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Noir Sur Blanc
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Jeu sur tambours et tambourins
Olga Tokarczuk
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 2 Février 2023
- 9782882508218
Visionnaire lors de sa parution en 2001, ce recueil de nouvelles d'Olga Tokarczuk n'a rien perdu de son mordant, ni de sa pertinente actualité. Avec une espièglerie qui rappelle Nabokov, la romancière polonaise nous dévoile un quotidien truffé de portes secrètes, de miroirs traversés et d'autres distorsions de l'espace et du temps. Une année à Berlin, un séjour au Mont-Noir, un mois de résidence en Écosse, sont le point de départ de plusieurs de ces nouvelles, et l'on verra que l'anodin d'une bourse d'écriture peut conduire aux paradoxes les plus fous.
Comment les gens se comportent-ils lorsque se brouillent les frontières entre fiction et réalité ? Un écrivain surprend un matin, assis à sa table, un double de lui-même qui corrige tranquillement son dernier manuscrit... Une lectrice de romans policiers trouve le moyen d'intervenir dans l'intrigue, beaucoup trop molle, du mauvais polar qu'elle a commencé... et les morts, soudain, vont se multiplier. En séjour à Berlin, une femme d'âge moyen s'étonne de devenir quelconque dans le maelstrom de la grande ville, avant de goûter au plaisir de pouvoir être n'importe qui : tour à tour une Turque voilée, un homme d'affaires, une petite fan de Britney Spears... -
Convoi pour Samarcande
Gouzel Iakhina
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 24 Août 2023
- 9782882508607
Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. Le gouvernement soviétique met sur pied des convois d'évacuation pour sauver les enfants. C'est l'un de ces trains que l'officier de l'Armée rouge Deïev prend en charge, avec à son bord cinq cents enfants, qu'il doit acheminer de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu'à Samarcande. Pour atteindre le Turkestan, terre d'abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l'Oural, puis les déserts d'Asie centrale.
Au cours de ce périple, Deïev et ses passagers rencontrent des femmes et des hommes qui les aident et les nourrissent - héros du quotidien, bandits ou fonctionnaires au double visage. Avec la commissaire Blanche et l'infirmier Boug, il tente de protéger les enfants de la faim, de la soif, de la peur et du choléra. Deïev devra faire face aux fantômes de son passé, aux crimes commis au nom du pouvoir soviétique, et à la cruauté de son pays, pour lequel la vie humaine a si peu de valeur. Par son courage et sa bonté, cet homme sauve des centaines de vies ; en s'élevant contre les crimes de l'État soviétique, il montre un chemin possible vers la rédemption. -
Les enfants de la Volga
Gouzel Iakhina
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 19 Août 2021
- 9782882506948
Nous sommes dans la région de la Volga, dans les premières années de l'URSS, en 1920-1930. Jakob Bach est un Allemand de la Volga : il fait partie des descendants des Allemands venus s'installer en Russie au xviiie siècle.
Bach est maître d'école dans le village de Gnadenthal, une colonie située sur les rives du fleuve. Un mystérieux message l'invite à donner des cours à Klara, une jeune fille vivant seule avec son père sur l'autre rive de la Volga. Bach et Klara tombent amoureux, et après le départ du père, ils s'installent ensemble dans la ferme isolée, vivant au rythme de la nature. Un jour, des intrus s'introduisent dans la ferme et violent Klara. Celle-ci meurt en couches neuf mois plus tard, laissant Bach seul avec la petite fille, Anntche.
Après la mort de Klara, Bach s'éloigne du monde et perd l'usage de la parole. Tout en élevant l'enfant, il écrit des contes, qui de manière étrange et parfois tragique s'incarnent dans la réalité à Gnadenthal. Un autre enfant fait alors son apparition à la ferme : Vasska, un orphelin vagabond qui bouleversera la vie d'Anntche et Bach...
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Les livres de jakób
Olga Tokarczuk
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 13 Septembre 2018
- 9782882505255
Hérétique, schismatique, Juif converti à l'islam puis au christianisme, libertin, hors-la-loi, tour à tour misérable et richissime, vertueux et abomi- nable, Jakób Frank a traversé l'Europe des Lumières comme la mèche allumée d'un baril de poudre. De là à se prendre pour le Messie, il n'y avait qu'un pas - et il le franchit allègrement. Le dessein de cet homme était pourtant des plus simples : il voulait que ceux de son peuple puissent, eux aussi, connaître la sécurité et le respect d'autrui. Il voulait l'égalité.
