Au cours d'une conversation très libre, Alessandro Pignocchi, auteur de BD écologiste, invite Philippe Descola, professeur au Collège de France, à refaire le monde.
Si l'on veut enrayer la catastrophe écologique en cours, il va falloir, nous dit-on, changer de fond en comble nos relations à la nature, aux milieux de vie ou encore aux vivants non-humains. Mais qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Dans quels projets de société cette nécessaire transformation peut-elle s'inscrire ? Et quels sont les leviers d'action pour la faire advenir ?
En puisant son inspiration dans les données anthropologiques, les luttes territoriales et les combats autochtones, ce livre esquisse la perspective d'une société hybride qui verrait s'articuler des structures étatiques et des territoires autonomes dans un foisonnement hétérogène de modes d'organisation sociale, de manières d'habiter et de cohabiter.
Des planches de BD, en contrepoint de ce dialogue vif, nous tendent un miroir drôlissime de notre société malade en convoquant un anthropologue jivaro, des mésanges punks ou des hommes politiques nomades et anthropophages en quête de métamorphoses.
Philippe Descola, Professeur émérite au Collège de France, médaille d'or du CNRS, est l'auteur notamment de Les Lances du crépuscule (Plon, 1993), Par-delà nature et culture (Gallimard, 2005), La Composition des mondes (Flammarion, 2014) et Les Formes du visible (Seuil, 2021).
Alessandro Pignocchi, ancien chercheur en sciences cognitives et philosophie, s'est lancé dans la bande dessinée avec son blog Puntish. Ses romans graphiques sont inspirés des travaux de Philippe Descola : Anent. Nouvelles des Indiens Jivaros et les trois tomes du Petit traité d'écologie sauvage (Steinkis, 2016 et 2020).
Et si notre civilisation s'effondrait ? Non pas dans plusieurs siècles, mais de notre vivant. Loin des prédictions Maya et autres eschatologies millénaristes, un nombre croissant d'auteurs, de scientifiques et d'institutions annoncent la fin de la civilisation industrielle telle qu'elle s'est constituée depuis plus de deux siècles. Que faut-il penser de ces sombres prédictions ? Pourquoi est-il devenu si difficile d'éviter un tel scénario ?
Dans ce livre, Pablo Servigne et Raphaël Stevens décortiquent les ressorts d'un possible effondrement et proposent un tour d'horizon interdisciplinaire de ce sujet - fort inconfortable - qu'ils nomment la "collapsologie". En mettant des mots sur des intuitions partagées par beaucoup d'entre nous, ce livre redonne de l'intelligibilité aux phénomènes de "crises" que nous vivons, et surtout, redonne du sens à notre époque. Car aujourd'hui, l'utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant. L'effondrement est l'horizon de notre génération, c'est le début de son avenir. Qu'y aura-t-il après ? Tout cela reste à penser, à imaginer, et à vivre...
Pablo Servigne est ingénieur agronome et docteur en biologie. Spécialiste des questions d'effondrement, de transition, d'agroécologie et des mécanismes de l'entraide, il est l'auteur de Nourrir l'Europe en temps de crise (Nature & Progrès, 2014).
Raphaël Stevens est éco-conseiller. Expert en résilience des systèmes socioécologiques, il est cofondateur du bureau de consultance Greenloop.
Postface d'Yves Cochet, ancien ministre de l'Environnement et président de l'Institut Momentum.
La situation critique dans laquelle se trouve la planète n'est plus à démontrer. Des effondrements sont déjà en cours tandis que d'autres s'amorcent, faisant grandir la possibilité d'un emballement global qui signifierait la fin du monde tel que nous le connaissons.
Le choix de notre génération est cornélien : soit nous attendons de subir de plein fouet la violence des cataclysmes à venir, soit, pour en éviter certains, nous prenons un virage si serré qu'il déclencherait notre propre fin-du-monde-industriel.
L'horizon se trouve désormais au-delà : imaginer la suite, tout en se préparant à vivre des années de désorganisation et d'incertitude. En toute honnêteté, qui est prêt à cela ?
Est-il possible de se remettre d'un déluge de mauvaises nouvelles ? Peut-on simplement se contenter de vouloir survivre ? Comment se projeter au-delà, voir plus grand, et trouver des manières de vivre ces effondrements ?
