Artiste-illustrateur singulier, au travail reconnaissable entre mille, Nicolas Jolivot pose un regard tendre et amusé sur Pékin et cette Chine qu'il connaît si bien. Ici, il déambule dans la capitale, été comme hiver, avec pour ambition d'observer. Observer la vie qui s'incarne aussi bien dans le chant du vent qui balaye les feuillages, que dans la paisible attente de l'enfant qui pêche dans un parc de la ville. Observer les habitudes immuables et les nouveaux usages liés à la transformation de la cité. Observer les Pékinois, été comme hiver, avec la même délectation. Ce livre-accordéon (inséré dans un étui-couverture relié en triptyque) alliant textes et images, se déploie sur près de 12 mètres, pour donner à voir les deux ambiances, estivale et hivernale, de la capitale chinoise.
Avant que les réseaux sociaux n'en changent la donne, les cafés du coin aimantaient la vie. À Lisbonne, il semble que l'usage n'ait pas totalement disparu. En bas de chez Ianis, on se retrouve pour refaire sinon le monde dans sa globalité, tout au moins ses aspects qui ont notre faveur : le foot, Teleperformance ou le café à 70 centimes. De fait, au café du coin, on apprend la vie lisboète et de résidant étranger, on s'élève doucement vers un statut moins contraint : on s'immisce dans le rythme du quotidien au point de se débarrasser des oripeaux de l'étranger. Au café du coin, on est entre habitués, anthropologues de comptoir.
Accompagné des illustrations au trait de Laura Penez, Ianis Periac signe là, dans une langue drôle et tendre, le récit lisboète du voyage au café du coin.
Entre ciel et terre, entre rizières inondées et montagnes abruptes, entre mouvements frénétiques des grandes cités et calme immuable des campagnes, comment traverser un pays si multiple, à l'histoire récente si tourmentée, sans passer à côté de son âme, profonde et résiliente ? Sous quelle forme évoquer les rencontres empreintes de confiance et de sincérité, ces mots qui sonnent de plus en plus étrangers à nos sociétés, aujourd'hui méfiantes et sédentaires ? Quel médium utiliser pour rendre compte de ce long voyage à travers ce Vietnam pluriel ?
Autant de questions que se sont posés Marie Tricart et Guillaume Renier, qui forment le projet 37Degrees, avant de prendre une décision radicale : « Au diable le poids, l'encombrement et la vitesse de mouvement ! Entre le crayon, la caméra et la plume... le choix est impossible, nous prendrons donc tout ! » À la frontière du reportage et de la fiction, ce Vietnam entre ciel et terre est un carnet de voyage 2.0, à l'image d'un road movie hybride, foisonnant de formes, de couleurs, et de supports d'expression, regard unique et coloré comme pour dire et redire : « à chaque voyageur son voyage. »
Que reste-t-il à découvrir sur cette planète exploitée, cartographiée jusqu'au dernier centimètre carré ? Géographiquement, à peu près rien.
Poétiquement, à peu près tout.
Finis les temps héroïques des grands explorateurs, l'âge mythique des courageux aviateurs. Il ne s'agit plus de partir à la recherche de terres vierges, mais de trouver de nouveaux cheminements ; il ne s'agit plus d'atteindre un but précis, mais d'inventer d'autres histoires. Comme celle de cet avion sans ailes et sans moteur, que je traîne en forçat à travers la toundra, la soute pleine à craquer de rêves improfanés et d'aventures à raconter. Des aventures qui commencent dès l'adolescence, quand je fuguais par-delà collines et forêts sur mon lit d'enfant, quand, perché sur mes échasses en bois, je traversais le Royaume du Luxembourg, ce paradis de la finance où je refusais littéralement de mettre les pieds ; avant de poursuivre l'épopée insolite de mon cheval de bois à roulettes, jusque dans les Balkans. Entre deux voyages, je retrouvais mes amis dans les marécages où nous vivions presque cachés, entre ciel et terre, à bord de mon étrange Vaisseau. Puis je repartais toujours plus loin vers l'Est, repoussant les limites de l'inconnu, et m'ouvrant toujours plus aux forces invisibles, comme lors de cette errance mystique à travers l'Ukraine et la Biélorussie, où j'inventais le Bison, ce totem mobile que je prétendais doté d'un pouvoir surnaturel : celui d'envoûter les tyrans, de renverser les dictatures. Personne n'y croyait jusqu'à ce que des révolutions n'éclatent aux confins de l'Europe, venant donner crédit à mes étranges prophéties.
