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L'Arbre Vengeur
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Comme le personnage Agnan du Petit Nicolas de Sempé & Goscinny, le jeune Luc-Michel a très vite appris à composer avec sa myopie galopante qui a lui a valu autant de tourments que d'excuses pour échapper à ceci ou cela. Vivant dans un monde flou que ne vient rétablir qu'un objet disgracieux à poser sur son nez, le petit garçon a dû se résoudre à devenir un homme en évitant de se cogner aux obstacles qui se dressaient sur sa route, en ne chutant pas dans les trous qui le menaçaient, en acceptant les moqueries et le visage disgracieux de l'adolescent qu'il devenait, sujet idéal pour un écrivain qui peut ainsi se mettre en scène entre autodérision et amertume surmontée, égotisme tremblé et presbytie envahissante. Fait de courts épisodes en cataractes, ce petit opus amusera ceux qui partagent la vie des myopes et ravira ceux qui la subissent. Sans prétention et avec malice, Luc-Michel Fouassier chausse ses lunettes drolatiques.
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La tempête de neige
Alexandre Pouchkine, Jean-Pierre Pisseta
- L'Arbre Vengeur
- L'Arbuste Véhément
- 7 Mars 2025
- 9782379414183
Le grand Pouchkine s'inventa un double, Belkine, auquel il confia le soin de raconter quelques histoires et notamment celle de son village natal. Réunies sous une même couverture, elles permettent de juger du génie du nouvelliste russe : "Le Coup de pistolet", histoire d'une vengeance au long cours qui inspira Conrad, et "Le Fabricant de cercueils", cauchemar saisissant, inscrivent dans le patrimoine littéraire un art du récit qui fera date, ne cessant plus jamais d'influencer ceux qui le suivront.
Cette édition, la seule pour cet écrivain majeur, se fait fort de remettre à l'honneur la puissante originalité de l'entreprise littéraire de Pouchkine grimé en Ivan Pétrovitch Belkine.
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Ne jamais sortir de chez soi en pantoufles avec ses clefs à l'intérieur ! Ou alors être prêt à l'aventure urbaine et sociale. Le héros de cette épopée urbaine va éprouver le pouvoir de ses charentaises et de quelle manière sa vie, pourtant si banale, peut en être changée. Face à ses collègues de travail, sa famille, ses amis, les forces de l'ordre, voire la confrérie des farfelus, il se lance pendant plusieurs jours dans un combat inattendu pour imposer sa si tranquille façon de marcher et de regarder les gens, à hauteur de chaussettes. Ce numéro de funambule s'achèvera devant un spectacle de Guignol, joliment.
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Ils s'appellent Bahabin et Dabuche, Tatave et Tur, Glaire et Mucus : le café leur tient lieu de salon, de confessionnal, de scène... Ils se répandent, s'épanchent, se confient en s'abreuvant d'une bière qui semble la meilleure des consolatrices ou la plus douce des compagnes.
En trois dialogues menés fermement au comptoir d'un de ces bistrots qui font la gloire de la France au coude levé, Franz Bartelt nous fait pénétrer dans la mousseuse intimité de ces buveurs d'absolu que sont les piliers de bar.
