces de consommation. Rappelons qu'en matière de déplacements, les inégalités sont frappantes?: lorsque des populations migrent par nécessité, d'autres se déplacent par plaisir.
Le voyage, ce composant du bonheur pour beaucoup, apparaît aussi comme un baromètre de l'invivabilité du monde. En 2019, en France, 31?% des émissions de gaz à effet de serre sont dus aux transports. En 2020, la pandémie, en quelques jours, a stoppé net l'industrie touristique. Dans un monde fini, peut-on imaginer une mobilité infinie et sans dommages??
AVEC DES oeUVRES DES ARTISTES : DAVID ANCELIN, MALI ARUN, DAVIDE BALULA, TAYSIR BATNIJI, MIKE BRODIE, EMILIE BROUT ET MAXIME MARION, STÉPHANE DEGOUTIN ET GWENOLA WAGON, STEFAN EICHHORN, SIMON FAITHFULL, JULIE FORTIER, HAMISH FULTON, ANDY GOLDSWORTHY, PIERRE HUYGHE, EMILY JACIR, BOUCHRA KHALILI, KIMSOOJA, ANGE LECCIA, BARBARA ET MICHAEL LEISGEN, INKA ET NICLAS LINDERGÅRD, JEAN-CHRISTOPHE NORMAN, MARTIN PARR, ABRAHAM POINCHEVAL, RICHARD, CAMILLE MARTIN, MARINE PONTHIEU, SANTIAGO SIERRA, NATHALIE TALEC, MARK WALLINGER, GWENOLA WAGON.
Pendant environ 200 000 ans, l'Homme fut une espèce souvent en danger d'extinction qui serait passée inaperçue si un naturaliste extra-terrestre avait exploré la faune terrestre en ces temps reculés. C'est son extrême socialité et la puissance de son système cognitif qui lui ont permis de survivre malgré ses faibles capacités physiques et sa grande vulnérabilité.
Avec la révolution néolithique, un emballement inattendu se produisit. Le frêle mammifère à gros cerveau devint un terrible prédateur et un terrible destructeur si bien qu'aujourd'hui le problème fondamental auquel nous sommes confrontés est celui de préserver notre planète. Nous sommes donc la génération d'une révolution anthropologique majeure : nous savons désormais que la planète est fragile et qu'il faut la préserver pour éviter un futur potentiellement catastrophique.
Pourtant, même les individus les plus sensibles à la crise environnementale continuent de vivre comme si de rien n'était ou presque. Nous sommes quasiment tous en état de dissonance cognitive, perpétuellement écartelés entre notre irrésistible propension à satisfaire des désirs toujours renouvelés et la conscience douloureuse que nos comportements ne sont pas compatibles avec la préservation de notre environnement.
Les raisons d'un tel hiatus sont nombreuses, profondes, en grande partie inconscientes et interviennent à différents niveaux de l'organisation de nos sociétés. C'est l'objet de ce livre de les analyser à la lumière des travaux les plus récents en psychologie, neurosciences, anthropologie, éthologie et économie. En réalité, derrière la sophistication de nos sociétés et de notre technologie, nous demeurons mus par des déterminismes psychologiques et biologiques archaïques qui font obstacle à la gestion rationnelle et lucide de la crise environnementale.
Se libérer de tels déterminismes n'est possible qu'à condition d'en prendre conscience. C'est la condition nécessaire au possible développement d'une société écologico- compatible dont les bases politiques et économiques sont exposées dans cet ouvrage.
