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Comme le personnage Agnan du Petit Nicolas de Sempé & Goscinny, le jeune Luc-Michel a très vite appris à composer avec sa myopie galopante qui a lui a valu autant de tourments que d'excuses pour échapper à ceci ou cela. Vivant dans un monde flou que ne vient rétablir qu'un objet disgracieux à poser sur son nez, le petit garçon a dû se résoudre à devenir un homme en évitant de se cogner aux obstacles qui se dressaient sur sa route, en ne chutant pas dans les trous qui le menaçaient, en acceptant les moqueries et le visage disgracieux de l'adolescent qu'il devenait, sujet idéal pour un écrivain qui peut ainsi se mettre en scène entre autodérision et amertume surmontée, égotisme tremblé et presbytie envahissante. Fait de courts épisodes en cataractes, ce petit opus amusera ceux qui partagent la vie des myopes et ravira ceux qui la subissent. Sans prétention et avec malice, Luc-Michel Fouassier chausse ses lunettes drolatiques.
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Ne jamais sortir de chez soi en pantoufles avec ses clefs à l'intérieur ! Ou alors être prêt à l'aventure urbaine et sociale. Le héros de cette épopée urbaine va éprouver le pouvoir de ses charentaises et de quelle manière sa vie, pourtant si banale, peut en être changée. Face à ses collègues de travail, sa famille, ses amis, les forces de l'ordre, voire la confrérie des farfelus, il se lance pendant plusieurs jours dans un combat inattendu pour imposer sa si tranquille façon de marcher et de regarder les gens, à hauteur de chaussettes. Ce numéro de funambule s'achèvera devant un spectacle de Guignol, joliment.
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Ils s'appellent Bahabin et Dabuche, Tatave et Tur, Glaire et Mucus : le café leur tient lieu de salon, de confessionnal, de scène... Ils se répandent, s'épanchent, se confient en s'abreuvant d'une bière qui semble la meilleure des consolatrices ou la plus douce des compagnes.
En trois dialogues menés fermement au comptoir d'un de ces bistrots qui font la gloire de la France au coude levé, Franz Bartelt nous fait pénétrer dans la mousseuse intimité de ces buveurs d'absolu que sont les piliers de bar.
Grâce à ce modeste ouvrage, on pourra sans peine affronter les terribles journées sans boisson. -
Quarante nouvelles noires brillantes : Jehanne Jean-Charles y surprend son monde en déployant un univers horrifique et inquiétant sans équivalent dans la littérature française d'après-guerre. C'est Jean-Jacques Pauvert qui la découvrit (elle porte le n° 1 de sa collection) en 1962, épaté par sa "main sûre et perverse". Dans Le Monde, on s'étonnait : "Comment fait-elle la diablesse qui nous mène et nous malmène ainsi, tambour battant, pour nous laisser ravis d'avoir été roulés, et marqués d'une forte empreinte?" Morbide sans excès, troublante avec malice, jouant avec nos nerfs fragiles, aimant les fantômes faussement innocents, l'autrice qui maîtrise l'art de la chute (et de la douche froide) fait montre d'un rare talent dans le domaine du fantastique français. Mais qui s'en souvient ?
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Nuits bleues calmes bières
Jean-Pierre Martinet
- L'Arbre Vengeur
- L'ivre De Caisse
- 7 Février 2025
- 9782379414138
Tonneau paisible roulant sur lui-même et dévalant sa propre pente, cet assoiffé était manifestement mort, mais il buvait encore : « lourdes, lentes, plombées, funèbres, des bières brunes qu'il aimait tant, surtout vers les cinq heures, quand la douleur est à vif, leur chevelure de morte qu'il avalait goulûment, comme un idiot se gave de mâchefer ou d'étoupe, en fixant le soleil. Mais les blondes aussi, fidèles, amicales, cuivrées. Toujours exactes. Bues à heure fixe, et ne décevant jamais. Le zinc était son pays. Sa carte du tendre. »
L'auteur de Jérôme signe ici son texte le plus court mais pas le moins imbibé. -
Dans le quartier des Becs, où grouillent les humains comme autant de vermine, Félicien Querque erre. Il a une idée fixe : aller en prison, paradis de la tranquillité et moyen honnête ou presque de se faire une place (à l'ombre) dans la société. Mais ce n'est pas si simple... Au cours de sa pathétique tentative, il va croiser la route de deux anges virés des cieux surpeuplés, Zurpath et Truniek, et celle de Jéronimo, journaliste sur le sentier de la guerre et du scandale, qui se fait un devoir d'éventer toutes les turpitudes de ses concitoyens, notamment les plus huppés. Le scribouillard sans scrupules se sait néanmoins traqué par les infatigables tueurs à gages du conseil général... Les nuits aux Becs semblent plus sombres et plus poisseuses, voire plus sanglantes, qu'ailleurs.