La vie de ce personnage historique, qui fut considéré comme le Luther du monde juif, est tellement stu- péfiante qu'elle semble imaginaire. Un critique polo- nais, saluant la réussite absolue de ce roman de mille pages, dit qu'il a fallu à Olga Tokarczuk une « folie méthodique » pour l'écrire.
On y retrouve les tragédies du temps, les guerres, les pogroms et la ségrégation, mais on y goûte aussi les merveilles de la vie quotidienne : les marchés, les cui- sines, les petits métiers, les routes incertaines et les champs où l'on peine, l'étude des mystères et des textes sacrés, les histoires qu'on raconte aux petits enfants, les mariages où l'on danse, les rires et les premiers baisers.
Ainsi que le dit le père Chmielowski, l'autre grand personnage de ce roman, auteur naïf et admirable de la première encyclopédie polonaise, la littérature est une forme de savoir, elle est « la perfection des formes imprécises ».
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Le banquet des Empouses
Olga Tokarczuk
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 1 Février 2024
- 9782882508669
En septembre 1912, lorsqu'il arrive au sanatorium de Görbersdorf, dans les montagnes de Basse-Silésie, le jeune Wojnicz espère que le traitement et l'air pur stopperont la maladie funeste qu'on vient de lui diagnostiquer : tuberculosis. À la Pension pour Messieurs, Wojnicz intègre une société exclusivement masculine, des malades venus de toute l'Europe qui, jour après jour, discutent de la marche du monde et, surtout, de la « question de la femme ». Mais en arrière-plan de ce symposium des misogynies, voici que s'élève une voix primordiale, faite de toutes les voix des femmes tant redoutées...
Hypersensible, malmené par un père autoritaire, Wojnicz veut à toute force étouffer son ambiguïté et dissimuler aux autres ce qu'il est ou redoute de devenir. Pourtant, une mort violente, puis le récit d'autres événements terribles survenus dans la région, vont le conduire à sortir de lui-même. Alors qu'il est question de meurtres rituels et de sorcières ayant trouvé refuge dans les forêts, notre héros va marcher au-devant de forces obscures dont il ne sait pas qu'elles s'intéressent déjà à lui. -
Au théâtre, les tableaux vivants sont des représentations où les acteurs se costument pour faire revivre des scènes historiques. Polina Barskova invoque cette tradition pour aborder les thèmes de la mémoire et de la survie. Venue à la littérature par la poésie, Barskova est également connue comme spécialiste du siège de Leningrad pendant la Deuxième Guerre mondiale. C'est précisément la question de la survie, et ce que cela signifie d'être un survivant, que l'écrivaine explore dans ce bref et éblouissant mélange littéraire.
Dans Tableaux vivants, Barskova écrit avec un humour caustique et un pouvoir d'invention prodigieux sur les traumas passés et présents, historiques et autobiographiques, explorant la manière dont nous faisons face aux expériences qui défient toute compréhension. Elle parle de ses relations avec son père adoptif et son père biologique ; elle parle de sexe, consenti ou non ; de la mort d'un amant ; de Turner et de Picasso ; et, dans le dernier texte, celui qui donne son nom au recueil, elle décrit deux amants qui s'abritent dans le musée de l'Ermitage durant le siège de Leningrad, et qui en viennent lentement, désespérément, à mettre en scène leur propre mort. -
Alors qu'elle travaillait à une biographie d'Irena Sendler, Anna Bikont a découvert deux petits cahiers d'un membre du Comité central des Juifs de Pologne.
Intitulés « Rapports de mission de L. Majzels à la recherche des enfants se trouvant aux mains de Polonais », ces cahiers contiennent 52 noms d'enfants juifs réclamés par leurs proches après la guerre. Des enfants qui ont survécu à l'extermination. Qui ont été sauvés par des citoyens polonais. Lejb Majzels, de mai 1947 à août 1948, s'est rendu dans les coins les plus reculés de Pologne pour leur permettre de retrouver leurs proches.