Grâce à ce modeste ouvrage, on pourra sans peine affronter les terribles journées sans boisson. -
Nuits bleues calmes bières
Jean-Pierre Martinet
- L'Arbre Vengeur
- L'ivre De Caisse
- 7 Février 2025
- 9782379414138
Tonneau paisible roulant sur lui-même et dévalant sa propre pente, cet assoiffé était manifestement mort, mais il buvait encore : « lourdes, lentes, plombées, funèbres, des bières brunes qu'il aimait tant, surtout vers les cinq heures, quand la douleur est à vif, leur chevelure de morte qu'il avalait goulûment, comme un idiot se gave de mâchefer ou d'étoupe, en fixant le soleil. Mais les blondes aussi, fidèles, amicales, cuivrées. Toujours exactes. Bues à heure fixe, et ne décevant jamais. Le zinc était son pays. Sa carte du tendre. »
L'auteur de Jérôme signe ici son texte le plus court mais pas le moins imbibé. -
Le maître de Ballantrae
Robert-Louis Stevenson, Mary Donatien
- L'Arbre Vengeur
- 18 Octobre 2024
- 9782379414046
C'est un roman qui les atours et offrent les joies d'un roman d'aventures façon XVIIIe alors qu'il s'agit bien plutôt d'un drame psychologique intense confrontant deux frères devenus d'irréductibles ennemis parce que l'un d'entre eux se croit floué de ses prérogatives. Plus terrible des textes de Stevenson, cette confrontation du Bien et du Mal incarnés dans des figures complexes et séduisantes oppose une vertu triste et impuissante à une folie impitoyable et séduisante, comme si Hyde l'emportait enfin sur Jekyll, ou presque... Immergé dans une Écosse âpre ou sur des mers démontées, le lecteur se trouve confronté à une angoisse mortelle qui va le poursuivre tout au long de chapitres narrés avec une fausse candeur par le témoin stupéfait d'un affrontement hors du commun. Un sommet inégalé !
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Dans le quartier des Becs, où grouillent les humains comme autant de vermine, Félicien Querque erre. Il a une idée fixe : aller en prison, paradis de la tranquillité et moyen honnête ou presque de se faire une place (à l'ombre) dans la société. Mais ce n'est pas si simple... Au cours de sa pathétique tentative, il va croiser la route de deux anges virés des cieux surpeuplés, Zurpath et Truniek, et celle de Jéronimo, journaliste sur le sentier de la guerre et du scandale, qui se fait un devoir d'éventer toutes les turpitudes de ses concitoyens, notamment les plus huppés. Le scribouillard sans scrupules se sait néanmoins traqué par les infatigables tueurs à gages du conseil général... Les nuits aux Becs semblent plus sombres et plus poisseuses, voire plus sanglantes, qu'ailleurs.
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Le Peuple blanc, court et inclassable, paraît en 1904.
Il passe inaperçu.
Au coeur de ce récit, un «carnet vert», long de plusieurs dizaines de pages. Une adolescente y relate, comme «ravie», son intrusion dans l'espace interdit de secrets sans âge : exaltée et angoissée, elle note tout ce qui la traverse, sans souci d'ordre ou d'éloquence, sans conscience du caractère souvent dérangeant de ce qu'elle dit, tant elle est trompée par sa propre innocence, tant l'aveugle aussi une innocence d'une autre nature, celle qui s'attache à ces traditions archaïques auxquelles on l'initie, à la magie des formes, aux rites merveilleux, aux mots des langages perdus ; celle aussi des contes qui l'ont bercée et dont le souvenir vient faire écho à son propre périple.
Un texte qui fascine depuis un siècle.
Couverture de Mehdi Beneitez. -
Raconté par un homme vieillissant que la vérole a défiguré mais qui reste
précieux car il sait inséminer les fleurs du vanillier, Les Tortues nous plonge dans un
épisode dramatique de la vie de ce survivant : une épidémie qui ravagea l'équipage d'un
bâteau de trafiquants transportant des tortues géantes. Au son des carapaces
s'entrechoquant, dans l'angoisse d'un navire noir qui les poursuit, les hommes ont vécu
dans l'espoir d'un trésor sans cesse plus éloigné. Incapables de se libérer de leur prison sur
les eaux, ils ont dû affronter leur propre terreur, la variole et enfin la mort tapi dans
l'ombre.
Inspiré par Melville, envahi par les vapeurs alcoolisées qui rappellent Lowry, dans une
ambiance à la B.Traven, ce roman symbolique est un des diamants noirs de la littérature
du XX° siècle. -
L'autofictif travaille son dribble en forêt
Eric Chevillard
- L'Arbre Vengeur
- 10 Janvier 2025
- 9782379414091
Inspiré par ces hôtels Vialatte, à Clermont-Ferrand, ou Flaubert, à Rouen, entièrement dédiés à un écrivain, avec exposition de photos et de livres dans le hall, citations inscrites sur les murs des chambres et le linge de lit, j'envisage d'ouvrir prochainement un Hôtel Chevillard qui garantira à sa clientèle un verre de bienvenue à moitié vide, la compagnie nocturne d'un hérisson et le raffinement de cauchemars inédits.