Dans ce deuxième opus, après Comment tout peut s'effondrer, les auteurs montrent qu'un changement de cap ouvrant à de nouveaux horizons passe nécessairement par un cheminement intérieur et par une remise en question radicale de notre vision du monde. Par-delà optimisme et pessimisme, ce sentier non-balisé part de la collapsologie et mène à ce que l'on pourrait appeler la collapsosophie...
Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle ont une (dé)formation scientifique et sont devenus chercheurs in-Terre-dépendants. Ils ont publié Comment tout peut s'effondrer. Petit Manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes (Seuil, 2015), Le Vivant comme modèle. La voie du biomimétisme (Albin Michel, 2015), Petit traité de résilience locale (ECLM, 2015), Nourrir l'Europe en temps de crise (Babel, 2017) ou encore L'Entraide. L'autre loi de la jungle (Les liens qui libèrent, 2017).
Saviez-vous que les objectifs de « neutralité carbone » reposent largement sur des technologies qui n’existent pas ? Que la destruction d’une zone naturelle peut être « compensée » par l’investissement dans un produit financier ? Que l’on ne produira jamais assez d’hydrogène « vert » pour remplacer le pétrole ? Alors que l’enjeu écologique est décisif, nous avons un besoin urgent de clarifier les débats sur le sujet. Le greenwashing est ce qui nous en empêche. Évoquant tour à tour un verdissement de façade, la récupération d’un discours environnementaliste vidé de sa substance, la mise en place d’innovations aux effets « écologiques » douteux, il biaise le débat public et empêche des choix démocratiques éclairés.
Fort de ses vingt-quatre entrées : croissance verte, économie circulaire, énergies décarbonées, dématérialisation, politiques publiques, nucléaire, transition, véhicule propre, ville durable… ce manuel d’autodéfense intellectuelle permet d’appréhender le greenwashing dans toute son ampleur. Trente-cinq scientifiques et spécialistes de ces questions révèlent les fausses promesses, les illusions rassurantes et les formes d’enfumage qui nous enferment dans des trajectoires insoutenables. Un outil essentiel pour ouvrir la voie aux bifurcations nécessaires.
Aurélien Berlan est docteur en philosophie, chargé de cours à l’université Toulouse Jean-Jaurès ; Guillaume Carbou est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université de Bordeaux ; Laure Teulières est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université Toulouse Jean-Jaurès. Tous trois sont membres de l’Atécopol, collectif de chercheuses et de chercheurs réfléchissant à la question écologique.
Que se trame-t-il exactement sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes ?
Notre anthropologue dessinateur mène l'enquête : s'agit-il d'un kyste peuplé de hippies violents ? Trop drogués pour comprendre qu'il faut partir puisque le projet d'aéroport est abandonné ? Ou de l'avant-poste, en Occident, d'un nouveau rapport au monde, affranchi de la distinction entre Nature et Culture ?
L'enquête emprunte des chemins imprévisibles sur ce bocage qui, d'emblée, nous absorbe, nous transforme et recompose les liens que nous entretenons avec les plantes, les animaux et le territoire.
Ancien chercheur en sciences cognitives et philosophie, Alessandro Pignocchi s'est lancé dans la bande dessinée avec son blog, Puntish. Son premier roman graphique, Anent. Nouvelles des Indiens Jivaros (Steinkis), raconte ses découvertes et ses déconvenues dans la jungle amazonienne, sur les traces de l'anthropologue Philippe Descola. Dans les deux suivants, Petit traité d'écologie sauvage et La Cosmologie du futur, il décrit un monde où l'animisme des Indiens d'Amazonie est devenu la pensée dominante, et où un anthropologue jivaro tente de sauver ce qui reste de la culture occidentale.
Pouvons-nous réellement (ré-)habiter notre condition terrestre sans faire face à ce qui se joue au plus profond de nous-mêmes ? Si le capitalisme continue obstinément d'orchestrer une croissance économique mortifère et insoutenable, c'est qu'il se sert adroitement de nos fragilités existentielles. L'économie est en effet traversée d'enjeux tenaces et profondément enfouis, le plus souvent invisibles, comme le déni de la mortalité, la peur de la fragilité et de la souffrance, et l'angoisse du manque et de l'annihilation, qui peuvent court-circuiter notre capacité d'empathie et notre conscience environnementale pour faire de nous des êtres peu clairvoyants, impulsifs et parfois destructeurs.