Ce fut une entreprise difficile et risquée, à travers un pays devenu communiste, où régnaient la pauvreté et la peur. Et il y avait de quoi avoir peur, surtout si l'on était juif : un an plus tôt, à Kielce, plusieurs dizaines de Juifs avaient été tués lors d'un pogrom, et des assassinats continuaient à se produire. Maisels retrouva 33 des enfants dont il avait les noms. Parfois les parents adoptifs refusèrent de les laisser partir, parfois il fallut négocier une somme, pour le dédommagement.
Le prix à payer retrace pas à pas cette mission unique. Anna Bikont a parcouru le monde à la recherche des derniers de ces enfants, aujourd'hui très âgés. Elle en a retrouvé 30 et s'est aperçu que la plupart connaissaient très peu les circonstances de leur sortie de Pologne : l'un d'eux apprend son véritable nom grâce à elle, un autre voit pour la première fois une photo de sa mère. Mais tous ne sont pas prêts à raviver le souvenir... -
Tbilissi, 1992. Après la fuite du président au pouvoir, l'anarchie et la guerre civile règnent en Géorgie. Deux jeunes gens, Gio et Gogliko, veulent profiter du chaos pour aller acheter de la drogue en Azerbaïdjan, à quelques heures de voiture de Tbilissi. Gio essaie d'oublier son amour perdu : sa famille a refusé qu'il épouse la femme qu'il aime, et a voulu la forcer à avorter. Ils ne se reverront pas... Les deux amis quittent Tbilissi à bord d'une vieille Lada et arrivent dans la zone de guerre du Karabagh, où ils sont faits prisonniers. Ils perdent rapidement tous leurs repères : d'abord arrêtés par des Azéris, les jeunes gens sont séparés. Gio, le narrateur, est alors kidnappé par des Arméniens. Pendant tout le récit, la question de la liberté et de la captivité le hante: est-il réellement prisonnier ? Il est pourtant bien traité, mais peut-être va-t-il servir de monnaie d'échange... Que signifie être libre ? Et d'ailleurs, que vaut vraiment cette vie qu'il pourrait retrouver à Tbilissi ? Le grand écrivain géorgien écrit sur une génération perdue, à la recherche de la liberté.
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Chef-d'oeuvre de Mircea Cãrtãrescu, Solénoïde est un roman monumental où résonnent des échos de Borges, Swift et Kafka. Il s'agit du long journal halluciné d'un homme ayant renoncé à devenir écrivain, mais non à percer le mystère de l'existence.
Après avoir grandi dans la banlieue d'une ville communiste - Bucarest, qui est à ses yeux le « musée de la mélancolie et de la ruine de toute chose », mais aussi un organisme vivant, coloré, pulsatile -, il est devenu professeur de roumain dans une école de quartier. Si le métier le rebute, c'est pourtant dans cette école terrifiante qu'il fera trois rencontres capitales : celle d'Irina, dont il tombe amoureux, celle d'un mathématicien qui l'initie aux arcanes les plus singuliers de sa discipline, et celle d'une secte mystique, les piquetistes, qui organise des manifestations contre la mort dans les cimetières de la ville.
À ses yeux, chaque signe, chaque souvenir et chaque rêve est un élément du casse-tête dont la résolution lui fournira un « plan d'évasion », car il ne s'agit que de pouvoir échapper à la « conspiration de la normalité ».
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Notes d'un médecin
Vikenti Veressaiev
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 10 Octobre 2024
- 9782889830534
Peu de livres ont aussi vivement ému la société russe à leur parution que ces Notes d'un médecin (1900) de Vikenti Veressaïev, auteur d'une vingtaine de récits et de nouvelles. La raison en est le caractère du texte, littéraire en même temps que naturaliste, mais aussi la charge critique de l'auteur envers sa profession et la société en général. Comparables aux Mémoires d'un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov, ami et admirateur de leur auteur, ces Notes nous plongent dans la société russe de la fin du XIXe siècle, avec toute sa misère, ses préjugés sociaux et ses drames individuels et collectifs, décrits avec un tel art littéraire qu'elles seront saluées par les plus grands écrivains de l'époque, à l'exemple de Tchekhov.