«L'?Afrique m'habite. Mais il faut la mériter, ne pas s'arrêter aux petites tracasseries. J'ai attrapé la malaria en Ouganda, un scorpion m'a mordu au Kenya, deux fois... J'ai supporté l'inconfort de la vie dans la forêt tropicale, les embêtements des fonctionnaires corrompus en République démocratique du Congo. Mais j'y retourne. Dans les régions où je suis passé, les gens savent qui je suis. Jean-Paul, le Français, le dessinateur, l'artiste. Mais surtout le Blanc. Et ils m'appellent Monsieur Jean-Paul.» Après L'Afrique les yeux ouverts, Monsieur Jean-Paul nous convie à nouveau sur le continent noir, à la rencontre de ce peuple énigmatique que sont les Pygmées. De la forêt équatoriale du Congo à la trépidante Kinshasa, en passant par le fleuve Congo, Monsieur Jean-Paul suit un itinéraire en marge : celui du voyageur qui se laisse porter par les événements qu'il suscite. Comme un os de poulet jeté de la fenêtre d'un 4x4 change le régime alimentaire de la faune sauvage, Monsieur Jean-Paul modifie la vie des gens sur son passage. Un peu. Armé d'une patience infinie face aux impondérables et mariant sa main aux crayons et pinceaux avec une insatiable fidélité, il livre ici un nouveau carnet de voyage amoureux et virtuose.
San Felipe Yucatan est une enquête dessinée sur le milieu de la pêche au Mexique, dans le Yucatan. À mi-chemin entre reportage BD et carnet de voyage, ce premier livre de Jano Dupont, biologiste, illustrateur et amoureux de la mer, nous donne les codes pour saisir les enjeux de la pêche dans cette zone très convoitée pour ses richesses halieutiques.
Jano a passé plusieurs mois dans le port de San Felipe, logé par une figure de la pêche locale, Doña Morena, qui l'héberge au-dessus de sa poissonnerie. Son immersion dans cette famille de pêcheurs lui donne les clefs pour comprendre le rôle de chaque acteur et les enjeux autour de l'ancien mal-aimé pepito, le concombre de mer, devenu en quelques années le nouvel or de San Felipe.
C'est à une promenade nocturne dans l'une des plus denses métropoles du monde que nous convie le maître de l'illustration tokyoïte : Mateusz Urbanowicz.
Après le succès de son premier livre : Boutiques de Tokyo, il se remémore ici son arrivée dans la mégapole, évoque ces moments de solitude où la seule échappatoire réside dans la déambulation nocturne, telle une méditation pour mieux observer la ville.
Il évoque certains détails architecturaux, mais aussi les ambiances rencontrées, ses techniques de travail pour aboutir à cette époustouflante maîtrise du trait et de la couleur.
Un entretien, à la fin du livre, avec l'un des plus grands réalisateurs de cinéma d'animation japonais, raviera les amateurs du genre.
C'est à partir d'une série de dix aquarelles de vieilles façades de boutiques de Tokyo, qui ont rencontré un large succès au Japon auprès de nombreux médias, que Mateusz Urbanowicz, un des plus fameux dessinateurs tokyoïtes, a décidé de publier son premier livre. L'ouvrage regroupe cinquante dessins aquarellés de boutiques de tous les quartiers de Tokyo. En regard de ces dessins, Mateusz raconte les vies discrètes que ces petits commerces hébergent, les détails architecturaux qui font tout le charme de ces endroits, ce qui s'y déroule bien loin du fracas des grands centres commerciaux.
A la fin du livre, l'auteur explique sa manière de travailler et tout le matériel qu'il utilise, de façon très pédagogique.
Willy est une vraie plaie, toujours insatisfait, qui se comporte comme un sale gosse, avec une certaine jouissance à ne pas être du bon côté. Immigré équatorien fraîchement débarqué à Malaga, il dresse, dans une langue piquante et tranchante, un portrait décalé et grotesque de son environnement et de sa situation personnelle. Car Will écrit. Il écrit d'une voix amère, comme une logorrhée lancinante, où les scènes s'enchaînent, offrant une galerie de portraits cyniques de losers qui nous éloigne des grandes et belles histoires ou de la grande vie que l'on s'imagine pouvoir mener dans la métropole méridionale. Malaga, pas sans mon nom est une novella qui nous invite à pénétrer dans un espace où il est permis de se montrer insolent, où l'égoïsme n'est pas vu d'un mauvais oeil, et où la haine devient un besoin... Santiago Vizcaíno est un auteur équatorien. Il est ici traduit pour la première fois en français. Né à Ouito, en Equateur en 1982, Santiago Vizcaíno est titulaire d'une licence en communication et littérature, il a aussi étudié à l'université de Malaga. Ses textes ont été publiés dans de nombreuses revues et son oeuvre poétique a été plusieurs fois récompensée.