La transition écologique implique dès lors non seulement des réformes structurelles de grande ampleur, mais aussi notre réinvention profonde en tant qu'êtres humains : nous avons à devenir lucides concernant les vulnérabilités existentielles qu'exploite en nous, à notre insu, le capitalisme croissanciste. Notre plasticité anthropologique nous aidera à y travailler collectivement, par des solutions non consuméristes ouvrant des horizons d'expérimentation radicale.
C'est de cette mutation humaine et d'un nouveau rapport à la mort, donc à la vie, que pourra émerger, grâce à une réconciliation avec notre finitude et celle de la Terre, une existence écologique post-capitaliste.Christian Arnsperger, économiste, est professeur à l'Université de Lausanne. Il interroge les dimensions anthropologiques de la croissance économique et les conditions de possibilité d'une transition écologique. Il a notamment publié Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie (Cerf, 2005), Éthique de l'existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (Cerf, 2009) et Écologie intégrale. Pour une société permacirculaire (avec D. Bourg, PUF, 2017).
En France, dans ce pays riche où l'agriculture se veut productiviste et exportatrice, une personne sur dix doit recourir à des dispositifs d'aide alimentaire. Les Restos du coeur en sont l'un des acteurs principaux. Que leur existence soit devenue indispensable révèle l'absurdité et la triple faillite de notre système agricole, malade d'un bout à l'autre de la chaîne. Mondialisé et industriel, celui-ci participe au désastre écologique en cours tandis que nombre d'agriculteurs français sombrent dans la pauvreté malgré un lourd labeur.
À travers l'incroyable travail réalisé par l'association fondée par Coluche il y a bientôt quarante ans, on pourrait croire que les dons de nourriture et de temps répondent au droit à l'alimentation. Pourtant, il n'en est rien. Sur le terrain, les bénévoles sont en souffrance. Ils constatent que leur action, loin d'aider à sortir de la pauvreté, consiste surtout à maintenir une paix sociale, en évitant des vols et des émeutes de la faim. Car l'impossibilité à accéder à la nourriture est une violence qui s'exerce contre les plus pauvres. On sort profondément ébranlé de cette enquête dans le monde invisible du quotidien de l'aide alimentaire.Et si, dans une société démocratique, l'urgence consistait moins à donner de la nourriture que des droits pleins et entiers ?Bénédicte Bonzi est docteure en anthropologie sociale, chercheuse associée au LAIOS (Laboratoire d'Anthropologie des institutions et des organisations sociales). Elle se saisit de la question de la violence dans le système alimentaire à travers les impacts des politiques d'aide et de don. Aujourd'hui elle accompagne les collectivités dans leurs transitions alimentaires chez Auxilia Conseil.
Depuis soixante ans, les dangers des pesticides pour la biodiversité et la santé sont avérés. Alors pourquoi notre modèle agricole et alimentaire reste-t-il toujours dopé aux pesticides ? Les Monsanto Papers l'ont montré, les lobbyistes du secteur entretiennent savamment le doute quant à la gravité de leurs impacts environnementaux et sanitaires. Mais l'influence des industriels n'est que la face émergée d'une machinerie plus vaste de production de l'ignorance, reposant moins sur la manipulation que sur un déni collectif favorisé par les protocoles officiels de l'évaluation des risques. Face à l'ampleur des données et des dangers potentiels, il devient plus confortable d'ignorer des pans entiers de la connaissance plutôt que d'assumer le vertige de leurs conséquences sur notre modèle agricole.
Au terme de ce voyage inédit au coeur de la fabrique de l'ignorance, l'auteur apporte des pistes et réflexions pour accélérer la transition vers une agriculture affranchie des pesticides.
François Dedieu est sociologue à l'INRAE, au Laboratoire interdisciplinaire science innovation sociétés (Lisis). Expert pour l'ANSES, il enseigne notamment à Sciences Po Paris et à l'École des ponts et chaussées.
Face aux signaux alarmants de la crise globale – croissance en berne, tensions sur l'énergie et les matières premières, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, changement climatique et pollution généralisée – on cherche à nous rassurer. Les technologies " vertes " seraient sur le point de sauver la planète et la croissance grâce à une quatrième révolution industrielle, celle des énergies renouvelables, des réseaux intelligents, de l'économie circulaire, des nano-bio-technologies et des imprimantes 3D.
Plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, ces nouvelles technologies tant vantées nous conduisent pourtant dans l'impasse. Ce livre démonte un à un les mirages des innovations high tech, et propose de prendre le contre-pied de la course en avant technologique en se tournant vers les low tech, les " basses technologies ". Il ne s'agit pas de revenir à la bougie, mais de conserver un niveau de confort et de civilisation agréables tout en évitant les chocs des pénuries à venir. S'il met à bas nos dernières illusions, c'est pour mieux explorer les voies possibles vers un système économique et industriel soutenable dans une planète finie.
Philippe Bihouix est ingénieur. Spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique, il est coauteur de l'ouvrage Quel futur pour les métaux ?, 2010.
PRIX DE LA FONDATION DE L'ECOLOGIE POLITIQUE 2014
L'espace-temps du politique change : la Terre et la multiplicité des êtres qui la composent font irruption dans les affaires humaines en réagissant aux assauts continus d'un front de modernisation mené par l'État-Capital. La condition moderne, portée par des droits anthropocentrés et des mesures politiques gouvernées par l'exploitation systématique des ressources naturelles et la mise au travail de tous les êtres, s'effondre.
En menant une vaste enquête à travers le monde, ce livre ouvre un autre chemin : penser et habiter notre condition terrestre. Des montagnes andines de Bolivie à la rivière Whanganui de Nouvelle-Zélande, de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en France à l'archipel des îles de Kanaky-Nouvelle Calédonie, du fleuve Elwha aux États-Unis à la rébellion des zapatistes du Chiapas mexicain, les auteurs explorent les processus cosmopolitiques et les inventions institutionnelles qui redonnent à des communautés d'habitant-e-s les moyens d'habiter la Terre.
C'est alors tout le paysage politique de la modernité qui se déplace : l'individu devient personne relationnelle, la démocratie citoyenne et représentative devient l'assemblée multispécifique d'habitants, les peuples nationaux se transforment en peuples-rivières, peuples-montagnes ou peuples-archipels, la souveraineté de l'État se partage pour tenir compte des perspectives décoloniales, interspécifiques et écoféministes. Ces réinventions nous engagent à réhabiter autrement nos relations, nos affects, nos imaginaires afin de vivre une Terre en communs : une Terre faite de plusieurs mondes.Sophie Gosselin, agrégée et docteure en philosophie, et David gé Bartoli, philosophe et écrivain, ont co-écrit Le Toucher du monde, techniques du naturer (éditions Dehors, 2019). Ils sont membres fondateurs de la revue Terrestres.org, Revue des livres, des idées et des écologies, et de l'université Pour la Terre de Tours.
Une colère rouge recouvre le ciel. Les vagues s'agitent, l'eau monte, les forêts tombent et les corps s'enfoncent dans ce sanguinaire gouffre marin. Les cieux tonnent encore devant ce spectacle : le monde est en pleine tempête.
Derrière sa prétention d'universalité, la pensée environnementale s'est construite sur l'occultation des fondations coloniales, patriarcales et esclavagistes de la modernité. Face à la tempête, l'environnementalisme propose une arche de Noé qui cache dans son antre les inégalités sociales, les discriminations de genre, les racismes et les situations (post)coloniales, et abandonne à quai les demandes de justice.
Penser l'écologie depuis le monde caribéen confronte cette absence à partir d'une région où impérialismes, esclavagismes et destructions de paysages nouèrent violemment les destins des Européens, Amérindiens et Africains. Le navire négrier rappelle que certains sont enchaînés à la cale et parfois jetés par-dessus bord à la seule idée de la tempête. Tel est l'impensé de la double fracture moderne qui sépare les questions coloniales des destructions environnementales. Or, panser cette fracture demeure la clé d'un " habiter ensemble " qui préserve les écosystèmes tout autant que les dignités. Telle est l'ambition d'une " écologie décoloniale " qui relie les enjeux écologiques à la quête d'un monde au sortir de l'esclavage et de la colonisation.
Face à la tempête, ce livre est une invitation à construire un navire-monde où les rencontres des autres humains et non-humains sur le pont de la justice dessinent l'horizon d'un monde commun.
Malcom Ferdinand est ingénieur en environnement de University College London, docteur en philosophie politique de l'université Paris-Diderot et chercheur au CNRS (IRISSO / Université Paris-Dauphine).