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L'autofictif travaille son dribble en forêt
Eric Chevillard
- L'Arbre Vengeur
- 10 Janvier 2025
- 9782379414091
Inspiré par ces hôtels Vialatte, à Clermont-Ferrand, ou Flaubert, à Rouen, entièrement dédiés à un écrivain, avec exposition de photos et de livres dans le hall, citations inscrites sur les murs des chambres et le linge de lit, j'envisage d'ouvrir prochainement un Hôtel Chevillard qui garantira à sa clientèle un verre de bienvenue à moitié vide, la compagnie nocturne d'un hérisson et le raffinement de cauchemars inédits.
L'Hôtel Kafka, en revanche, a dû fermer après quelques semaines. On s'y réveillait transformé dans son lit en une abominable vermine. Le bouche-à-oreille a été fatal à l'établissement.
Bienvenue à l'Hôtel Éric Chevillard, 16 € la nuitée, l'hôte vous y recevra, en crampons, avec tous les égards dus à l'équipe de ses lecteurs les plus fidèles, des gens qu'on n'endort pas comme ça...
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Raconté par un homme vieillissant que la vérole a défiguré mais qui reste
précieux car il sait inséminer les fleurs du vanillier, Les Tortues nous plonge dans un
épisode dramatique de la vie de ce survivant : une épidémie qui ravagea l'équipage d'un
bâteau de trafiquants transportant des tortues géantes. Au son des carapaces
s'entrechoquant, dans l'angoisse d'un navire noir qui les poursuit, les hommes ont vécu
dans l'espoir d'un trésor sans cesse plus éloigné. Incapables de se libérer de leur prison sur
les eaux, ils ont dû affronter leur propre terreur, la variole et enfin la mort tapi dans
l'ombre.
Inspiré par Melville, envahi par les vapeurs alcoolisées qui rappellent Lowry, dans une
ambiance à la B.Traven, ce roman symbolique est un des diamants noirs de la littérature
du XX° siècle. -
Tristan Bernard est un écrivain célébré, notamment pour son humour, lorsqu'en 1933 il surprend avec Aux abois. Ce pas de côté vers les zones grises de l'âme humaine suscite étonnement et inquiétude chez des lecteurs habitués à rire de ses bons mots : les voici placés en lisière d'un tragique calme et distancié, à suivre la fuite désordonnée d'un assassin par inadvertance qui raconte, avec une précision singulière, sa lente descente, secouée par des moments de panique, vers l'acceptation de son sort.
Pas vraiment abominable ni franchement minable, ce tueur inattendu, animé d'une vie qui peine à prendre du relief, devient au long de ses confessions notre familier voire notre proche. Sommet de l'humour froid, ce roman trop méconnu nuance génialement la galerie des personnages haut en couleurs, grotesques et vains du grand Tristan Bernard, précurseur ignoré de la littérature contemporaine. Rabat gauche Tristan (nom d'un cheval sur lequel il avait misé et gagné gros) Bernard (à l'état-civil Paul Bernard) naquit à Besançon en 1866 pour s'éteindre à Paris en 1947, quelques années après son internement à Drancy parce que Juif : il ne dut son salut qu'à l'intervention de Sacha Guitry et Arletty.
Son petit-fils, François, arrêté comme résistant puis déporté à Mauthausen, y mourra. Immensément célèbre en son temps, tant pour ses fameux mots d'esprit ou ses mots croisés que pour sa production littéraire, il laisse derrière lui des romans (Mémoires d'un jeune homme rangé, Nicolas Bergère), des contes et nouvelles (Contes de pantruche et d'ailleurs, Amants et voleurs) et des pièces de théâtre (Les Pieds Nickelés, L'Anglais tel qu'on le parle).