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La douleur fantôme réunit les récits essentiels de Hanna Krall, ceux qui illustrent le mieux les thématiques et le style si particulier, reconnaissable entre tous, de l'écrivaine polonaise, tels que « Le dibbouk », « Hamlet » ou « L'arrière-petit-fils »...
Dans la présente anthologie, les textes que le lecteur français avait pu découvrir, entre 1993 et 2003, chez Albin Michel, Gallimard et Autrement, paraissent ici comme de nouvelles versions, entièrement revues et parfois augmentées. D'autres textes, inédits, sont issus du dernier livre publié en Pologne par l'auteure : Détails significatifs (2022).
Depuis Prendre le bon Dieu de vitesse (1977), Hanna Krall explore le destin tragique des juifs polonais, des survivants de la Shoah. Plus largement, elle prête sa voix à tous ceux qui portent en eux une blessures indélébile, la marque au fer rouge de l'Histoire, qu'ils soient juifs, polonais ou allemands...
Engagée du côté de la mémoire, elle n'a écrit au fond qu'un seul et même livre immense, contre l'oubli. Le double aspect de cette oeuvre, à la fois littéraire et documentaire, à mi-chemin entre fiction et vérité, lui confère son caractère unique et sa dimension universelle.
La douleur fantôme n'est rien de moins qu'un livre indispensable. -
Le Grand Jeu commence le 18 mars 2014, le jour de l'annexion de la Crimée par la Russie. Anna habite à Saint-Pétersbourg avec son fils de vingt-cinq ans et sa vieille mère tyrannique. Autrefois institutrice, Anna travaille comme femme de ménage pour faire vivre sa famille, peinant à joindre les deux bouts. Pourtant, le grand appartement familial est étrangement peuplé d'objets de prix, telle cette lampe surmontée d'un ange qui attire tous les regards...
Dans une atmosphère de secret et de non-dits, Anna prend peu à peu conscience que sa jeunesse est terminée, et que le chaos des années 1990 ne lui a laissé aucune chance d'avoir une vie meilleure. Écrasée par le poids du passé soviétique, qu'elle peine à comprendre vraiment, Anna voit son fils se passionner pour l'informatique et s'éloigner peu à peu du monde réel. Le jeune Pavel est persuadé que le jeu vidéo qu'il est en train d'élaborer va devenir le plus populaire de la planète.
Après l'invasion de l'est de l'Ukraine, Pavel remarque que sa grand-mère plonge dans une sorte de délire, mélangeant ses souvenirs du blocus de Leningrad et de la guerre mondiale avec des monologues condamnant les exactions russes en Ukraine. Il les enregistre et les met en ligne, les associant à des chroniques tirées de la zone de conflit. Ses vidéos attirent rapidement l'attention, y compris celle des services secrets russes... -
Rarement l'histoire d'une vie aura épousé aussi étroitement l'histoire d'une époque. Aleksander Wat, que Maïakovski qualifiait de « futuriste né », a partagé le sort des artistes qui espéraient « changer la vie et transformer le monde ».
Après avoir joué un rôle de premier plan en dirigeant une revue d'opposition marxiste au régime de Pilsudski et connu les prisons staliniennes, Wat a été l'un des rares intellectuels à manifester une opposition ouverte au nouveau pouvoir polonais. Émigré en France en 1958, rongé par une maladie incurable qui le mènera au suicide neuf ans plus tard, il n'avait plus la force d'écrire le livre par lequel il rêvait de transmettre la somme de ses expériences. C'est Czeslaw Milosz qui lui permettra de réaliser ce projet sous forme d'entretiens. Témoignage fascinant sur la terreur stalinienne, Mon siècle fait étrangement écho à la période actuelle avec sa fine analyse des relations entre la Russie, l'Ukraine et l'Occident. Ce livre, considéré comme une référence fondamentale de la culture polonaise contemporaine, possède par son souffle et sa vision une portée universelle. -
Six millions. Nous devons tuer six millions d'Allemands pour venger six millions de juifs ! - répétaient les membres du groupe Nakam (en hébreux « Vengeance »), réunis autour d'Abba Kovner, un poète de vingt-cinq ans qui, après avoir échappé au ghetto de Vilnius, avait combattu dans le maquis des forêts lituaniennes.
