En 1945, George Orwell écrit La Ferme des animaux, une fable dans laquelle les animaux chassent leurs maîtres humains et instaurent dans leur ferme un nouveau régime politique qui tourne vite à la dictature.
Entre les lignes, on comprend qu'il s'agit d'une charge contre le stalinisme.
À l'aube de la guerre froide, cette critique de l'URSS sonne tellement juste que la CIA décide, en 1951, de la transposer en bande dessinée dans le cadre de ses opérations de propagande anticommuniste. Elle sera diffusée partout sur la planète, et prioritairement dans les pays du Tiers Monde, devenus l'enjeu des luttes entre grandes puissances. Et notamment en langue créole, version que nous avons traduite pour l'édition de ce document exceptionnel pour la première fois republié.
Bien que cette BD démontre la puissance et l'originalité de la propagande américaine, elle reste extrêmement fidèle à l'oeuvre originale, de sorte que son contenu subversif finit par annuler sa visée contre-révolutionnaire.
Car la leçon à tirer de La Ferme des animaux est que pour faire triompher une révolution, le peuple doit se débarrasser de ceux qui prétendent en prendre la direction.
Si je m'adresse aux ingénieurs, c'est parce que je les connais bien.
Je suis -ou j'étais?- l'un d'entre eux. Artisans d'un devenir technologique qui façonne nos existences et structure nos sociétés, ils sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à ressentir de la dissonance cognitive. Quelque chose en eux sait que leur travail creuse le sillon de trajectoires insoutenables pour nos vies et pour la Terre.
Pourquoi alors n'y a-t-il pas plus d'ingénieurs qui désertent? C'est la question que je me propose d'élucider dans ce livre, en me plaçant dans une perspective résolument politique. Il serait en effet plus que souhaitable, pour eux, mais aussi pour nous tous, qu'ils refusent de se résigner, qu'ils cessent de nuire au plus vite, et pour cela qu'ils s'évadent de leurs cages dorées.
L'une des aventures éditoriales les plus étonnantes et méconnues du XXe siècle eut lieu au... Kansas. C'est là qu'Emanuel Haldeman-Julius jette les principes de l'édition de poche. Fils d'immigrés russes, dandy lettré, self-made-man, il a sillonné les États-Unis et rencontré Mark Twain, Jack London et Emma Goldman. Son amour de la littérature, son engagement socialiste, son idéal philosophique hérité de Voltaire le conduisent à créer une collection de petits livres : les Little Blue Books. Entre 1920 et 1950, il en vend des centaines de millions et propage ainsi ses idéaux d'émancipation, d'autoéducation et de lutte contre l'obscurantisme religieux. Jaloux de sa spectaculaire réussite financière, apeurés par sa témérité, les gardiens de l'ordre moral et politique s'en offusquent, notamment le puissant patron du FBI, Edgar Hoover, qu'il a osé attaquer.
Haldeman-Julius est alors condamné à de la prison pour fraude fiscale. Le 31 juillet 1951, on le retrouve mystérieusement noyé dans sa piscine. À partir de documents inédits en France, l'auteur raconte l'histoire de cet intellectuel humaniste, doublé d'un redoutable businessman, qui fut le plus rocambolesque éditeur du monde.
C'est le progrès, qui n'est jusqu'ici que décomposition : chaos de pavillons, d'immeubles, de ferrailles et de détritus. Et à travers l'informe et l'innommable, la banlieue, s'écoule la diarrhée d'asphalte que répand la bagnole avant d'aller crever contre un poteau ou dans un pré. Les fermes abandonnées s'écaillent ou s'écroulent, quand elles ne se fardent pas pour plaire à un bourgeois. La lèpre ronge touyas et forêts. Peines et maladies reculent, la production augmente, et le bonheur aussi, paraît-il. Mais à perte de vue, l'oeil ne voit que des ruines ou des ébauches, c'est-à-dire des chantiers. Ce qui importe n'est pas ce que l'on vit, mais ce que l'on fabrique, et c'est toujours la même chose. À quoi bon regarder ? Bientôt ce ne sera pas plus la peine que dans les tunnels du métro. Ici comme n'importe où, ce monde perpétuellement à venir ne parle plus aux sens, et donc n'a pas de sens. Les fruits de cette mue sont purement sociaux, ni l'ouïe, ni la vue ne les enregistrent, mais la statistique. Où sommes-nous ? Quelque part entre deux murs, du côté de Bochum ou de Brisbane. Il n'y a plus de pays, de paysans, mais seulement le folklore : la petite momie attifée en Ossaloise qu'on fait danser au pied des HLM.