Les changements géophysiques et la crise biologique planétaires en cours sont autant de facteurs de bouleversements géopolitiques rapides, massifs et brutaux. Un nouveau paysage géopolitique et stratégique émerge, marqué par la combinaison du changement climatique et de ses effets systémiques, telles les migrations de masse, la compétition mondiale pour les ressources et la crise des régimes contemporains.
Où les politiques de Trump, de Poutine et de la Chine mènent-elles la planète ? Comment l'épuisement des océans alimente-t-il la piraterie maritime ? Comment le réchauffement de l'Arctique est-t-il exploité par certains intérêts tandis qu'il constitue une immense catastrophe pour des milliards d'humains ? Quelles régions ont-elles les meilleurs atouts pour traverser le XXIe siècle ? L'auteur, spécialiste de géopolitique, nous fait comprendre les liaisons dangereuses entre puissance économique, guerre et environnement. Il nous alerte sur les dangers, les violences et les barbaries qui se profilent.
Le moment du choix collectif entre la " guerre de tous contre tous " sur une planète effondrée ou une alliance stratégique mondiale pour répondre aux nouveaux défis planétaires approche à grands pas.
Jean-Michel Valantin, spécialiste de géopolitique et d'études stratégiques, est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Hollywood, Washington et le Pentagone (Autrement, 2003), Écologie et gouvernance mondiale (Autrement, 2007) et Guerre et Nature, L'Amérique se prépare à la guerre du climat (Prisma Media, 2013).
L'agriculture urbaine va-t-elle transformer les métropoles ? En essor depuis le début du xxie siècle, cette pratique connaît un regain d'intérêt qui s'inscrit dans la prise de conscience des ravages de l'agriculture conventionnelle et de l'urbanisation. D'autant que la pandémie de Covid-19 a questionné le mode de vie citadin, fondé sur l'inégalité sociale d'accès à la nature, l'artificialisation des sols et une dépendance considérable aux importations agricoles.
Dans les friches des quartiers populaires, les jardins partagés des centres-villes et les potagers en lutte, l'agriculture urbaine permet ainsi de produire, de résister et d'habiter autrement. Issu d'une enquête au long cours dans le Grand Paris, à New York et à Détroit, ce livre porte sur les efforts collectifs d'associations et d'individus pour reprendre et cultiver la terre dans les métropoles. Au fil des récits recueillis et des parcelles arpentées, il restitue la pluralité des espaces et des pratiques socio-écologiques, et rend compte des alliances et des conflits qui se nouent autour du retour de l'agriculture dans les ruines du capitalisme urbain.
Flaminia Paddeu, géographe, est maîtresse de conférences à l'université Sorbonne Paris Nord et chercheuse au laboratoire Pléïade. Ses recherches portent sur les enjeux socio-spatiaux et écologiques de l'agriculture urbaine, du glanage et de la cueillette dans les métropoles en France et aux États-Unis. Elle est membre fondatrice et directrice du comité scientifique de la revue Urbanités.
Un quart du commerce mondial de bois serait illégal, le saviez-vous ? Sous l'influence des organisations internationales, l'existence d'une « délinquance écologique », d'une « criminalité environnementale » est désormais visible. Elle prend la forme du trafic d'espèces sauvages protégées, du déversement illicite de déchets toxiques ou de la contrebande de ressources naturelles. Mafias et autres réseaux clandestins opérant dans le Sud global en seraient les principaux acteurs et bénéficiaires.
Et si ces représentations étaient tronquées, voire trompeuses ? Dépassant la conception commune, dont il retrace la genèse et la diffusion, ce livre invite à penser le crime environnemental au-delà de ses manifestations les plus spectaculaires. Contre le juridisme, il soutient que la focalisation sur les infractions patentées sert commodément d'alibi au saccage légal de notre Terre. Aberration ou distorsion, la criminalité environnementale ? Plutôt une expression, arbitrairement stigmatisée, d'un système socio-économique fondé sur l'exploitation.
Grégory Salle est chercheur en sciences sociales au CNRS, membre du Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé).
Énorme succès à l'étranger, ce livre haletant nous offre enfin la clé de compréhension des désastres climatiques, écologiques, pandémiques et économiques contemporains. Accuser Sapiens, un humain indifférencié et fautif depuis toujours, est une imposture. Notre histoire est sociale : c'est celle des structures de domination nées il y a cinq mille ans, et renforcées depuis cinq siècles de capitalisme, qui ont constitué un engrenage destructeur de la Terre et de l'avenir de l'humanité, une mégamachine.