Cette vengeance monstrueuse, ils ont été tout près de parvenir à la réaliser. Leur projet d'empoisonner l'eau potable dans plusieurs villes d'Allemagne (Nuremberg, Munich, Hambourg) n'a échoué qu'au tout dernier moment, lorsque Kovner, qui transportait de Palestine des boîtes pleines de poison, a été arrêté dans le port de Toulon. Quelqu'un l'avait trahi. Mais qui ?
L'histoire du groupe Nakam, dit aussi la Ligue des justiciers juifs, n'est pas connue du grand public. Ceux qui y ont participé ont gardé le secret toute leur vie. Abba Kovner est devenu un poète célèbre en Israël, les autres ont vécu jusqu'à un âge avancé, en Israël, en Pologne, en France et en Italie. Ils n'ont jamais renoncé à se poser la question : qui est le traître ? Qui a trahi pour sauver des millions d'Allemands et, en même temps, l'âme des soldats juifs, victimes de la Shoah, qui voulaient se venger à la manière biblique ? Le roman donne une réponse à cette question - elle est hypothétique, étonnante, mais vraisemblable. -
Après une violente bousculade lors d'un mouvement de foule, Francysk, jeune homme de 16 ans qui étudie la musique dans une ville de Biélorussie, tombe dans le coma. La plupart de ses proches l'abandonnent : sa petite amie trouve un autre copain, sa mère refait sa vie avec son médecin et fonde une nouvelle famille. Seule sa grand-mère Elvira prend soin de lui, lui rend visite chaque jour et veille à ce qu'il soit bien soigné.
Après dix ans de coma, Zisk se réveille. On lui annonce que sa grand-mère est décédée. Il comprend alors que ses proches ont changé de vie. Mais dans le pays, tout est comme avant : un président très autoritaire est toujours au pouvoir ; les jeunes quittent la Biélorussie, et la police réprime toute tentative de contestation. Le jeune homme trouvera-t-il sa place dans ce pays figé ?
Un roman annonciateur de la situation politique en Biélorussie aujourd'hui. Dans son avant-propos, Filipenko écrit : « Tout ce que j'espère sincèrement, c'est qu'un jour, dans mon pays, ce livre cessera d'être d'actualité... »
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Eva et les bêtes sauvages
Antonio Ungar
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 18 Janvier 2024
- 9782882509055
Sur une barque à la dérive, au fin fond de la jungle de l'Orénoque, Eva se vide de son sang. Dans le sommeil de son agonie, elle se demande si elle atteindra jamais une rive vivante, si son corps sera livré aux bêtes sauvages. Et si elle parviendra à éviter pareil destin à son enfant.
Quand cette jeune femme de bonne famille décide de fuir la grande ville, une vie dissolue, une existence vide de sens, elle espère trouver dans son travail d'infirmière une échappatoire à son autodestruction, pouvoir enfin être utile, dans ce petit port perdu de la Colombie, au coeur de l'Amazonie.
Mais que sait-elle de la jungle ? Des autochtones, qui meurent de faim, de la fièvre de l'or ? Que sait-elle des paramilitaires, des narcotrafiquants et des guérilleros ? Que sait-elle de la violence, de l'amitié et de l'amour ?
Parmi les bêtes sauvages, Eva choisira pourtant de risquer sa vie pour sauver celle des autres. -
En 1941, le directeur du crématorium de Moscou, Piotr Nesterenko, est arrêté. Il sait mieux que personne ce qui arrive aux victimes des Grandes Purges staliniennes. Opposants, espions présumés, anciens héros de la révolution, tous victimes des répressions - il les a tous incinérés. Au fil des interrogatoires successifs, il doit répondre de sa vie tumultueuse : officier de l'Armée blanche qui a fui les bolcheviks jusqu'en Ukraine, survivant d'un accident d'avion, émigré à Istanbul puis à Paris, amoureux fidèle à la passion de sa jeunesse... Un jeu du chat et de la souris commence entre le prisonnier et son commissaire-enquêteur, brouillant les cartes entre le bourreau et la victime, la justice et le mensonge, le bien et le mal.