L'Hôtel Kafka, en revanche, a dû fermer après quelques semaines. On s'y réveillait transformé dans son lit en une abominable vermine. Le bouche-à-oreille a été fatal à l'établissement.
Bienvenue à l'Hôtel Éric Chevillard, 16 € la nuitée, l'hôte vous y recevra, en crampons, avec tous les égards dus à l'équipe de ses lecteurs les plus fidèles, des gens qu'on n'endort pas comme ça...
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L'homme qui écoutait
Algernon Blackwood
- L'Arbre Vengeur
- L'arbuste Vehement
- 24 Janvier 2025
- 9782379414121
Rien ne ressemble autant à un fou qu'un possédé. De l'extérieur, son agitation, ses raisonnements, sa peur, semblent le condamner à l'incompréhension des autres. Il lui faut pourtant lutter pour se libérer du mal qui le ronge.
Le protagoniste de ce texte impressionnant - signé de l'un des grands noms du fantastique anglo-saxon -, un solitaire réfugié dans un appartement que nul ne veut habiter, a choisi de s'épancher au long des pages d'un journal qui narre, avec minutie et une panique croissante, sa confrontation à la présence invisible qu'il sent près de lui et qui chuchote sans fin.
Qui écoute-t-il ? Que veut-on lui dire ? Et surtout, combien de temps le supportera-t-il ? -
Le manuscrit Hopkins
Robert Cedric Sherriff
- L'Arbre Vengeur
- L'arbuste Vehement
- 24 Janvier 2025
- 9782379414114
La lune va s'écraser sur la terre et parmi les rares à le savoir, condamné au secret, un retraité, éleveur de poules de compétition.
Survivant au séisme, il s'est décidé à consigner la plus terrible histoire vécue par le monde dans un manuscrit que les hommes du futur baptiseront Hopkins.
Dans la lignée de H.G. Wells, mais avec une ironie angoissante et un sens du comique qui ne sont qu'à lui, R.C. Sherriff a composé le plus saisissant et le plus original des romans apocalyptiques. Ce chef-d'oeuvre de la S.-F. anglaise a été salué par les maîtres du genre dont Michael Moorcock qui en signe une préface admirative. Un livre aussi fameux que lunaire. -
Tristan Bernard est un écrivain célébré, notamment pour son humour, lorsqu'en 1933 il surprend avec Aux abois. Ce pas de côté vers les zones grises de l'âme humaine suscite étonnement et inquiétude chez des lecteurs habitués à rire de ses bons mots : les voici placés en lisière d'un tragique calme et distancié, à suivre la fuite désordonnée d'un assassin par inadvertance qui raconte, avec une précision singulière, sa lente descente, secouée par des moments de panique, vers l'acceptation de son sort.
Pas vraiment abominable ni franchement minable, ce tueur inattendu, animé d'une vie qui peine à prendre du relief, devient au long de ses confessions notre familier voire notre proche. Sommet de l'humour froid, ce roman trop méconnu nuance génialement la galerie des personnages haut en couleurs, grotesques et vains du grand Tristan Bernard, précurseur ignoré de la littérature contemporaine. Rabat gauche Tristan (nom d'un cheval sur lequel il avait misé et gagné gros) Bernard (à l'état-civil Paul Bernard) naquit à Besançon en 1866 pour s'éteindre à Paris en 1947, quelques années après son internement à Drancy parce que Juif : il ne dut son salut qu'à l'intervention de Sacha Guitry et Arletty.