Mais ces forces peuvent aussi être déjouées et la mégamachine ébranlée. Alors que les alternatives ne manquent pas, quel déclic nous faut-il pour changer de cap et abandonner une voie manifestement suicidaire ? La réponse est dans ce récit. Car seul celui qui connaît sa propre histoire peut être capable de l'infléchir.
« Aucun sujet n'est plus important. Une contribution d'une grande valeur qui vient à point. »
Noam Chomsky
« Un livre magnifique, d'une actualité brulante. Nous devons à l'auteur gratitude, solidarité et beaucoup d'admiration. »
Jean Ziegler
« Une lecture obligatoire pour toutes celles et tous ceux qui s'élèvent contre un système qui est en train de détruire la vie sur Terre et notre avenir. »
Vandana Shiva
Stockés dans des décharges, éparpillés à la surface des océans ou dispersés en particules invisibles dans l'atmosphère, les déchets sont désormais des traces indélébiles de notre présence sur terre autant que des symptômes de la crise du monde contemporain.
Après les avoir enfouis et brûlés, il est devenu impératif de les réduire, de les réutiliser, de les recycler. À l'heure de l'économie circulaire, cette promesse d'un monde sans restes rappelle un mensonge de la tribu Chagga, évoqué par l'anthropologue Mary Douglas : les mâles adultes de cette tribu affirment ne jamais déféquer !
De même, ce livre montre que la quête de pureté et de maîtrise technicienne du déchet dans nos sociétés industrielles fabrique un aveuglement collectif. Il raconte comment Homo detritus, face cachée d'Homo œconomicus, a cru sauver la planète en " bien jetant ".
Un livre fort sur les impasses des approches " gestionnaires " de notre société du déchet.
Baptiste Monsaingeon est chercheur postdoctoral à l'Ifris. Membre du conseil scientifique de l'exposition Vies d'ordures au Mucem à Marseille, il a notamment participé à la première expédition dédiée à l'identification de concentrations de débris plastique en Atlantique Nord.
La crise climatique et la question écologique occupent désormais le devant de la scène, mais la profondeur des questionnements nécessaires, sur nos façons de produire, de travailler, de consommer et de nous épanouir, manque souvent à ce brouhaha médiatique. Cette anthologie, la première réunissant les principaux textes d'un des plus grands penseurs de l'écologie et du capitalisme tardif, décédé en 2007, comble ce vide.
Elle offrira des repères et des perspectives solides pour les tempêtes en cours : pensée de l'autonomie et de la liberté prolongeant l'existentialisme, lecture critique des derniers avatars du capitalisme et de sa crise écosystémique. Pour Gorz, loin de mesures gestionnaires et technocratiques, l'écologie est d'emblée politique impliquant une critique radicale des formes de domination, tant par le travail que sur la nature ou via le consumérisme.
Textes rassemblés et présentés par Françoise Gollain et Willy Gianinazzi
Peuples et sociétés sont dépossédés de leurs moyens d'existence à travers le monde par la destruction de leur environnement. Face à cet écocide, comment repenser les droits de l'homme ?
L'écocide (fait de détruire la " maison Terre ") n'est pas un crime de plus, s'ajoutant à toutes les autres atteintes aux droits humains. Il est désormais le crime premier, celui qui ruine les conditions mêmes d'habitabilité de la Terre. D'ores et déjà, les dérèglements en cours attisent injustices et tensions géopolitiques tandis que ceux qui saccagent la planète restent impunis.
Aussi est-il urgent de revendiquer de nouvelles formes de responsabilité et de solidarité. Urgent de redéfinir un nouveau sens et de nouveaux cadres à l'action humaine au sein des limites planétaires. Le droit international doit se métamorphoser et s'universaliser autour d'une nouvelle valeur pivot, l'écosystème Terre, en reconnaissant un cinquième crime international, le " crime d'écocide ".
Valérie Cabanes est juriste en droit international, spécialisée dans les droits de l'homme. Après deux décennies dans des ONG de terrain sur les droits de l'homme, elle est porte-parole du mouvement End Ecocide on Earth. En 2015, elle a contribué à la rédaction du projet de Déclaration universelle des droits de l'humanité remis à François Hollande ainsi qu'à deux ouvrages collectifs, Crime climatique, stop ! (Seuil, 2015), Des droits pour la Nature (Utopia, 2016).