Sacha Filipenko entrelace avec virtuosité les documents historiques et la fiction ; maniant une ironie glaçante, il raconte une histoire macabre, folle et fascinante, depuis l'intérieur d'un État totalitaire. -
Les peuples asservis perdent un bien plus précieux que leur liberté : ce qu'on appelait jadis leur âme, ce qu'on nomme aujourd'hui leur identité.
Au XVIIIe siècle, pour fuir la domination des Turcs, des milliers de Serbes émigraient dans l'empire voisin, l'Autriche. Mais beaucoup d'entre eux rêvaient d'une terre plus lointaine, slave et orthodoxe comme la leur, où ils pourraient refaire leur vie : la Russie.
Migrations est le roman de cette diaspora. C'est aussi le poème de toutes les espérances et de toutes les nostalgies, le chant des patries perdues et des paradis qui se dérobent.
Au-delà de l'anecdote historique, un sentiment de profonde mélancolie parcourt le livre, lui donne une dimension universelle. Du malheur de notre condition, Tsernianski ne conclut pas à l'absence de dieux. Au contraire, une divinité perfide, qu'il nomme le hasard comédien, semble se jouer cyniquement du sort des individus et des peuples. Il n'y a pas d'Orient salvateur. La terre promise n'existe pas.
Il faut lire Migrations comme on lit Melville ou Tolstoï, en se laissant porter par le flux des mots, la houle des phrases, le rythme sourd, obsédant, qui ponctue cette grande fresque romanesque. -
Le Verger de Poires
Nana Ekvtimichvili
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 2 Novembre 2023
- 9782882508874
À Tbilissi, l'« école des idiots », une institution héritée du passé soviétique, accueille des handicapés mentaux et des enfants abandonnés.
Bien qu'elle ait décidé de tuer un jour Vano, le professeur d'histoire, Lela ne se laisse pas dévorer par la haine. À 18 ans, elle est parmi les plus grandes et, tout naturellement, elle endosse le rôle de protectrice, réconfortant les enfants et les encourageant à étudier, afin de quitter au plus vite cet endroit et de commencer une nouvelle vie. C'est ainsi que Lela prend sous son aile le jeune Irakli, qui ne parvient pas à accepter que sa mère ne viendra jamais le chercher. Un jour, un couple d'Américains leur rend visite à l'internat, et le rêve d'un avenir meilleur paraît sur le point de se réaliser...
Avec Lela, une héroïne extraordinaire, Nana Ekvtimishvili dresse le portrait d'une jeunesse qui se révolte et cherche à se libérer des traditions patriarcales, dans cette Géorgie des années 1990, qu'on a aussi appelées les « années sauvages » -
Le tendre narrateur ; conférence du Nobel
Olga Tokarczuk
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 1 Octobre 2020
- 9782882506597
La complexité grandissante du monde, l'interdépendance largement insoupçonnée de tous ses éléments, voilà qui exige, selon Olga Tokarczuk, « de nouvelles façons de raconter le monde ».
Et si les deux premières décennies du siècle signent le triomphe des séries télé, la littérature n'a pas dit son dernier mot. Elle est la mieux à même de travailler à partir de fragments, de révéler un spectre plus large de la réalité, pour autant qu'elle se libère du vieux moi-narrateur.
Le Tendre Narrateur, c'est l'invention d'une « quatrième personne du sujet », une voix à la fois impersonnelle et douée de tendresse, « la plus modeste forme de l'amour », celle qui permet de porter attention à tout ce qui n'est pas soi - les autres, les animaux, les éléments - avec la conscience d'une communauté de destin.
Ce discours de réception au prix Nobel est suivi d'un texte intitulé Comment les traducteurs sauvent le monde et d'un inédit sur la période du confinement, La Fenêtre, dans lequel l'auteure expose les craintes et les espoirs que lui inspire l'avenir.
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Maison de jour, maison de nuit
Olga Tokarczuk
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 2 Septembre 2021
- 9782882506962
Une jeune femme s'installe avec R., son mari, dans un hameau perdu de Basse-Silésie, à quelques dizaines de mètres de la frontière tchèque. Nous sommes aussitôt après la chute du régime communiste en Pologne, mais ce n'est pas l'unique changement perceptible : les maisons, les jardins et les forêts environnantes regorgent de vestiges et de traces laissées par les Allemands qui vivaient autrefois, majoritaires, dans cette région. Strates de terre, strates de temps, le hameau prend rapidement les dimensions de l'univers, puisque les possibilités de narrations, à partir de lui, sont infinies.