Son petit-fils, François, arrêté comme résistant puis déporté à Mauthausen, y mourra. Immensément célèbre en son temps, tant pour ses fameux mots d'esprit ou ses mots croisés que pour sa production littéraire, il laisse derrière lui des romans (Mémoires d'un jeune homme rangé, Nicolas Bergère), des contes et nouvelles (Contes de pantruche et d'ailleurs, Amants et voleurs) et des pièces de théâtre (Les Pieds Nickelés, L'Anglais tel qu'on le parle).
Il fut passionné de cyclisme (il dirigea un vélodrome et le Journal des vélocipédistes), amateur de courses hippiques (on prétend qu'il inventa le jeu des petits chevaux...), journaliste à L'Humanité de Jaurès, participa aux débuts du Canard enchaîné, et fut un des piliers de la vie littéraire de la première moitié du XX° siècle. La postérité n'a retenu que quelques uns de ses titres au milieu d'une riche bibliographie qui dissimule un immense talent, une inventivité et un humour qui a peu d'équivalent dans le siècle.
Sa famille n'en manque pas non plus : il est (entre autres) le père du grand cinéaste Raymond Bernard et le grand-oncle de Francis Veber. Aux abois, qui préfigure de manière étonnante L'Etranger d'Albert Camus (un nombre impressionnant de séquences sont similaires d'une oeuvre l'autre), a fait l'objet d'une intéressante adaptation cinématographique par Philippe Collin en 2005. De lui L'Arbre vengeur a également édité Le Jeu de massacre. -
Dans cette partie agitée de la côte écossaise, on sait ce qu'il en coûte de s'aventurer au milieu de ces rochers qui ressemblent à des marins pétrifiés : on croirait les entendre chanter et se réjouir quand le fracas de la mer y brise les bateaux égarés.
Le jeune Charlie, de retour dans ses terres pour conquérir la coeur de la douce Mary, redécouvre cet austère pays de sortilèges dont il pense pouvoir la sauver en mettant la main sur le trésor qu'on dit enfoui dans la baie. De la mer il n'obtiendra qu'une boucle de soulier et un fémur qui suffiront pourtant pour provoquer une tragédie. Car l'océan semble appliquer son impitoyable justice à ceux qui défient sa loi, fussent-ils innocents de toute mauvaise intention.
Écrit peu avant L'Île au trésor, ce court roman, « sonate fantastique » selon les mots de son auteur, résonne des échos puissants d'une tragédie. Tout l'art de Stevenson s'y dessine en quelques chapitres.
C'est assurément une des perles noires de son oeuvre immense. -
Défense des squelettes et autres combats du défenseur
Gilbert Keith Chesterton
- L'Arbre Vengeur
- Exhumerante
- 22 Novembre 2024
- 9782379414060
Publié sous le titre The Defendant en 1901, cette compilation thématique de l'impertinent Chesterton prétend, sous le prétexte de la défense d'objets fort différents, rappeler aux hommes agités qu'avant de vouloir améliorer les choses et les bouleverser, il conviendrait avant tout de les chérir, de les aimer et de les bien regarder. Parce que "nous tendons continuellement à déprécier ce qui nous entoure, à déprécier notre bonheur, à nous déprécier nous-mêmes", nous avons perdu la faculté de voir que l'Eden n'avait pas changé et que nous y sommes toujours. Pour Chesterton, le véritable révolté n'est pas le pessimiste, c'est bien cet optimiste "qui s'efforce désespérément de persuader ses semblables qu'ils sont bons."
Paradoxal et percutant, Chesterton nous invite à la réflexion en souriant. -
Aller-retour dans la langue que parlait mon père
Alain Fleischer
- L'Arbre Vengeur
- 21 Mars 2025
- 9782379414190
Pourquoi cet homme refusait-il de parler sa langue originelle, la langue de son père, celle de ses aïeux et de son peuple décimé ? Pourquoi son fils pense-t-il qu'il aurait dû apprendre cette langue, le hongrois, pour toucher cet homme et l'interroger sur ses silences, sur son incapacité à évoquer autre chose que ce bon temps de naguère. C'est grâce la soeur, sa tante Lenke, la seule autre rescapée de la famille, qu'il va pouvoir apprendre ce qui est arrivé aux siens que son père tait de manière irréductible.