Il fut passionné de cyclisme (il dirigea un vélodrome et le Journal des vélocipédistes), amateur de courses hippiques (on prétend qu'il inventa le jeu des petits chevaux...), journaliste à L'Humanité de Jaurès, participa aux débuts du Canard enchaîné, et fut un des piliers de la vie littéraire de la première moitié du XX° siècle. La postérité n'a retenu que quelques uns de ses titres au milieu d'une riche bibliographie qui dissimule un immense talent, une inventivité et un humour qui a peu d'équivalent dans le siècle.
Sa famille n'en manque pas non plus : il est (entre autres) le père du grand cinéaste Raymond Bernard et le grand-oncle de Francis Veber. Aux abois, qui préfigure de manière étonnante L'Etranger d'Albert Camus (un nombre impressionnant de séquences sont similaires d'une oeuvre l'autre), a fait l'objet d'une intéressante adaptation cinématographique par Philippe Collin en 2005. De lui L'Arbre vengeur a également édité Le Jeu de massacre. -
Aller-retour dans la langue que parlait mon père
Alain Fleischer
- L'Arbre Vengeur
- 21 Mars 2025
- 9782379414190
Pourquoi cet homme refusait-il de parler sa langue originelle, la langue de son père, celle de ses aïeux et de son peuple décimé ? Pourquoi son fils pense-t-il qu'il aurait dû apprendre cette langue, le hongrois, pour toucher cet homme et l'interroger sur ses silences, sur son incapacité à évoquer autre chose que ce bon temps de naguère. C'est grâce la soeur, sa tante Lenke, la seule autre rescapée de la famille, qu'il va pouvoir apprendre ce qui est arrivé aux siens que son père tait de manière irréductible.
Ce court texte autobiographique, cette lettre au père aimé mais silencieux, est la tentative pour résoudre une énigme, pour comprendre une fuite, pour savoir au bout du compte ce qui fait qu'un homme devient un artiste et un écrivain. -
Le gratte-ciel des hommes heureux
Lucien Corosi
- L'Arbre Vengeur
- Fantascope
- 25 Avril 2025
- 9782379414220
Imaginé avant-guerre puis édité en 1949, ce singulier roman raconte la vie des occupants d'un gratte-ciel new-yorkais de 259 étages, 1000 mètres de haut (500 ascenseurs) et peuplé de 114 000 habitants au début des années 1960. Parfaitement autosuffisant, regroupant institutions religieuses et policières, tout comme des activités économiques et de loisirs, l'immeuble se veut une société a priori idéale, satisfaisant les moindres désirs de ses occupants jamais désireux d'en partir. Berkeley Smith jr est le personnage principal, celui qui va perturber l'ensemble, jusqu'à sa mort en 2024 (!) avant de devenir une légende, car il déteste l'immeuble et rêve de s'en échapper pour découvrir le monde. Mais rien n'y fait, il échoue sans cesse dans ses tentatives même en se faisant interner et tueur.
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« Je pensais souvent à ce cinéaste japonais, Ozu, qui avait fait graver ces simples mots sur sa tombe : « Néant ». Moi aussi je me promenais avec une telle épitaphe, mais de mon vivant. » Adolphe Marlaud habite un appartement avec vue sur le cimetière qui domine la rue Froidevaux, une de ces rues où « on meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui. » N'ayant réussi à n'être ni fantôme, ni homme invisible, en exil, cet étrange voyageur d'hiver s'est fixé une ligne de conduite : « vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. » C'est sans compter sur Madame C., sa concierge, qui guette amoureusement son passage du haut de ses deux mètres pour le contraindre à des actes que la pudeur réprouve.
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Victor Bâton vit dans l'obsession de se faire des amis. Trentenaire qui tire le diable par la queue mais se refuse à travailler, il subsiste de sa pension et parcourt la ville dans des vêtements usés qui ne le rendent guère séduisant. Pourtant il s'accroche à chaque rencontre, se fait un espoir de chaque regard et n'en finit pas de s'inventer un avenir qu'une magnifique amitié illuminerait. Dans un Paris sans lumières, il nous raconte sa quête en détail.
Avec ce premier roman, Emmanuel Bove ébranla la littérature : son écriture, qui allie densité du style et simplicité formelle, ironie mordante et compassion, a traversé le temps.