Le Tokaido est l'une des routes majeures du Japon, qui relie Tokyo à Kyoto depuis des siècles.
Les caractères qui composent le mot Tokaido et surtout le dernier, do/michi, que l'on peut traduire par « la voie », « la route », permettent d'en saisir le sens profond. Ce terme michi induit l'idée d'un parcours de vie, d'un apprentissage spirituel ; il est devenu la clé de voûte de ce projet.
Artistes-voyageurs, les auteurs ont suivi ce tracé historique à pied et en train, afin de déceler les traces visibles dans le paysage contemporain des 56 stations représentées par Hiroshige, éminent peintre japonais, au XIXème siècle. En résulte ce carnet de voyage, présentant les estampes de Hiroshige et les dessins et cartes des auteurs, entre immersion historique sur le Tokaido et balade graphique.
Depuis plusieurs années, après une vie de biologiste, la peintre-voyageuse Stéphanie Ledoux arpente le monde pour nous donner à voir les civilisations et les ethnies les plus reculées de la planète. Équipée de son matériel à dessin, de papiers ou de carnets qu'elle trouve parfois sur les lieux de ses expéditions, elle communique avec son trait, dressant lentement, le temps dilué d'un échange fraternel, des portraits saisissants. Tissant peu à peu une cartographie de la beauté du monde, de la Colombie à la Polynésie, en passant par la Chine, le Viêt-Nam ou l'Éthiopie, Stéphanie Ledoux enchante le regard.
Un livre-accordéon, pour une découverte botanique piquante, parmi les cactus et les succulentes de l'artiste Stéphanie Ledoux
Au Japon !, d'Albert Kiefer (Housesketcher sur Instagram) est le quatrième titre de la collection Leporellos & Cie qui met à l'honneur des illustrateurs-carnettistes du monde entier. Il présente un travail sur l'architecture japonaise : façades de vieux bâtiments et de boutiques surannées, de conception traditionnelle ou plus moderne. Ce travail exceptionnel dans sa réalisation, montre tout le talent de l'auteur et met en scène le charme de ces endroits bien souvent voués à disparaître. Il rappelle, dans un style plus interprété, les Boutiques de Tokyo, de Mateusz Urbanowicz.
Minka Ma ferme au Japon, permet de rentrer dans la grande histoire des relations américanojaponaises et du Japon de l'après-guerre, par la petite histoire : celle d'un journaliste américain ayant une profonde détestation des Japonais - suite à l'attaque de Pearl Harbor -, et qui va changer radicalement au contact d'un Japonais.
Il évoque deux mondes et deux hommes que la grande histoire oppose et qui, pourtant, vont apprendre à s'apprécier grâce à l'acquisition par Roderick, sous l'impulsion du Japonais Yoshihiro Takishita -Yochan -, d'une ferme traditionnelle en ruine : une minka. Le démontage puis la reconstruction de la minka dans l'ancienne cité impériale de Kamakura, va cimenter durablement et profondément leur amitié, au point que Yochan deviendra le fils spirituel de Roderick.
L'enfant dogon est une fable de voyage. Écrit à la manière d'un conte qui serait déclamé par un griot du pays dogon, sous un arbre à palabres, il raconte le fabuleux destin d'Amagana, jeune garçon qui a grandi dans la brousse avant d'être adopté par une famille d'accueil, dans le village de Songho, au Mali.
Son passage à l'âge adulte se fait lors d'une cérémonie de circoncision où il est désigné par la fille du roi qui le choisit comme prétendant, alors même que sa condition sociale lui interdit ce choix. Un amour impossible qui mènera à une tragédie, car le fils du roi Karembé ne l'entend pas de cette façon.
Rivalité, traîtrise, courage et magie sont les arrière-plans de ce récit où le décor d'une Afrique majestueuse et l'érudition de l'auteur composent une fable sensible.
Premier titre de la collection Leporello & Cie, À Taïwan ! est une immersion graphique sur l'île de Taïwan, à la découverte de ses ruelles et de la vie quotidienne taïwanaise. L'auteur Marco Liu, résidant à Taïpei, est illustrateur-carnettiste et réalise son travail in situ ou en atelier, avec une prédilection pour l'aquarelle.
Son dessin, au charme indéniable, raconte la vie, de manière colorée et avec grand talent. Quelques brèves légendes ponctuent l'ensemble du leporello qui, déplié, mesure 3,60 mètres.