Le malaise des enseignants, les difficultés de recrutement ou encore la désillusion des contractuels, thèmes désormais familiers du paysage politico-médiatique, ne sont que les symptômes d'une crise profonde - celle de l'éducation -, qui interroge notre capacité à « prendre soin, préserver et admirer les choses du monde » (Hannah Arendt). Ce récit singulier et sensible, à rebours des plaidoyers lénifiants pour une école postmoderne ou des complaintes anxiogènes sur les « territoires abandonnés » de la République, invite les lecteurs à suivre les pérégrinations d'un professeur contractuel nommé dans un collège de la banlieue parisienne afin d'apprendre aux enfants des classes laborieuses l'histoire et la géographie - sans oublier l'enseignement moral et civique. En passant du rire aux larmes et de la compassion à la révolte, Le Remplaçant offre une chronique saisissante de la France contemporaine. Il raconte aussi l'histoire d'une jeunesse perdue, celle d'un fils d'ouvrier à l'orée de ses quarante ans, celle d'un ancien sorbonnard durablement installé dans le précariat, comme tant d'autres aujourd'hui.
Cinq penseurs forment la substance de ce livre. Tous partagent le même amour de la liberté et de la nature. Trois d'entre eux se réclament explicitement de l'anarchisme - Élisée Reclus, Jacques Ellul et Murray Bookchin - tandis que les deux autres - Ivan Illich et Bernard Charbonneau - s'apparentent à ce courant par bien des aspects. Il ne s'agit que d'une part de celles et ceux qui ont pu constituer les racines libertaires de l'écologie politique, mais quelle part ! D'autant que c'est celle que l'auteur a été amené à fréquenter ; dès 1973, en se liant à Jacques Ellul, puis en sympathisant avec Ivan Illich et Bernard Charbonneau dans les années 1980 et 1990. Quant aux deux autres - Élisée Reclus et Murray Bookchin -, des affinités électives évidentes ont guidé ses pas dans leur direction. Le but de ce livre n'est rien de moins, rien de plus, que d'introduire aux pensées rigoureuses et clairvoyantes de ces cinq précurseurs dans ce qu'elles ont d'authenticité humaine et de force émancipatrice.
Au Brésil, dès le xvie siècle, des esclaves noirs se libèrent et fondent des communautés marronnes, appelées quilombos. Ces républiques libres et auto-organisées repoussent les nombreuses attaques des colons et deviennent, pour plusieurs siècles, le symbole de la résistance aux régimes esclavagistes. Ce livre, écrit par l'un des meilleurs spécialistes brésiliens, raconte cette passionnante histoire.
1811. Alors que la révolution industrielle s'apprête à rendre l'Angleterre méconnaissable, bris de machines, incendies et émeutes se multiplient dans les manufactures. Des redresseurs de torts viennent de déclarer la guerre aux « machines préjudiciables à la communauté ». Puisque les artisans doivent faire le deuil de leur savoir-faire et migrer vers les villes, les luddites se dressent contre la dépossession machinique. À l'heure du tout-numérique et des technologies du vivant, ce récit est un cinglant plaidoyer contre le capitalisme industriel. C'est le livre de référence sur l'histoire du mouvement luddite. L'intérêt actuel pour la technocritique, qui se réfère énormément aux luddites, rend la parution de ce livre indispensable.
'un des plus beaux chants d'amour à la révolte et à la liberté. Un monument de la littérature anarchiste enfin traduit intégralement en français et au format poche. Emma Goldman est l'une des plus célèbres et des plus attachantes figures de l'histoire du mouvement anarchiste et socialiste. Elle en a vécu avec passion et détermination les heures les plus brûlantes. Née en 1869 dans l'Empire russe, Emma Goldman s'exile aux États- Unis à 16 ans. Pauvreté, exploitation et désillusions l'y attendent. Elle plonge alors à corps perdu dans le chaudron politique et intellectuel. Expulsée en 1919 vers la Russie, elle découvre une réalité qu'elle ne cessera de dénoncer. Son époustouflante épopée mêle grands affrontements politiques et vie d'une femme hors du commun, poésie et quotidien, espoir et désenchantement. Ce texte magistral est à la fois une fresque historique vertigineuse où l'on croise tous les grands révolutionnaires.