Mes amis est un chef-d'oeuvre, de ceux qui touchent chaque lecteur. Une rareté qu'il est indispensable de ne pas manquer. Il a reçu le Prix Initiales 2017
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Quand le jeune Youpe Laboume débarque en cours d'année dans la classe de Mlle Cochon, personne ne le trouve bizarre, d'autant qu'il manifeste aussitôt des qualités d'écolier modèle. L'institutrice découvre cependant vite pourquoi ce bon élève change d'établissement plus qu'il n'est raisonnable : au premier compliment qu'elle lui adresse le voilà qui entre dans une transe incontrôlable le propulsant aux quatre coins de la salle. Son camarade de pupitre, Émile Cacasse, plutôt habitué à se laisser oublier loin du tableau, se lie bientôt d'amitié avec ce singulier et bondissant garçon affamé de savoir et pénètre dans l'univers des Laboume, acrobates déclassés qu'il va essayer de tirer de la mouise et du saucisson d'âne.
Si l'on retrouve dans ces pages sautillantes l'inimitable verve de Franz Bartelt, seul écrivain capable d'imaginer un numéro de « danse molle », on y découvrira un monde enfantin dont la douceur et la naïveté viennent tempérer des singeries qui nous font bondir de joie. -
C'est parti ! Nous voici engagés dans une folle entreprise éditoriale, l'édition du journal (ou cahiers) de Franz Bartelt, cet écrivain pour le moins excentré des allées littéraires balisées, qui arpente son étroit territoire littéraire à coup de romans, nouvelles et autres chroniques. Sa grande oeuvre cachée restait néanmoins à découvrir, des milliers de pages rangées dans son ordinateur où il tient la chronique quotidienne d'une vie d'écriture, de rencontres, d'étonnements. C'est souvent très drôle, c'est parfois un brin remonté, c'est simplement une vie racontée au prisme de l'écrit à laquelle l'auteur s'est voué. Pour entamer cette campagne, après L'Almanach de l'an passé qui l'annonçait, voici l'année 2000, un an à triple zéro et quadruple détente où Bartelt fait sauter les bouchons !
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C'est avec ce roman fracassant de furie paru en 1830 qu'Eugène Sue se lança en littérature : inspiré par Fenimore Cooper, imprégné de l'imaginaire du romantisme noir, il embraque le lecteur confondu à la suite d'un impitoyable pirate qui ne renonce à aucune vilénie pour parvenir à ses fins, ce qui lui permettra le jour venu, et riche, de devenir un de ces petits bourgeois haïssables qu'on enterre avec respect. Le roman permet en effet de distinguer les deux figures d'un même homme : sauvage et cruel d'un côté, rangé et dévotieux de l'autre. Une occasion pour le jeune auteur d'entamer son long combat littéraire contre l'hypocrisie (religieuse notamment). On y découvre la patte de l'auteur qui manie l'ironie à tours de sabre et pratique un humour noir qui a particulièrement bien vieilli.
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La rue des Vivants serpente dans un quartier pauvre de la grande ville, à quelques encablures du port qui emploie - mais les temps sont durs - des dockers rudes au mal et souvent ravagés par l'alcool.
La petite Sabine évolue dans ce monde où le mot misère est trop précieux pour être utilisé et où il s'agit chaque jour de se débrouiller pour manger et s'habiller. Quand sa mère ne l'envoie pas à la recherche du père ivre dans un bistro ou réclamer du crédit à des marchands sans scrupules, elle s'évade et s'invente des histoires au bord du fleuve impassible, rêvant une vie qu'illuminent quelques rares éclats de lumière au milieu du gris des usines.
Lorsque Suzanne Martin, qui a grandi dans cet univers, entre débrouille et humiliations, devenant artiste peintre loin des siens, a proposé ce premier livre à Gallimard, c'est l'optimisme rayonnant de cette enfance pauvre sublimée par une langue inventive qui a suscité l'enthousiasme des éditeurs. Roman cruel et fort, il est parvenu, plusieurs décennies après, à garder intacte sa beauté inquiète.
Sabine revient enfin hanter, plus vivante que jamais, la rue de son enfance courageuse.
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Une vie de chien, c'est bien bref. Surtout pour celui qui, après son départ, reste et voit s'éloigner les souvenirs qu'il avait en commun avec ce compagnon si habile à le promener...
