Le livre semble à la peine dans la société contemporaine, détrôné par les objets connectés. Les sondages inquiétants sur l'évolution de la lecture font apparaître un tassement du goût pour les livres, notamment chez les jeunes générations. Pour autant, les ventes des produits de l'édition ne sont pas forcément orientées à la baisse et le livre semble conserver peu ou prou la place forte qu'il a dans la société. De nouveaux éditeurs sont apparus ces dernières années, qui cherchent à réinventer ce qu'est l'objet livre en soi pour jouer de sa matérialité, quitte à l'ouvrir aux achats coups de coeur. Les évolutions techniques dans les domaines de la mise en page, de l'imprimerie, du façonnage, du papier ont facilité la fabrication d'objets hors norme et stimulé l'inventivité éditoriale. Ce livre rend hommage à la créativité de ceux qui produisent des livres remarquables et redonnent de la visibilité ou de l'importance à l'art du livre.
Beaucoup de maisons d'édition et de librairies indépendantes sont confrontées à la question de la transmission - et peinent parfois à trouver repreneur. Au-delà des cas individuels, c'est l'avenir d'une certaine idée du livre qui se joue, tant le phénomène prend de l'ampleur en Europe, mais aussi en Amérique latine et en Afrique, alors qu'une génération quitte le monde du travail.
Faut-il transmettre ? Et si oui, à qui, quand et comment ? Existe-t-il des spécificités dans la passation d'une maison d'édition ou d'une librairie ? Dans un secteur en pleine mutation, céder une entreprise du livre pose la question plus large de la capacité de renouvellement des structures culturelles - des acteurs et des actrices, des pratiques et des contenus -, mais aussi de l'intégration des évolutions législatives, sociétales et technologiques.
Un ensemble de textes aborde ici sous plusieurs angles ce sujet essentiel, pourtant très peu étudié. Plus qu'un guide pratique - qui semble difficile à écrire, tant les situations diffèrent -, il s'agit surtout de partager des analyses universitaires et des expériences vécues, pour réfléchir à la notion de renouvellement et penser ces transmissions.
À l´heure où les préoccupations environnementales prennent de plus en plus d´importance et où les schémas de production classiques sont questionnés de façon croissante, le livre écologique, responsable et solidaire existe-t-il ? Alors que 25 % des livres imprimés finissent pilonnés sans avoir été lus et que les flux physiques d´ouvrages génèrent une importante empreinte carbone, des imprimeurs, des éditeurs, des libraires, des diffuseurs-distributeurs s´interrogent sur leurs pratiques et l´impact qu´elles ont. Ils proposent des alternatives au système dominant pour répondre à ces défis - et définir ainsi l´avenir du livre ?
Plus de la moitié des langues parlées dans le monde sont menacées de disparition ; si rien nest fait, l'Unesco estime que 90 % des langues auront disparu au cours du siècle. Élément essentiel de la culture d'un peuple, les langues sont pourtant bien plus qu'un simple outil de communication ; toutes proposent une description profondément unique du monde qui nous entoure et des êtres qui le peuplent. Que peut faire le monde du livre et de l'écrit pour aider à conserver et à faire vivre ces langues minorées ? Cest à cette question que tente de répondre cet ouvrage, à travers des textes universitaires et des témoignages de professionnels du livre qui, ensemble, proposent une approche inédite du sujet. Au regard de leur publication, il évoque la situation de plusieurs langues minorées, du créole haïtien au corse, en passant par linnu, le yiddish, le kikuyu, le basque, etc., et montre que des solutions existent.
De la censure à la protection la plus appuyée, les interventions publiques dans le secteur du livre prennent des formes variées.
Composé d'articles universitaires, de témoignages de professionnels du livre et de deux analyses régionales inédites (Afrique subsaharienne francophone et Amérique latine hispanophone), ce numéro nous emmène de la Russie à la Suisse, en passant par la Syrie, le Liban, la Tunisie, le Maroc, le Québec, la France et l'Argentine.
Il tente de répondre en particulier à une question : l'intervention des pouvoirs publics favorise-t-elle la diversité éditoriale ?
S'éditer soi-même est de moins en moins perçu comme un geste égocentré, narcissique - voir revanchard. Contourner la fonction sélective d'un tiers (l'éditeur) au profit d'une relation directe au lecteur potentiel - que cela soit par choix ou par obligation, lorsque l'on a été rejeté par ceux « de la place » - semble au contraire en parfaite adéquation avec l'air du temps, qui prône l'horizontalité des rapports, l'absence d'intermédiaire et la relation directe du producteur au consommateur, les circuits courts, la méfiance des experts, des élites et de la comitologie. Si l'auto-édition est aujourd'hui décomplexée, elle est surtout dynamique sous format numérique, où les barrières à l'entrée sont aujourd'hui négligeables.
Depuis la publication de son premier essai, Les Littératures de l'exiguïté, François Paré n'a cessé de réfléchir aux conditions d'émergence et de reconnaissance de ces littératures aux « marges étroites » - que ce soit en raison de leur nombre de lecteurs, de leur langue d'écriture, de leurs difficultés d'accès au statut de littératures publiées. Dans un champ de recherche où ces questions sont étudiées de manière très spécialisée et cloisonnée (la littérature basque, corse, togolaise, franco-ontarienne, etc.), François Paré propose une réflexion transversale particulièrement stimulante. Un entretien réalisé par Nathalie Carré.