Les quatre mousquetaires de Montmartre. C'est ainsi qu'on appelait la joyeuse bande d'auteurs et d'amis composée de Francis Carco, Pierre Mac Orlan, Roland Dorgelès... et André Warnod. Écrivain, essayiste, journaliste, illustrateur et critique d'art, ce dernier n'a cherché ni la gloire ni la postérité. Il est pourtant l'auteur d'une oeuvre considérable sur l'art et l'histoire de Paris. Flâneur invétéré, conteur incontournable, il n'a eu de cesse de déambuler dans l'ombre pour livrer les innombrables secrets que recèlent les rues de la Ville-Lumière. Qui se souvient de la fête des fleurs et de la foire à la ferraille ? De la cavalcade du Rougevin ?
Des bals et des bistrots par milliers ? Des dessinateurs affabulateurs et des discrets photographes ? Des chanteuses s'époumonant sur le macadam et des gamins galopant à folle allure ? Printemps, été, automne, hiver, chaque saison est l'occasion d'infinies rêveries. André Warnod nous rappelle que Paris, avant d'être une fête, était un plaisir
Saviez-vous qu'au siècle de la machine à vapeur, on s'inquiétait déjà de la surconsommation d'énergie et des limites à la croissance?? Pensiez-vous que la «?fée électricité?» avait été rejetée par des réfractaires au confort moderne, soucieux de ne pas dépendre de grands systèmes techniques?? Imaginiez-vous que nos ancêtres fustigeaient les automobilistes «?écraseurs?» et s'en prenaient à l'accélération des transports?? Que des travailleurs s'opposaient au sacro-saint «?développement des forces productives?»?? Que des écologistes avant l'heure alertaient sur la destruction de la nature par la civilisation industrielle?? Contrairement au fameux adage selon lequel «?on n'arrête pas le progrès?», le recours à l'histoire démontre qu'il n'y a pas de fatalité technologique. L'humanité n'est pas vouée à s'adapter, résignée, à l'implacable règne des machines. La course à la puissance a toujours fait face à de profondes remises en cause. Les textes réunis ici s'appuient sur la mémoire de ces résistances pour nourrir la réflexion actuelle autour de la nécessaire décroissance. Alors que l'expansion indéfinie nous conduit à l'abîme et que l'artificialisation du monde s'intensifie, des bifurcations restent possibles. Et elles sont vitales.
Oppression des femmes et destruction de la nature seraient deux facettes indissociables d'un modèle de civilisation qu'il faudrait dépasser : telle est la perspective centrale de l'écoféminisme. Mais derrière ce terme se déploie une grande variété de pensées et de pratiques militantes.
Rompant avec une approche chic et apolitique aujourd'hui en vogue, ce livre restitue la richesse et la diversité des théories développées par cette mouvance née il y a plus de 40 ans : critique radicale du capitalisme et de la technoscience, redécouverte des sagesses et savoir-faire traditionnels, réappropriation par les femmes de leur corps, apprentissage d'un rapport intime au cosmos...
Dans ce road trip philosophique alternant reportage et analyse, l'auteure nous emmène sur les pas des écoféministes, depuis les Cévennes où certaines tentent l'aventure de la vie en autonomie, jusqu'au nord de l'Inde, chez la star du mouvement Vandana Shiva. Elle révèle aussi les ambiguïtés de ce courant, où se croisent Occidentaux en quête d'alternatives sociales et de transformations personnelles, ONG poursuivant leurs propres stratégies commerciales et politiques, et luttes concrètes de femmes et de communautés indigènes dans les pays du Sud.
Devenu célèbre grâce à L'Hôtel du Nord, chef-d'oeuvre adapté par Marcel Carné au cinéma, Eugène Dabit ne s'est pas contenté de porter son regard si singulier sur le petit peuple de Paris. En 1935, il s'est aussi penché sur le destin de celles et ceux qui habitent dans la grande banlieue, cette zone verte jusqu'alors épargnée par la ville. C'est là-bas que Leguen, peintre en lettres au chômage, se rend à la veille du 1er mai pour cueillir du muguet. Moins par nécessité que par besoin de se sentir libre. Libre de vivre comme bon lui semble, au rythme de la nature, et non plus comme un travailleur citadin anonyme. En chemin, il fera la rencontre des tenanciers et clients d'une auberge apparemment ordinaire... sans se douter des drames qui s'y dérouleront et que l'auteur, qui a mis dans cet ultime roman beaucoup de lui-même, expose avec un humanisme poignant.