" Le livre de Valérie Cabanes est un livre de combat. Un combat juridique et existentiel, à la fois au long cours et face à l'urgence. "
Extrait de la préface de Dominique Bourg
Que devient la « politique » lorsque des paysannes et des écologistes disséminent des graines de plantes résistantes aux herbicides dans les monocultures d'OGM pour en saboter les rendements ? Lorsque des naturalistes en lutte invitent un couple de balbuzards pêcheurs à protéger un fleuve menacé par un énième projet inutile et imposé ? Lorsque des villageois kirghizes échappent à la main mise de l'État sur leurs moyens de subsistance en greffant en secret une forêt fruitière ?
D'autres manières de faire, de se défendre, de résister, nous devancent, nous déstabilisent et nous renforcent : des manières animales, végétales, sylvestres, microbiennes, fongiques... Nos alliés sont multiformes, considérablement plus nombreux et divers que ce que notre imagination laisse entrevoir.
Si nous sommes bien les seuls responsables d'un choix concerté de cibles et de stratégies contre les causes du ravage et des inégalités, nous ne sommes pas les uniques acteurs du changement que nous souhaitons voir advenir. Appel à refuser la mise au travail de la planète, ce traité d'écologie politique terrestre ouvre de nouveaux horizons pour agir avec la nature contre ceux qui l'effondrent.
Qu'est-ce que la vie et quel rôle y jouons-nous ? Notre culture héritée des Lumières, tout comme la biologie conventionnelle, ont jusque récemment évité de s'intéresser à la vie dans sa puissance créatrice et signifiante. Toutes deux étaient trop attachées aux catégories de l'individu, de la rationalité et de la concurrence, et concevaient le monde à travers un réductionnisme passant à côté de la vie elle-même. Mais que se passe-t-il si on repense les organismes, y compris les nôtres, comme des corps sensibles autant que physiques, qui vivent des expériences subjectives et produisent du sens ? Quels nouveaux chemins sont possibles si, en héritant des Lumières mais en les vivifiant par un rapport renouvelé à la biosphère, nous sommes attentifs à nos besoins intérieurs en tant que créatures vivantes ? Quelles relations avons-nous, ou devrions-nous avoir, avec les puissances d'agir des vivants autres qu'humains ? Comment produisons-nous ? Pour nos besoins ou pour le marché ? Comment désintoxiquer la biologie de ses métaphores et cadres de pensée hérités de l'industrialisme libéral du XIXe siècle ? Une proposition essentielle pour repenser nos existences terrestres.
Andreas Weber a étudié la biologie marine et la philosophie en Allemagne et aux États-Unis, notamment sous la direction de Francisco Varela. Docteur en études culturelles, auteur et journaliste, il a beaucoup écrit dans la tradition de la « Nature Writing ». Chercheur indépendant, il explore la « biopoétique » et les conceptions de la vie comme signification, issues des recherches les plus récentes en biologie.
L'action de l'électricité se révèle dans trois domaines principaux : la lumière, la force, l'information. Une telle immatérialité la fait passer pour innocente. Pourtant, son efficacité repose essentiellement sur le pouvoir du feu, elle n'est qu'un vecteur énergétique. Dégâts et déchets sont cachés en amont ou en aval de son utilisation.
À travers un parcours historique d'Ampère à Bill Gates, les auteurs démontent les coulisses et les travers du mythe électrique et de la numérisation de nos existences. Non, le tout-électrique-tout-numérique ne sauvera pas la planète ! Avant qu'ils ne nous emprisonnent totalement, arrachons-nous à leur pouvoir de séduction et sortons de la Matrix.
En déclarant la mort de la nature, nombreux sont ceux qui voient dans l'Anthropocène l'opportunité de prendre enfin les commandes d'un système-terre entièrement modelé par les humains.
À rebours de cet appel au pilotage global, Virginie Maris réhabilite l'idée de nature et défend la préservation du monde sauvage. Elle revisite pour cela les attributs de la nature que les fantasmes prométhéens du contrôle total s'appliquent à nier : son extériorité, en repensant la frontière entre nature et culture ; son altérité, en reconnaissant la façon dont les non-humains constituent leurs mondes tout comme nous constituons le nôtre ; et enfin son autonomie, en se donnant les moyens de respecter et de valoriser ces mondes multiples.