Ous la dénomination apparemment politique et scientifique de collapsologie, l'effondrement de la société thermo-industrielle est conçu comme la baisse rapide et irréversible de certains services de base fournis à l'ensemble de la population et (parfois) garantis par la loi : air respirable, eau potable, alimentation, énergie, ramassage et traitement des déchets, sécurité, télécommunications, mobilité, etc. Dans ce dossier, il s'agit d'étudier la réalité et les composantes des courants effondristes et de comprendre pourquoi ils ont une audience. Est en cause une tension entre, d'une part, le besoin de « rendre le monde disponible », c'est-à-dire d'en contrôler toutes les dimensions, de recourir à des moyens de ce contrôle pouvant aller jusqu'au transhumanisme, autrement dit jusqu'à la construction de l'homme-machine, avec le risque corollaire, celui d'une perte de capacité de renouvellement de la pensée. Et, d'autre part, le constat de pouvoirs globaux, insaisissables, ce dont « l'incertitude », l'effondrement des « règles » de protection seraient une traduction - d'où l'obsession de la sécurité et la haine de « l'étranger parmi nous ». Simultanément, des références à Kropotkine, et plus près de nous à Alexandre Grothendieck et au mouvement Survivre et Vivre, reprennent de la vigueur et trouvent de nouvelles filiations. Un paradoxe nous est posé : les collapsologues occupent dans la Cité la fonction traditionnelle de prophètes de malheur, dégagée de référence religieuse explicite ; mais cette fonction reste essentielle. C'est ainsi que l'écologie politique est confrontée à son rôle en matière de pensée critique. Quelle en est l'actualité ? Telle est la question essentielle que pose ce dossier.
La démocratie, telle qu'elle fonctionne aujourd'hui en France, est le principal obstacle à la nécessaire transition écologique à opérer pour éviter que les désastres en cours ne s'accentuent et ne conduisent à terme à l'effondrement de notre modèle social prophétisé par divers auteurs. La démocratie du productivisme est celle du marché libre s'opposant à l'écologie à la fois par l'abondance des modèles de consommation et par divers obstacles culturels, sociaux, politiques, économiques, démographiques ou technologiques.
Si les milliers d'expérimentations et de réalisations locales que porte le mouvement de l'Économie sociale et solidaire, ainsi que les politiques de préservation (parc, réserves, zones protégées, etc.) sont des plus utiles, elles n'agissent pas à la source sur les fondements du productivisme, sur les questions transversales de l'emploi industriel ou de l'urbanisation, ni sur les transports longue distance ou sur la préservation du modèle de protection sociale en économie décroissante. Enfin, interviennent les contradictions entre le temps long des problèmes et le temps électoral ou politique court, ou entre le caractère virtuel, l'invisibilité relative, de certains désastres en cours, concernant surtout les prochaines générations, et les conditions de vie très concrètes, dures au jour le jour pour une grande partie de la population.
L'entrée en Anthropocène questionne les modes de vie à plus d'un titre.
Notre société va-t-elle s'effondrer ?
L'avenir de la Terre est-il sur Mars ?
Le futur est-il nécessairement décroissant ?
Faut-il développer les voitures électriques et les avions à hydrogène ?
La complexité des problèmes de l'Anthropocène nécessite des prises de décision politique qui anticipent les changements à venir. Or le temps politique n'est pas nécessairement celui des changements environnementaux et sociaux. Il faut du temps pour se mettre d'accord... alors même que l'urgence climatique est là...
Face aux incertitudes, de nombreuses visions du futur se déploient dans l'espace social, aussi bien dans les productions scientifiques, les débats politiques, que dans les industries culturelles. Intégrer une pensée du long-terme dans les actions présentes, renouveler la manière dont les décisions sont prises constitue un défi pour les démocraties.
Est-ce que cette manière de penser les problèmes peut s'apprendre ?
La figure du paysan?: l'engouement pour les Amap et l'agriculture de proximité ne doit pas pour autant effacer la place centrale du paysan. Le récit initiatique de Romuald permet de retracer les principales étapes d'une installation et du développement d'une petite ferme.
L'ouvrage propose un récit sonore de l'Anthropocène. Nous faisons dans cet ouvrage la proposition d'une éthique de l'écoute, adossée à une esthétique sonore de l'environnement, pour que l'être humain prenne conscience de son appartenance à une « communauté acoustique » et son rôle de participant aux paysages sonores.