D'une imagination débordante, mêlant légendes, ragots de villageois, explorations des rêves et de l'Internet naissant, recettes de cuisine et fines observations de nos contemporains, ce roman d'Olga Tokarczuk est l'épopée d'un tout petit lieu, avec une ahurissante galerie de personnages, dont Marta, la voisine, perruquière fantasque, qui amorce et tisse les histoires, Marek Marek qui se saoule à mort pour ne plus sentir l'énorme oiseau qui est dans sa poitrine, ou encore Ergo Sum, le professeur de latin qui se changera en loup-garou... et jusqu'à sainte Kümmernis, ravissante femme à barbe crucifiée par son père.
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« Je savais que si je franchissais cette frontière entre l'obscurité et la lumière, il n'y aurait plus de retour possible. ».
Un homme raconte ses pensées les plus intimes alors qu'il est victime d'une crise cardiaque dans la rue et qu'il est ramené à la vie au bout de trois minutes et demie. Il s'agit d'un récit captivant sur quelque chose d'effroyable et de tout à fait ordinaire, sur la douleur, la peur et l'acceptation, tout en s'avançant sur la ligne de crête qui sépare la vie de la mort.
Avec une immense précision, aucune sensiblerie et un humour plein de finesse, Nadas affronte ici la terrible image que nous a laissée Samuel Beckett : « Elles accouchent à cheval sur une tombe, le jour brille un instant puis c'est la nuit à nouveau » (En attendant Godot). Mais ce qui lui importe surtout, c'est la dimension absolument personnelle de la mort, c'est l'enfantement par chacun de sa propre mort, au sens où Rilke l'avait perçu, il y a un siècle : « Seigneur, donne à chacun sa propre mort. Enfantée de sa propre vie ». -
Histoires bizarroïdes
Olga Tokarczuk
- Noir Sur Blanc
- Litterature Etrangere
- 1 Octobre 2020
- 9782882506573
Lauréate du prix Nobel de littérature en 2018, Olga Tokarczuk nous offre un recueil de nouvelles qui vient confirmer l'étendue de son talent : qu'elle se penche sur les époques passées ou qu'elle s'amuse à imaginer celles du futur, elle a toujours le souci d'éclairer le temps présent et ne se défile devant aucune des questions qui se posent aujourd'hui à nous.
L'esprit d'enfance, le désir d'immortalité, le délire religieux mais aussi le transhumanisme, le rapport à la nature, la fragilité de la civilisation : sans surenchère dans la dystopie, sans jamais de complaisance dans la noirceur, Olga Tokarczuk nous fait mesurer les espaces infinis de ce qui échappe à notre connaissance.
Mais pour cette écrivaine qui excelle à découvrir des connexions et des correspondances, le salut réside assurément dans les puissances de l'imaginaire et dans l'acceptation par chacun de sa propre étrangeté.
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Composé de trois longues nouvelles encadrées par deux contes, Melancolia est un livre sur l'expérience de la séparation, ce trauma qui marque notre naissance puis chacune de nos métamorphoses. Pour la raconter et l'analyser, l'immense écrivain Mircea Cartarescu choisit trois étapes de la vie.
Tout d'abord la petite enfance grâce à un jeune garçon qui se persuade que sa mère l'a abandonné alors qu'elle est juste sortie. « C'est là le point de départ de la mélancolie, de ce sentiment que personne ne nous tient plus par la main. » Puis l'âge de raison avec Isabel et Marcel. Frère et soeur, ils vivent au sein d'une famille ordinaire comme deux enfants perdus dans la forêt profonde. Lorsque la fillette tombe malade, Marcel se jure d'obtenir sa guérison en partant affronter ce qui le terrifie.
Enfin l'adolescence. S'interrogeant sur la différence sexuelle, un jeune homme tombe amoureux. Son corps change. Mois après mois, il range les peaux devenues trop petites dans une armoire.
Les thèmes favoris de l'auteur tels le passage du temps, la poésie, le réel et l'irréel, le masculin et le féminin, irriguent ces textes.