Ce court texte autobiographique, cette lettre au père aimé mais silencieux, est la tentative pour résoudre une énigme, pour comprendre une fuite, pour savoir au bout du compte ce qui fait qu'un homme devient un artiste et un écrivain. -
C'est parti ! Nous voici engagés dans une folle entreprise éditoriale, l'édition du journal (ou cahiers) de Franz Bartelt, cet écrivain pour le moins excentré des allées littéraires balisées, qui arpente son étroit territoire littéraire à coup de romans, nouvelles et autres chroniques. Sa grande oeuvre cachée restait néanmoins à découvrir, des milliers de pages rangées dans son ordinateur où il tient la chronique quotidienne d'une vie d'écriture, de rencontres, d'étonnements. C'est souvent très drôle, c'est parfois un brin remonté, c'est simplement une vie racontée au prisme de l'écrit à laquelle l'auteur s'est voué. Pour entamer cette campagne, après L'Almanach de l'an passé qui l'annonçait, voici l'année 2000, un an à triple zéro et quadruple détente où Bartelt fait sauter les bouchons !
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Comment parvenir à tout rater
Mark Twain
- L'Arbre Vengeur
- L'arbuste Vehement
- 1 Mars 2024
- 9782379412400
Dans la merveilleuse traduction du "Prince des humoristes", Gabriel de Lautrec, voici presque dix contes du précurseur de l'humour américain, celui qui a inventé un ton, un style, donné ses lettres de noblesse à la langue populaire, Mark Twain, génie pince sans rire qui nous fait rire plus de cent ans après sa mort.
"Enfiler des détails incongrus et absurdes sans but, et ne pas avoir l'air de s'apercevoir que ce sont des absurdités, telle est la base de l'art américain", écrivait-il, telle est sa base surtout lui qui enchaîne avec une vivacité primesautière les histoires les plus burlesques sur le ton le plus sérieux. La vie est exaspérante, c'est une bonne raison d'en rire. L'échec est bien plus garanti que le succès, autant s'en gausser, pour se hausser... -
Qu'est-ce qui a bien pu pousser le héros de cette singulière aventure à se rendre, sans trop réfléchir, à la Lavaharie, petite principauté méconnue qui le passionna lorsqu'il était jeune homme ? C'est ce qu'il se demande en parcourant les rues de sa capitale, effaré et amusé de croiser des habitants, prolixes et chicaneurs en diable, qui semblent avoir la particularité de dialoguer sans fin au moindre prétexte.
En commettant l'imprudence de s'assoupir quelques instants dans un temple, il découvre avec stupeur qu'il a commis un crime ou un blasphème bien plus important qu'il ne le soupçonne. Sauf qu'il ignore lequel... et qu'il ne mesure pas que le système judiciaire de cet état n'est pas seulement exotique, il peut se révéler mortel. D'autant qu'il n'a qu'un droit : celui de se taire et d'écouter accusateur et avocat.
Entre sidération et franche angoisse, notre voyageur va être confronté au plus terrible choix de son existence.
Avec ce court roman, Libero Bigiaretti révèle au public français toute sa science du récit, son art très particulier de nous ébranler et de nous rappeler que choisir, c'est souvent éliminer... -
Quand le jeune Youpe Laboume débarque en cours d'année dans la classe de Mlle Cochon, personne ne le trouve bizarre, d'autant qu'il manifeste aussitôt des qualités d'écolier modèle. L'institutrice découvre cependant vite pourquoi ce bon élève change d'établissement plus qu'il n'est raisonnable : au premier compliment qu'elle lui adresse le voilà qui entre dans une transe incontrôlable le propulsant aux quatre coins de la salle. Son camarade de pupitre, Émile Cacasse, plutôt habitué à se laisser oublier loin du tableau, se lie bientôt d'amitié avec ce singulier et bondissant garçon affamé de savoir et pénètre dans l'univers des Laboume, acrobates déclassés qu'il va essayer de tirer de la mouise et du saucisson d'âne.