Cultiver son jardin. Au coeur de cette activité ordinaire s'entremêlent des problèmes éthiques, cosmologiques, religieux, économiques, politiques, esthétiques. Ici, rien n'est pur.
Pourquoi cette expérience a-t-elle été délaissée par les sciences humaines ? Est-ce parce qu'embrouillée et impure, on a préféré la dédaigner comme Bachelard, en son temps, méprisait la pensée au goût salé du charcutier ?
Le jardin occidental prolonge sans doute l'imaginaire de la maison et de l'intimité mais ne s'y limite pas. Il entoure. Ce faisant, il est un trait d'union entre soi-même et les autres, le lieu d'expérimentations de relations au vivant et d'ordonnancement d'un bout d'univers. Comme l'histoire nous l'enseigne, derrières les haies, se déploient une fantaisie active et une variété de façons d'appréhender « l'usage de la nature ». Aujourd'hui, plus que jamais, bousculant l'ordre institué, des jardiniers inventent d'autres modes d'intervention pour une éthique renouvelée.
Comment allons-nous manger demain et qui produira notre nourriture ?
Cette question peut paraître saugrenue pour de nombreux Occidentaux qui ont accès à une nourriture abondante, variée et à un prix modeste. Elle l'est beaucoup moins pour des milliards de personnes qui souffrent de la faim ou de carences alimentaires dans les pays en développement.
Manger à sa faim et à un coût modeste constitue une prouesse pour une partie seulement de l'humanité depuis moins d'un siècle.
Faut-il changer l'école pour changer de modèle de société ou changer de modèle de société pour changer l'école ? L'Anthropocène impose une transition des sociétés modernes vers un nouveau modèle d'organisation politique et de fonctionnement économique. Une transformation sociale d'une telle importance requiert de sortir du paradigme de la Modernité. L'institution scolaire, qui participe a` cette construction d'un rapport au monde particulier, peut contribuer a` une métamorphose de la société, a` condition d'entreprendre une mutation conséquente.
Le point de départ de cet ouvrage est de considérer que l'Anthropocène ne désigne pas seulement une crise de la nature comme dans l'interprétation qui en est habituellement donnée, mais que cette crise écologique est étroitement associée à une crise de l'homme, les deux crises puisant aux mêmes racines, dans une interaction continue entre nature et sociétés.
Sans se limiter à la période industrielle, la question de l'Anthropocène est mise en perspective en l'envisageant dans la très longue durée pour suivre les trajectoires croisées des sociétés et de la nature depuis l'émergence de l'homme, soit depuis environ 3 millions d'années.
Destiné à un large public, cet ouvrage offre une présentation de toutes les facettes écologiques de l'Anthropocène telles qu'elles sont envisagées par la communauté scientifique internationale : réchauffement climatique mais aussi expansion démographique, nouvelle extinction de masse des espèces, artificialisation et pollution des écosystèmes, autant de signes prémonitoires d'un effondrement imminent. Il explore également la crise de l'homme et des sociétés que recouvre le terme d'Anthropocène. À travers une relecture du récit de la Modernité et de son rôle dans la structuration du système-monde contemporain, il tente d'identifier les ressorts du piège qui s'est peu à peu refermé sur la nature et sur les hommes. Pour se réconcilier avec la nature, l'homme doit aussi se réconcilier avec lui-même.
Nous pouvons relever un ensemble de caractéristiques de la période contemporaine participant d'un empêchement de l'exercice de la citoyenneté (l'accélération, la modification de façon durable des conditions d'habitabilité de la planète Terre, la révolution numérique et technoscientifique, la montée des radicalisations religieuses et politiques, l'explosion des inégalités sociales...). Par ailleurs, la domination des logiques économiques de maximisation des intérêts individuels vient également entraver les conditions d'exercice de la citoyenneté, qui, elles, sont politiques. Ces caractéristiques confrontent l'exercice de la citoyenneté à un ensemble de difficultés. Pour bon nombre d'individus la citoyenneté apparaît d'abord comme étant empêchée. Peut-on aujourd'hui aller jusqu'à appréhender le temps présent comme caractérisé par une citoyenneté empêchée ? Les difficultés d'exercice de la citoyenneté ne seraient-elles pas un des enjeux fondamentaux du temps présent ?
