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GALLIMARD
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Et comme disait Magroll el Gaviero
Alvaro Mutis
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 25 Août 2008
- 9782070422418
D'Álvaro Mutis on sait, depuis la parution de La neige de l'Amiral, qu'il est l'un des grands romanciers du monde hispanique. On sait moins qu'il se considère, d'abord et avant tout, comme un poète. C'est d'ailleurs dans ses poèmes qu'est né le personnage central du Gabier, Maqroll el Gaviero, son frère, son double. C'est là qu'ont pris forme les paysages, les nostalgies, les obsessions de cette quête désespérée au bord de l'abîme qui constitue la trame de ses romans.La somme poétique rassemblée ici dévide le fil des errances du Gabier : courses au bout des mers, descentes de fleuves, plongées dans le ventre de la terre, longues attentes nocturnes, fuites vers d'impossibles sommets, ou encore remontée dans l'Histoire jusqu'à l'Espagne du Siècle d'or et aux mythes de l'Antiquité. Avec toujours cette hantise de retrouver, au-delà de «la pauvre peau des mots», un monde d'ordre et d'harmonie, un monde intemporel, un monde d'avant le désastre. Un monde que seul peut-être l'amour fou permet d'entrevoir, la mort de rejoindre et le poème d'évoquer.
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Au début des années quatre-vingt, un apparatchik de La Havane, cherchant à surprendre ses collègues de Moscou, a soudain une idée qui lui semble fort originale : si les Russes ont été capables d'envoyer un homme dans l'espace, eux, les Cubains, vont expédier un Noir en Sibérie. Voici comment le jeune journaliste Barbaro Valdés quitte un jour son île tropicale et se retrouve, une semaine plus tard, par -50° aux confins de la taïga. Il est censé écrire une série d'articles sur les vastes projets de développement entrepris par le grand frère soviétique dans cette partie de la planète. Mais, très vite, la couleur des yeux de son interprète, la belle Nadejda Chalamov, l'ntéresse plus que les pipe-lines et les chemins de fer qu'on lui montre. Pour gagner l'amour de cette femme - un amour aussi intense que le paysage sibérien -, Barbaro ira bien au-delà des frontières idéologiques, culturelles, et jusqu'au bout de lui-même : au milieu des plaines infinies, il sera le fils noir du soleil des Caraïbes qui s'attache à jamais au coeur blanc de la neige.
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Mais qui est cet immigré clandestin dont on n'arrive pas à déceler ni l'origine ni la langue ? Qui se cache derrière son silence ? Quelle est l'histoire qu'il ne veut pas (ou ne peut pas) raconter ? En deux cents pages inoubliables, Jesús Diaz met en scène l'incroyable destin de Manuel, le plus brillant des chercheurs cubains de l'Institut International de Basses Températures d'Ukraine, et le seul qui refusa de rentrer à Cuba en 1991, au moment de l'effondrement de l'Union Soviétique. Pendant les douze mois vertigineux qui commencent avec le coup d'État contre Michael Gorbatchev et conduisent à l'interdiction du Parti Communiste, il essaie d'échapper à la police de Castro en changeant de pays, de langue et d'identité, mais en restant toujours fidèle à ses rêves. C'est ainsi que son odyssée devient la métaphore d'un monde à la dérive où tout soudain peut arriver : «L'Histoire est une erreur !», lui confie sa maîtresse, Ayinray, la communiste chilienne qui l'accueille dans son appartement moscovite ; «La liberté est proche !», lui annonce d'un air triomphal son ami Sacha, le nationaliste ukrainien ; «Je ne vois rien de bon dans l'avenir, Manuel, rien», lui dit son directeur de recherches, le vieux et sage Derkatchev. Et il ajoute aussitôt : «Il m'arrive de me demander si l'histoire de l'humanité a un sens». En réalité, elle n'en a ni plus ni moins que la vie d'un homme. Après maintes aventures et mésaventures plus rocambolesques les unes que les autres, le destin du jeune prodige devient celui d'un sans-papiers dans l'Europe de la fin du XX? siècle. Mais une surprise attend encore le lecteur dans les dernières pages et elle est de taille : ce roman d'apprentissage, cette histoire à multiples rebondissements, est aussi un chant d'espoir et un appel à la solidarité entre les hommes, peut-être le plus beau témoignage sur notre époque que nous ait laissé Jesús Diaz.