L'auteure invite à remettre au cœur de la réflexion sur la crise environnementale la nécessité de limiter l'emprise humaine sur la planète, en redonnant toute sa place au respect de cette nature indocile qui peuple nos paysages, nos imaginaires, et qui constitue finalement l'autre face de notre humanité.
Virginie Maris est philosophe de l'environnement au CNRS. Elle travaille au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) à Montpellier. Ses travaux portent sur la biodiversité, les sciences de la conservation, les valeurs de la nature ou encore les rapports entre écologie et économie. Elle est l'auteure de Philosophie de la biodiversité. Petite éthique pour une nature en péril (Buchet-Chastel, 2010) ainsi que de Nature à vendre. Les limites des services écosystémiques (Quæ, 2014).
Les avancées récentes de l'anthropologie l'ont amplement démontré : la partition nature/culture qui fonde l'ontologie moderne occidentale et qui s'est imposée partout n'est pas la seule façon d'être au monde, encore moins la forme ultime de la civilisation. Un tel dualisme, qui sépare corps et esprit, émotion et raison, sauvage et civilisé, acteur et chercheur, humains et autres qu'humains, nous empêche de nous vivre comme partie du monde et nous conduit à le détruire. Dès lors, le projet émancipateur ne saurait se limiter à " changer le monde ". Il s'agit aujourd'hui de changer de monde.
Des mouvements indigènes du Sud aux "zones à défendre" (ZAD) du Nord, les conflits politiques renvoient à des visions divergentes quant à la composition du monde et aux façons d'en prendre soin. Autrement dit, à un conflit ontologique. Comment, à l'heure de la crise écologique et face à l'échec de la mondialisation, penser cette dimension ontologique de la politique ? Comment engager notre transition, en dialogue avec luttes des peuples non-occidentaux et les cosmologies non-modernes, pour habiter en conscience le plurivers, ce monde des mondes qu'est notre planète ?
Arturo Escobar, d'origine colombienne, est professeur d'anthropologie à l'université de North Carolina aux États-Unis. Il est mondialement connu pour sa critique du développement et d'une domination occidentale responsable de l'appauvrissement des mondes (Encountering development, 1996 ; World Anthropologies, 2006).
Texte adapté avec la collaboration de l'auteur, préfacé et traduit par Roberto Andrade Pérez, Anne-Laure Bonvalot, Ella Bordai, Claude Bourguignon et Philippe Colin (collectif l'Atelier La Minga), avec l'appui du Réseau d'études décoloniales.
Postface par Anna Bednik, membre du collectif ALDEAH (Alternatives au développement extractiviste et anthropocentré) et auteure de Extractivisme. Exploitation industrielle de la nature (Le Passager clandestin, 2016).
" Aujourd'hui, toute doctrine qui se refuse à envisager les conséquences du progrès, soit qu'elle proclame ce genre de problèmes secondaires (idéologie de droite), soit qu'elle le divinise (idéal de gauche), est contre-révolutionnaire. "
Visionnaires, Charbonneau et Ellul rejetèrent dos à dos les voies libérales, soviétique et fascistes. Dès les années 1930, ils ouvrirent une critique du " Progrès " et du déferlement de la technique et de la puissance au détriment de la liberté.
La solution : une révolution contre le nouvel absolutisme du triptyque Science-État-Industrie ; une insurrection des consciences ; un projet de civilisation ancré dans un nouveau rapport à la nature.
Ce recueil rassemble quatre textes sources de l'écologie politique, inédits pour trois d'entre eux. Contemporains de la Grande Dépression, d'Auschwitz et d'Hiroshima, ces textes incisifs offrent une clé de lecture très actuelle, humaniste et libertaire, de nos sociétés contemporaines, productivistes, consuméristes et techniciennes.
Bernard Charbonneau (1910-1996) et Jacques Ellul (1912-1994), amis et animateurs dans le Sud-Ouest du mouvement personnaliste, faisaient partie des " non-conformistes " des années 1930. Leur critique non marxiste de l'aliénation de l'homme moderne est une source majeure de la pensée écologiste contemporaine.
Textes présentés par Quentin Hardy (Université Paris 1).