Aux frontières de l'imaginaire politique de la nation, les Outre-mer et leurs habitants sont aussi aux marges des conceptualisations des enjeux écologiques globaux depuis la France. Cette marginalisation est surprenante tant au regard de leurs écosystèmes, abritant 80 % de la biodiversité nationale dont une forêt primaire en Guyane, 20 % des atolls de la planète en Polynésie et la plus grande barrière récifale au monde en Nouvelle-Calédonie, qu'au regard de leurs luttes. Des manifestations contre les pesticides aux Antilles à la quête de justice à la suite des essais nucléaires en Polynésie en passant par les oppositions à l'extractivisme minier en Guyane ou aux politiques de déchets à La Réunion, les habitants des Outre-mer ont produit des conceptualisations de la crise écologique à partir de leurs situations postcoloniales. En collaboration avec l'Observatoire Terre-Monde, ce dossier propose de penser ces écologies politiques depuis les Outre-mer.
Il faut repenser l'éducation en proposant des renouvellements paradigmatiques ainsi que des préconisations éducatives qui se doivent de dépasser l'éducation à l'environnement ou l'éducation au développement durable).
L'entrée dans l'Anthropocène amène des questions sans précédent, notamment celle de la fin possible de l'espèce humaine. C'est sur l'existence même d'un avenir possible que porte l'incertitude contemporaine.
Ce qui pouvait avoir de la valeur il y a quelques décennies peut devenir obsolète à la lumière de la conscience de l'entrée dans l'Anthropocène. Un chantier de définition de ce qu'est éduquer à l'époque de l'Anthropocène est à entreprendre.
L'éducation est le moyen politique par excellence des changements durables du moyen et du long terme.
Dans les années 1950, la France bascule dans une société de consommation. Cela ne se fait pas sans résistances. Bien que rarement motivées par l'« écologie » en tant que science de la biosphère, les résistances cherchent à préserver un « monde vécu » (André Gorz) contre l'envahissement de logiques extérieures et mal maîtrisées, cependant non sans un désir d'obtenir une juste part de la production, désir sur lequel s'appuiera le socialisme.
Quelques décennies plus tard, sondages et enquêtes montrent qu'une large part de la population a conscience des enjeux écologiques au sens très général du terme, sans pour autant disposer d'une intelligibilité fine qui lui permettrait de se repérer avec suffisamment de certitude entre les causes et les conséquences des problèmes. De puissants intérêts s'opposent à une telle évolution des consciences, perçue comme pouvant menacer la bonne conduite des affaires. De fait, la pression consumériste demeure, comme en témoignent les travaux sur les usages d'Internet dans les classes populaires. Dans ce contexte, la réaction des Gilets jaunes face à la taxe carbone a pu être interprétée comme une contestation de ce qui était présenté comme une « mesure pour sauver la planète ». Et si les classes populaires investissaient l'écologie autrement que les écologistes attitrés ou les mouvements constitués ? Les enquêtes proposées ici montrent d'autres voies, d'autres rêves, plus proches de la maîtrise cégétiste low-tech de l'outil de production que de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
La dynamique des technosciences, qui participe de la mondialisation du capital et du néocolonialisme, en est venue, dans sa guerre d'extermination de la nature vivante, au projet de lui substituer une nature artifi cielle (biologie de synthèse, géoingénierie), préparant la construction de technocosmes et la colonisation de l'Univers. À ce dessein d'artifi cialiser la nature correspond celui d'artifi cialiser l'humain, découlant des progrès médicaux, génétiques et informatiques : cyborgisation du corps, extension illimitée des capacités physiques et corporelles, prise en charge technoscientifi que de la reproduction, eugénisme, allongement indéfi ni de l'existence. Soutenue par le mouvement transhumaniste aussi bien que par l'imaginaire propagé par les médias de masse, qui portent la religiosité du Progrès à son paroxysme, disposant de puissants soutiens politiques et fi nanciers, cette résolution de s'extirper de la condition humaine est-elle désirable et vraisemblable ? Ne va-t-elle pas conduire, plutôt qu'à l'avènement d'un « paradis artifi ciel », à la généralisation de conditions inhumaines, voire infrahumaines ? N'est-elle pas la tentative désespérée et suicidaire de maintenir intacts les invariants de la domination industrielle
Le développement économique mondial de la société thermo-industrielle repose sur une réalité physique que l'on a longtemps eu du mal à saisir et qui peut être résumée à une accélération vertigineuse des flux de matières utilisées pour alimenter l'activité humaine.