Un recueil de textes sur Guy Debord qui perturbera ceux qui s'en revendiquent à tort et à travers. Sa pensée n'ayant rien perdu, bien au contraire, de sa puissance critique. Devenu apparemment « acceptable » depuis sa mort en 1994, transformé même, selon certains, en icône et gloire nationale, le fondateur de l'Internationale situationniste n'est cependant pas devenu, malgré toutes les allégations en ce sens, un auteur comme les autres. Ce livre se propose donc de sauver la puissance de dérangement que constitue son oeuvre : y sont examinés entre autres la fin de l'art et la fin de la politique, sa lecture de Marx, sa contribution à la réflexion historique, les parallélismes possibles (ou pas) avec les écrits de Theodor Adorno, Hannah Arendt et Jean Baudrillard. Sa curieuse récupération par le monde de l'art y est évoquée, ainsi que la question de son « actualité ». Les gens les plus différents se revendiquent de Debord et des situationnistes : il convient de leur rappeler que l'auteur de La Société du spectacle a toujours voulu s'opposer au monde entier, ou presque.
« Je n'avais qu'un seul désir, pratiquement irréalisable, complètement déraisonnable, utopique : être écrivain. » Michel Ragon le deviendra, auteur d'oeuvres aussi remarquables que La Mémoire des vaincus ou Les Mouchoirs rouges de Cholet. Pourtant, rien ne le prédestinait à une telle vie, lui, le pupille de la nation élevé en Vendée dans un milieu social extrêmement modeste, obligé d'exercer mille métiers avant de pouvoir vivre de sa plume. Rien, ou peut-être le principal : une rage de lire. Car lire c'est réfléchir, et réfléchir, c'est s'emplir la tête d'idées pas comme il faut ; et c'est forcément se mettre en porte-à-faux avec de plus forts que soi. De plus fortunés. De plus féroces, de plus hargneux. Et à ce jeu, la mère du petit Michel lui dit qu'on ne gagne jamais. Pourtant, lui triomphera. Thierry Maricourt nous raconte, avec tendresse et passion, la jeunesse de Michel Ragon, dont il a été très proche, de Fontenay-le-Comte à Paris en passant par Nantes, de la chorale de l'église aux milieux artistiques, littéraires et anarchistes. Voici un sublime hommage aux grands oubliés de beaucoup d'histoires du livre : les lecteurs.
L'intelligence artificielle se dresse comme une puissance habilitée à expertiser le réel de façon plus fiable que nous-mêmes. Elle est appelée à orienter la conduite des affaires humaines, entraînant ainsi l'éradication des principes juridico-politiques qui nous fondent, soit le libre exercice de notre faculté de jugement et d'action. Le pouvoir croissant de cette main invisible automatisée constitue une offensive antihumaniste.
Ce livre, qui appréhende l'intelligence artificielle comme les fondements d'un nouveau modèle civilisationnel, est le dernier volet d'une trilogie devenue la référence sur la compréhension de la nouvelle condition humaine à l'ère numérique. Il fait suite à La Vie algorithmique et à La Silicolonisation du monde.
La recherche d'un mode de vie centré sur le confort, c'est-à-dire débarrassé de toute forme de contrainte, de fatigue ou d'effort, est devenue un idéal absolu. Répandu dans la plupart des classes sociales des pays développés, il fait l'objet d'un consensus que brise ce livre original, qui se situe à la croisée de l'anthropologie et de la philosophie. Stefano Boni réactualise les analyses d'Ellul, Anders, Illich ou Latouche, pour révéler le prix à payer de l'expansion du confort moderne : affaiblissement de nos capacités cognitives et sensorielles, perte d'autonomie au profit de dispositifs technologiques, renforcement de l'individualisme, appauvrissement et instrumentalisation des relations sociales, mise à distance de la nature, et destruction des écosystèmes. En nous privant de toute expérience désagréable ou négative, le confort nous enferme dans un cocon protecteur qui nous coupe du monde extérieur et de nous-mêmes.
Chez Brasero, nous éclairerons l'histoire de manière oblique, en privilégiant les contestations, les marges, les personnages et événement obscurs, oubliés ou méconnus. Nous aimons les gens ordinaires et l'humanité haute en couleur : les dandys et les femmes à barbes, les binoclards et les escogriffes, les oiseaux rares et les herbes folles, les infâmes et les infimes, les excentriques et les rebelles. Nous aimons les en-dehors et les bas-côtés, les armistices et les révolutions, les Atlantides et les Icaries.