Comme une balade dans les rues de Taïwan, ses maisonnettes, boutiques ou restaurants, parfois construits de bric et de broc, le carnet de voyage de Zheng Kai-Hsiang nous immerge dans le quotidien de l'île. Par son travail graphique sur l'architecture, vivant et admirable de précision, l'auteur raconte la culture, la vie et ces détails minuscules qui font tout le charme de ces ruelles authentiques et des fameuses «?maisons de rue?».
Les lettres de ton enfance passée en France et en Extrême-Orient sont les témoins de tes exils successifs, notamment pour fuir la guerre. Métis vietnamien et franco-laotien, tu as été cet Indochinois aux yeux bridés, contraint d'avoir abandonné une vie confortable et aisée pour des ailleurs remplis d'incertitudes. L'adaptation et les nouveaux départs rythmèrent ainsi ta vie.
Ces lettres, inattendues, parlent d'elles-mêmes. Elles m'ont pourtant amenée à ajouter ma propre voix, mes propres mots, comme un écho à ton histoire, imaginant ce long récit dont tu es devenu le personnage principal, à ton insu. Il y est question de déracinement, le tien en l'occurrence, qui se raconte à travers l'ordinaire d'un quotidien rempli de priorités concrètes et de petites victoires infimes.
"Il est des mots qui ont une résonance particulière, comme une incantation, ils viennent vous pénétrer, font résonner des odeurs, des images, des goûts, des sons. Ils viennent stimuler un nerf, irriguer une veine, qui vous donne envie de bondir, de vous mettre en route, de ne pas manquer de courage ; comme une piqûre de rêves, ils insufflent une envie de vibrer, de hurler, de courir humer l'air ou d'attraper un nuage...
"Expédition", "Grand Nord", "boréale", "steppes", "sauvage", "Mongolie" font partie de ces mots qui peuvent animer toute une vie". Dans la cartographie intime de l'auteur, cavalière passionnée et engagée, la Mongolie occupe une place à part. Travaillant sur la question du rapport des peuples autochtones à la nature, elle s'est rendue à plusieurs reprises dans ce territoire. Accompagnée d'une amie et d'une traductrice, elle est allée à la rencontre des hommes et des femmes qui, sans renier la modernité, ont fait de l'immensité des steppes, à côtoyer la nature au plus près, un choix de vie éthique et culturel.
Ce leporello, qui se déplie sur 4m, présente l'exceptionnel travail au feutre noir de l'architecte Xavier Arsène-Henry, décédé en 2009. En amoureux de la côte girondine et particulièrement de la presqu'île du Cap-Ferret, il a passé des décennies durant, tous les étés, à dessiner le Cap-Ferret. Amoncellements de tuiles chaulées, coquilles d'huîtres, cabanes ostréicoles, pinasses ou filets de pêche qui s'étendent nonchalemment en équilibre sur des fils, c'est tout l'univers du bassin d'Arcachon qui se dévoile ici en nuances de gris, pour dire l'attachement à ce territoire sauvage où l'océan façonne les hommes.
Ces 36 vues du Cap-Ferret disent l'aprêté de la vie au contact de l'océan, les mains rugueuses du travail marin, les senteurs d'iode et de pin qui se révèlent au fil des marées.
Wabi-sabi, qui est une éthique qui prône la sérénité que l'on éprouve en observant la nature et des choses modestes et imparfaites patinées par le temps ou forgées par l'être humain, s'accorde parfaitement aux temples et jardins dessinés ici et à leur contemplation.
Wabi-sabi est la quintessence de l'esthétique et au coeur des divers arts traditionnels du Japon ; il renvoie à son âme profonde imprégnée de bouddhisme zen.
C'est lors de plusieurs voyages au Japon, à Kyoto et Nara notamment, que l'auteur-illustrateur-carnettiste Beb-deum a réalisé ces carnets de voyages, adaptés ici en leporello de 4 mètres de long. Il y dessine la sérénité des temples et jardins où la contemplation règne en maître. Quelques textes et légendes bilingues françaisjaponais explicitent sa démarche.
De 2017 à 2018, Julien Giry et Aurélie Roperch ont sillonné le Japon, de la banquise de Hokkaido à l'archipel tropical d'Okinawa, à la découverte de ses cent vues les plus emblématiques.
Établie par les Japonais eux-mêmes, cette liste regroupe aussi bien des paysages naturels et urbains que des sites historiques anciens ou contemporains, festivals, phénomènes naturels, chemins de pèlerinage, etc., connus ou méconnus des voyageurs étrangers. Ce faisant, elle constitue un fabuleux portrait du Japon contemporain que les deux journalistes ont décidé de restituer dans un livre mêlant images et textes, conseils pratiques et informations culturelles.