L'extractivisme décrit cette logique de prélèvement massif de ressources venant alimenter la machine économique.
Utilisé de manière critique au tournant du XXIe siècle par des chercheurs et des militants d'Amérique du Sud pour décrire le phénomène d'exploitation intensive et généralisée de la nature dont ils étaient témoins sur leurs territoires, le terme d'extractivisme tend par la suite à se généraliser à l'ensemble des projets d'exploitation industrielle de la nature. Projets qui ignorent aussi bien l'épuisement des ressources que les impacts destructeurs d'un point de vue social et environnemental. Cette logique d'extraction de valeur à des fins d'accaparement ou de dépossession, peut s'appliquer à l'exploitation de ressources sous toutes ses formes : force de travail, savoirs (data mining), connaissances autochtones (biopiraterie), etc.
Les sociétés industrielles sont des (im)mondes technologiques.
Les technologies y sont omniprésentes dans toutes les dimensions de l'existence et cette dépendance aux artéfacts ne cesse de s'accentuer avec l'expansion des nouvelles technologies, servant la pseudo- transition énergétique et numérique. La neutralité de cette accélération technologique, comme de sa capacité à surmonter les nuisances industrielles, est un leurre. Ne pas y succomber suppose au contraire de s'interroger sur ses conséquences environnementales et humaines, culturelles et politiques, et, plus généralement, sur la place qu'occupent les techniques dans les rapports villes-campagnes, en fonction du sens donné à la liberté, à la « vie bonne » et à la démocratie.
La critique du progrès technologique porté par l'imaginaire de la maîtrise a donc pour corollaire le soutien aux projets cherchant à développer des techniques dont la finalité serait le progrès de l'autonomie d'humanités réaffirmant leur appartenance à la Terre.
Ce bref ouvrage propose de penser ensemble la montée en puissance des territoires et des crises écologiques et montre comment les territoires peuvent devenir le coeur de la nécessaire transition vers le bien-être, la résilience et la soutenabilité. Il explore d'abord le « moment territorial » que nous vivons qui résulte autant de la mondialisation que de l'urbanisation puis explique comment le territoire, entendu comme institution social-écologique, peut devenir l'écosystème par excellence de la transition. Mais le moment territorial que nous vivons est lourd d'une menace : l'aggravation des inégalités sociales. C'est l'avertissement sérieux des scrutins récents au Royaume-Uni, aux États-Unis mais aussi en France : à ne plus vivre dans le même espace, on ne vit plus dans la même époque, à ne plus partager le même territoire, on ne partage plus la même cité.
C'est pourquoi la question de la justice territoriale est indissociable de celle de la transition et qu'elle fait l'objet de la dernière partie du livre. C'est à l'horizon de chaque territoire que la transition social- écologique doit être envisagée, mais c'est dans l'égalité des territoires qu'elle doit être menée à bien.
Les écosystèmes dont nous dépendons pour notre survie sont en train de disparaître sous l'effet de notre propre action. En réponse, nous éduquons les individus et cherchons à corriger nos modes de production, soit en transformant volontairement les industries existantes, soit en créant des modèles considérés comme alternatifs. Cet essai propose d'expliquer pourquoi, malgré une conscience écologique toujours plus forte, ces initiatives n'infléchissent pas notre trajectoire. À la croisée des sciences sociales et de la biologie évolutive, il montre que nos organisations industrielles forment des systèmes si complexes et envahissants que nos recherches compulsives de solutions risquent au contraire de les renforcer et d'accélérer l'effondrement de la biodiversité.
