Le dernier Ulysse : Alexandre Mauvalant, réputé pour ses poèmes et ses nouvelles, n'est jamais parvenu à écrire de roman. Son éditeur Paul Vandoven n'en démord pas depuis vingt ans : cet auteur possède la fibre d'un grand romancier.
À l'occasion d'une vidéo en ligne, Alexandre se retrouve confronté à une polémique. Suit une émission de télévision qui déclenche une avalanche de courriers. Parmi eux, la lettre d'une inconnue qui vit sur une île lointaine. Elle affirme avoir compris ce qu'il tentait d'exprimer pendant l'interview et suggère de se rencontrer un jour pour en parler.
Alexandre, dont la vie vient d'être bouleversée, envisage cette femme comme une chance : « Mon idée lui répond-il, serait de venir vers vous en évitant les accélérations contemporaines. Cela risque d'être fort long.» L'inconnue accepte. Et lorsque Paul Vandoven prend connaissance du projet, il l'encourage fortement, y voyant l'occasion de déclencher l'inspiration romanesque de son auteur.
Alexandre voyagera quatre années. Nombre de rencontres et d'épreuves l'interpelleront. L'homme et l'auteur subiront des mutations qui délivreront à chacun de surprenantes réponses.
Laurent LD Bonnet achève avec le dernier Ulysse le troisième roman d'un cycle Tétralogie de la Quête : la vengeance, avec Salone (Ed. Vents d'ailleurs), roman plusieurs fois primé, qui a obtenu le Prix Senghor ; la rencontre, avec Dix secondes (Ed. Vents d'ailleurs), roman hommage au poème de Baudelaire, À une passante ; la création, avec le dernier Ulysse où l'idée de voyage devient une des actrices de la quête. La légitimité sera le thème du quatrième roman de ce cycle.
Il est des hommes ainsi faits qu'ils mènent l'élan poétique vers des horizons qui s'ouvrent bien au-delà des rails, là où s'entremêlent les crinières folles de l'Histoire, la déraison des sentiments, la gouaille magique d'un Dylan et la transe ferraillée d'un Cendrars.
Ces hommes en voyage s'exposent à de telles forces. Ils le savent. Comme ils savent reconnaître le cri des mots, et le chant de l'âme quand il surgit. Alors ils l'écoutent, lui obéissent.
C'est ce que fit Raphaël Sarlin-Joly un jour de mai quand il partit pour Vladivostok, et quand il en revint, avec agrippé au coeur les vibrations scéniques d'un chant, une épopée.
Canto Transsibérien est le blues en neuf temps d'un Far-East obscur et ténébreux; il se lit, se chante, se scande sur scène ou dans la rue, rugueux comme un Vissotsky, incarné comme un Maïakovski, universel comme un Neruda.
Canto Transsibérien est un surgissement.
À quoi se résume la vie?? À lutter, répond Jack London dès quatorze ans, lorsque son premier job dans une conserverie le force à enchaîner les journées de douze heures de travail sans mettre un cent de côté. Sa vie ne sera plus que lutte, il en fera une profession de foi au service d'un idéal : se battre ne suffit pas, encore faut-il le faire pour un monde meilleur. London s'est engagé en écriture et, bien au-delà d'aventureux destins racontés, n'a cessé de clamer sa révolte, d'en dédier la réussite temporelle à ses frères du Peuple d'en bas. C'est avec les mots de l'un d'entre eux glissés dans sa poche que London devint cendre : Votre parole était d'argent. À présent votre silence sera d'or.
Laurent LD Bonnet nous livre ici son regard sur le roman de Jack London Iron Heel ( Le Talon de fer), et nous propose d'en faire, à travers un dialogue avec London autour d'un feu, un des textes fondateurs du principe de révolte. Une mise en perspective qui permet au romancier américain d'observer le devenir de l'espèce humaine et de ses idées de révolution. Romancier et nouvelliste, Laurent LD Bonnet est l'auteur d'une Tétralogie de la quête : Vengeance - Rencontre - Création - Légitimité (en cours). Elle comprend les romans autonomes : Salone (2012), plusieurs fois primé notamment par le Prix Senghor, Dix secondes (2015), roman hommage au poème de Baudelaire, À une passante. Et le dernier Ulysse (2021). La revue Daïmon lui a consacré son numéro 6 Aux évadés..
Peu de romans ont marqué l'imaginaire politique. Le Talon de Fer est de ceux-ci. Il provoqua en 1908 les réactions outragées des socialistes américains, les commentaires haineux d'une presse dont les propriétaires étaient attaqués, et le dédain d'une part des lecteurs de Jack London à qui il proclamait : votre miracle économique salvateur est fondé sur une hypocrisie de classe ; elle mènera à une surproduction planétaire, à des conflits pour la résoudre, et in fine, à une Révolution mondiale !
Puis en 1923, le roman parut en France où une puissante critique sociale s'exprimait, s'appuyant sur les expériences conjuguées d'une guerre mondiale et de la révolution russe ; l'oeuvre de Jack London sembla visionnaire. Elle fut largement commentée, continua de l'être au cours du siècle, l'instituant comme manifeste social et politique, prolongeant à présent sa thématique jusque sous les fenêtres de la mondialisation en cours.
Nous l'accueillons donc dans la collection fondateurs, accompagné de textes d'auteurs qu'il a marqués depuis 100 ans : Anatole France (1923), Paul Vaillant Couturier (1937), Léon Trotsky (1939), Bernard Clavel (1967), Laurent LD Bonnet (2022), plaçant ainsi Le Talon de Fer sur la perspective historique désirée par l'auteur, illustrant sa réception dans les esprits de chaque époque, et proposant une vision ouverte d'une oeuvre qui symbolise ce qu'était Jack London : une conscience sociale. Dont la qualité ne fut pas d'être précisément avérée, mais de qualifier une prémonition dont l'Histoire a prouvé, et prouve encore la justesse dans le monde : jamais les oligarchies, pour garder la maîtrise du pouvoir, n'hésitent à emprunter les chemins de répression les plus sauvages - civils ou guerriers. Jack London offrit un nom à ce principe ; il sonne désormais comme un glas universel : The Iron Heel - Le Talon de Fer.