François Caradec, grand biographe de géniaux excentriques comme Raymond Roussel, s'est donc fait celui de Boum, l'« épagneul Saint-Sulpice » ramené du Togo par son fils. Un drôle de clébard qui, peu à peu, a pris la plus belle place dans la vie de ses maîtres, celle du coeur, de celui qui ne réclame que de l'attention voire de l'amour, et le fait avec malice. La mémoire de leurs riches conversations et de leurs chants en choeur, de ses petites habitudes et de ses comportements inattendus, irrigue ce petit livre unique et tendre qui aboiera joliment à vos oreilles.
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Mousse embarqué de force sur un bateau où l'équipage ne lui épargne rien, le narrateur de cette histoire raconte sa vie en mer, entre les privations, les sévices et la cruauté des marins, mais sous la protection du cuistot. Ce dernier comprend vite qu'avec le vent qui tombe se préparent des temps terribles et que la vie sur un galion immobile va devenir un enfer.
C'est ainsi que débute un des romans fantastiques les plus saisissants de la littérature française, transformant une aventure maritime en conte initiatique : dans le sillage des deux rescapés fascinés par la montagne qui domine l'île où ils ont échoué et qui semble avoir été désertée par les humains, un univers aussi fabuleux qu'inquiétant émerge de la roche.
À l'ombre d'un père immense, un seul livre, posthume, a permis à Michel Bernanos, de se faire un prénom. La Montagne morte de la vie est de ceux dont les images et les visions vous poursuivent toute une vie. -
Léon Bloy est né à Périgueux en 1846. Son père est athée, sa mère est bigote. Il
interrompt tôt ses études, commence à écrire et dessiner puis monte à Paris à 18 ans.
Longtemps haineux de Jésus et de son Eglise, il se convertit après sa rencontre
déterminante avec Barbey d'Aurevilly en 1869. Durant la guerre de 1870, Bloy se bat
comme franc-tireur. Il commence sa carrière littéraire à 36 ans, débordant d'activité et
d'un talent furieux, écrivant romans et pamphlets. Il meurt en 1917. -
Certains livres peuvent être considérés comme de « sombres objets » à manipuler avec précaution, Monsieur Ouine, l'ultime fiction publiée par Bernanos en 1946, peut rejoindre Le Maître de Ballantrae ou Les carnets du sous-sol. Largement moins connu que Sous le soleil de Satan ou Journal d'un curé de campagne, ce titre est considéré par les bernanosiens comme l'opus majeur. Histoire de la catharsis d'un petit village autour de la figure d'un professeur rongé par la tuberculose à l'influence délétère et au charisme morbide, ce roman représente un infini filon de noirceur, Bernanos approchant au plus près de son gouffre intérieur avec ce livre absolu sur le mal et le néant qu'il affronte, comme un naufragé solitaire en dérive face à ses démons.
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Paru en 1822, Infernaliana reste un des textes les plus méconnus du grand
Nodier. Au long des trente-quatre récits que compte cette sorte d'anthologie d'un style
nouveau, le créateur se révèle comme le précurseur de l'Aurélia de Nerval et des Chants
de Maldoror de Lautréamont, pour ne pas parler des surréalistes qu'il semble anticiper de
près d'un siècle... Il y fait alterner de brefs romans et des anecdotes, utilisant des récits
antérieurs qu'il est allé dénicher et qu'il restitue sans les commenter. Car c'est un des
charmes de ce livre à part de ne jamais laisser entendre la voix de l'auteur qui compile
avec joie des histoires de vampires et de fantômes sans vraiment les juger, nous laissant
le plaisir de sourire de la naïveté des anecdotes tout en frémissant des histoires ellesmêmes. -
Les derniers contes de Canterbury
Jean Ray, Donatien Mary
- L'Arbre Vengeur
- 27 Octobre 2023
- 9782379412301
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C'était la vérité. Il n'allait pas bien - et peu importe au fond la nature précise ou réelle de son mal. Il était malade, je lui faisais du bien, il fallait faire quelque chose. Je compris très vite que nous étions désormais solidaires, deux morceaux d'un seul bout de bois. Il faudrait que je le divertisse et le soigne. Il s'appuierait sur moi comme je m'appuyais sur lui et ainsi, nous tiendrions : je pourrais me rassurer en le rassurant lui, monter sur ses épaules quand il monte sur les miennes. Et parfois, en effet, ça tenait ferme ces fondations tordues.