L'écologie c'est un peu l'Himalaya. L'urgence d'agir le dispute à la diffi culté d'imaginer un autre monde. En France plus qu'ailleurs peut-être. Au contraire de l'Allemagne, les débats écologiques y sont confl ictuels. Autant de questions sur les choix du modèle français : nucléaire, spécialisation industrielle, institutions, Europe.
Est-ce un hasard si Eva Joly avait entamé sa campagne présidentielle en 2011 par la dénonciation du défi lé du 14 juillet ?
Alors incompatibilité entre la France et le projet écologique ? Les signes d'un sentiment écologiste se multiplient dans la société. Mais les résistances au coeur du pouvoir, des élites politiques et économiques, et parfois scientifi ques, sont palpables. Ce n'est pas seulement une question de privilèges et d'intérêts. L'écologie remet en cause une manière de penser « à la française » : une égalité dont la mise en oeuvre repose sur la centralisation, un État qui assume des missions confi ées ailleurs aux entreprises, une proximité des grands groupes économiques, des administrations et des experts, une foi parfois déraisonnable dans le progrès technique, et des réfl exions sur la nature et les questions environnementales qui s'élaborent indépendamment de la culture politique. (La conférence sur le climat qui vient de se dérouler à Paris en a été un nouveau témoignage ?).
La France changera-t-elle ? Oui si elle se décide à devenir écologique. Changer dans sa relation au monde. Avec l'écologie le Sud redevient au moins aussi important que l'Europe ; c'est là que sont les enjeux de l'adaptation et de la transformation du développement, c'est là que des mots comme justice et égalité prennent un sens vital. Penser le progrès avec la nature ensuite. Avec l'écologie il faut sortir de l'ingénierie et du mécano, renouer avec l'innovation économique, investir pour longtemps en prenant le risque de ne pas savoir à l'avance. Changer enfi n notre relation à la complexité et à la décision, pour penser démocratie et écologie ensemble.
L'écologie n'est ni punitive, ni positive, ni sectaire. Elle dépend de ceux qui la font, la pensent et la pratiquent.
Penser et agir autrement c'est être en situation de conquête. Qui seront dans l'État, le pouvoir économique et les scientifi ques cette avant-garde éclairée et active qui s'engagera dans la bataille culturelle de l'écologie ?
Alors que la production de déchets prend des proportions inédites dans l'histoire de l'humanité, le renforcement des politiques de prévention et de recyclage a réactivé l'idée de lutte contre le gaspillage. En prenant appui sur la longue durée, montrant la relation étroite entre le gaspillage et la dynamique même du capitalisme, il s'agit d'interroger la capacité de rupture des initiatives et des pratiques en plein essor - zéro déchet, repair café, glanage et récupération...
- qui s'inscrivent dans cette lutte. Loin de faire l'unanimité, la notion de gaspillage cristallise un antagonisme fondateur au sein de l'écologie politique et des mouvements environnementaux proche de l'alternative énoncée par André Gorz dès le milieu des années 1970 : « réforme ou révolution ? », accompagner ou refuser un modèle de société capitaliste fondé sur le gaspillage ? Les contributions de chercheurs issus de disciplines différentes (anthropologie, géographie, histoire, philosophie, sciences politiques, sociologie), spécialistes des questions de déchets, de pollution et des mouvements environnementaux, les terrains d'enquête contrastés entre pays industrialisés et pays dits du Sud où la sobriété est moins un choix de mode de vie qu'une nécessité, et le témoignage d'un des pionniers de la prévention des déchets, permettent de réexaminer cette « seconde vie » de la notion de gaspillage. Et si la récup' dans les sociétés d'hyperconsommation servait de motif à celle du mouvement social et donnait à un mode de production les moyens de se redéployer face à la crise écologique ?