Si l'on retrouve dans ces pages sautillantes l'inimitable verve de Franz Bartelt, seul écrivain capable d'imaginer un numéro de « danse molle », on y découvrira un monde enfantin dont la douceur et la naïveté viennent tempérer des singeries qui nous font bondir de joie. -
« Je pensais souvent à ce cinéaste japonais, Ozu, qui avait fait graver ces simples mots sur sa tombe : « Néant ». Moi aussi je me promenais avec une telle épitaphe, mais de mon vivant. » Adolphe Marlaud habite un appartement avec vue sur le cimetière qui domine la rue Froidevaux, une de ces rues où « on meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui. » N'ayant réussi à n'être ni fantôme, ni homme invisible, en exil, cet étrange voyageur d'hiver s'est fixé une ligne de conduite : « vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. » C'est sans compter sur Madame C., sa concierge, qui guette amoureusement son passage du haut de ses deux mètres pour le contraindre à des actes que la pudeur réprouve.
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Le jardin enfumé
Gilbert Keith Chesterton
- L'Arbre Vengeur
- Exhumerante
- 22 Novembre 2024
- 9782379414077
On peut se fier à Borges quand il déclare que Chesterton est le premier écrivain de notre temps, et on doit le croire lorsqu'il loue son génie de l'invention, sa virtuosité, son imagination visuelle.
Ce Grand Voyant de l'Invisible qui se rit des convenances et des règles aime brouiller les pistes comme dans les trois nouvelles de ce recueil, qui combinent ambiance merveilleuse et registre policier.
Indémodable, le voilà dans notre siècle plus actuel que jamais. Ces trois joyaux dénichés dans sa collection de chefs-d'oeuvre le prouveront aux chanceux qui vont enfin le découvrir et le confirmeront à ceux qui connaissent depuis longtemps son importance dans la littérature anglaise. -
Victor Bâton vit dans l'obsession de se faire des amis. Trentenaire qui tire le diable par la queue mais se refuse à travailler, il subsiste de sa pension et parcourt la ville dans des vêtements usés qui ne le rendent guère séduisant. Pourtant il s'accroche à chaque rencontre, se fait un espoir de chaque regard et n'en finit pas de s'inventer un avenir qu'une magnifique amitié illuminerait. Dans un Paris sans lumières, il nous raconte sa quête en détail.
Avec ce premier roman, Emmanuel Bove ébranla la littérature : son écriture, qui allie densité du style et simplicité formelle, ironie mordante et compassion, a traversé le temps.
Mes amis est un chef-d'oeuvre, de ceux qui touchent chaque lecteur. Une rareté qu'il est indispensable de ne pas manquer. Il a reçu le Prix Initiales 2017
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La rue des Vivants serpente dans un quartier pauvre de la grande ville, à quelques encablures du port qui emploie - mais les temps sont durs - des dockers rudes au mal et souvent ravagés par l'alcool.
La petite Sabine évolue dans ce monde où le mot misère est trop précieux pour être utilisé et où il s'agit chaque jour de se débrouiller pour manger et s'habiller. Quand sa mère ne l'envoie pas à la recherche du père ivre dans un bistro ou réclamer du crédit à des marchands sans scrupules, elle s'évade et s'invente des histoires au bord du fleuve impassible, rêvant une vie qu'illuminent quelques rares éclats de lumière au milieu du gris des usines.
Lorsque Suzanne Martin, qui a grandi dans cet univers, entre débrouille et humiliations, devenant artiste peintre loin des siens, a proposé ce premier livre à Gallimard, c'est l'optimisme rayonnant de cette enfance pauvre sublimée par une langue inventive qui a suscité l'enthousiasme des éditeurs. Roman cruel et fort, il est parvenu, plusieurs décennies après, à garder intacte sa beauté inquiète.
Sabine revient enfin hanter, plus vivante que jamais, la rue de son enfance courageuse.