Caroline Rémy, dite Séverine (1855-1929), aura été l'une des pionnières du journalisme et l'une des grandes figures de l'histoire des mouvements révolutionnaires. Disciple et amie de Jules Vallès, première femme à diriger un quotidien national, elle se lance à corps perdu dans la grande mêlée sociale de la «?Belle époque?». Sa plume, ardente et infatigable, n'aura de cesse de défendre le peuple face à ses ennemis?: le capital et la bourgeoisie. Féministe, pacifiste et libertaire, d'une intégrité à toute épreuve, elle sera en première ligne de tous les combats de son temps. Durant toute sa vie, Séverine a écrit plus de 6?000 articles dans de nombreux journaux?: Le Cri du Peuple, La Fronde, Gil-Blas, L'Humanité, France-Soir, etc. Dans ce recueil sont réunis ses textes les plus flamboyants. Au détour de ces pages apparaissent les grands et petits noms de l'anarchisme auxquels elle rend hommage, les innombrables batailles des femmes et du mouvement ouvrier, et le parfum de poudre et de révolte que furent ces années tumultueuses.
Le Bund, organisation sociale-démocrate des ouvriers juifs, né dans la clandestinité en 1897, fut le premier parti politique juif, socialiste, marxiste et laïque. Il rassembla nombre de juifs de Pologne, de Lituanie et de Russie qui luttèrent avec acharnement contre l'autocratie tsariste. Bien plus qu'une simple formation politique, le Bund sut développer un véritable mouvement culturel dont le yiddish fut la sève. Souvent décrié au sein des masses juives elles-mêmes, que ce soit par les religieux, les sionistes de toutes tendances et même par les communistes et les libéraux, le Bund fut de tous les combats contre l'oppression russe, soviétique, polonaise et nazie. Pour la première fois, voici l'épopée de ce mouvement, de sa naissance jusqu'aux dernières purges staliniennes, en passant par les révolutions de 1905 et de 1917 et par l'insurrection du ghetto de Varsovie. Ce livre restitue aussi ce que fut la vie et l'action de ses leaders et de ses militants, que la Shoah a ensevelis et dont les cendres ont été balayées par une Histoire bien oublieuse.
Une critique implacable du béton, incarnation de la logique capitaliste, mais aussi - et peut-être avant tout - de l'architecture moderne et de l'urbanisme contemporain.
Publié en 1887, ce livre est un réquisitoire contre l'idéal qui prédomine alors en Angleterre : s'enrichir en fournissant le moins d'efforts possible. Toute une population rêve en effet de parvenir à l'état de consommateur passif qui vit aux crochets des autres.
À l'économie politique bourgeoise qui détruit la fraternité, Carpenter oppose un tout autre idéal : que chacun se dépouille du superflu et se retrousse les manches pour répondre à ses besoins, tout en partageant et en s'entraidant avec ses prochains. S'appuyant à la manière d'un Henry David Thoreau sur sa propre expérience de retour à la terre, sur sa sensibilité à la nature et sur les principes de la simplicité volontaire qu'il expose ici, l'écrivain-maraîcher plaide pour un socialisme anti-industriel. Soit une production à petite échelle fondée sur le travail des paysans et des artisans, qui maîtrisent leurs moyens de subsistance.
Non seulement une telle société décentralisée serait plus juste et égalitaire, mais elle permettrait aussi une plus grande liberté et un épanouissement des individus. Car l'homme n'est pas fait pour s'enfermer dans des villes fumantes, mais pour vivre au grand air et travailler avec ses mains. Voici l'une des leçons de ce magnifique traité de philosophie pratique.
Les technologies numériques imposent un mode de rationalité fondé sur la définition chiffrée de toute situation et sur une maîtrise indéfiniment accrue du cours des choses. Une connaissance sans cesse approfondie s'instaure, orientant les décisions individuelles et collectives au prisme d'algorithmes visant les plus hautes optimisation, fluidification et sécurisation des existences et des sociétés.
Ce livre, qui examine la quantification et la marchandisation intégrales de la vie, est le premier volet d'une trilogie devenue la référence sur la compréhension de la nouvelle condition humaine à l'ère numérique. Suivront La Silicolonisation du monde et L'Intelligence artificielle ou l'enjeu du siècle.
« Peut-il y avoir protection de la nature par la société qui la détruit ?
Poser la question, c'est y répondre », déclare Bernard Charbonneau.
D'une rare lucidité sur le devenir du mouvement écologiste, ce livre en dresse un vaste tableau et revient sur sa genèse et ses fondements.
Il analyse sans complaisance les contradictions qui le travaillent et risquent de le neutraliser, car « autant l'écologie peut être un gain pour la pensée quand elle rappelle à l'Homme qu'il n'est pas tout, et à une société obsédée par la production son impact sur l'environnement, autant, lorsqu'elle devient un écologisme, elle en fait une idéologie tout aussi abstraite que celle de la croissance.
Parce qu'elle aussi oublie, non pas une valeur, mais un fait essentiel :
L'Homme ».