Quatorze ans après la disparition des jumelles Vignes, l'une d'elles réapparaît à Mallard, leur ville natale, dans le Sud d'une Amérique fraîchement déségrégationnée. Adolescentes, elles avaient fugué main dans la main, décidées à affronter le monde. Pourtant, lorsque Desiree refait surface, elle a perdu la trace de sa jumelle depuis bien longtemps: Stella a disparu des années auparavant pour mener à Boston la vie d'une jeune femme Blanche. Mais jusqu'où peut-on renoncer à une partie de soi-même ?
Dans ce roman magistral sur l'identité, l'auteure interroge les mailles fragiles dont sont tissés les individus, entre la filiation, le rêve de devenir une autre personne et le besoin dévorant de trouver sa place.
1er août 1933.
" tu es un libéral martin. tu vois les choses à long terme. je sais que tu ne peux pas te laisser entraîner dans cette folie par un mouvement populaire qui, aussi fort soit-il, est foncièrement meurtrier. " 18 août 1933. " tu dis que nous persécutons les libéraux, max, que nous brûlons les livres. tu devrais te réveiller : est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais ? il taille dans le vif, sans états d'âme.
Oui, nous sommes cruels. la naissance est un acte brutal ; notre re-naissance l'est aussi. " 1932. martin schulse, un allemand, et max eisenstein, un juif américain, sont marchands de tableaux en californie.
Ils sont aussi unis par des liens plus qu'affectueux - fraternels.
Le premier décide de rentrer en allemagne. c'est leur correspondance fictive entre 1932 et 1934 qui constitue ce petit livre inédit en france, écrit par une américaine en 1938, et salué à l'époque aux états-unis, comme un chef-d'oeuvre.
Incisif, court et au dénouement saisissant, ce livre capte l'histoire avec justesse.
C'est un instantané, une photographie prise sur le vif qui décrit sans complaisance, ni didactisme forcené, une tragédie intime et collective, celle de l'allemagne nazie.
Traduit de l'anglais (américain) par michèle lévy-bram.
Johnson est un homme traqué. En tuant un policier, il est devenu l'Ennemi Public numéro l, pourchassé par la police australienne sous le regard avide des journalistes. Davidson, reporter à la télévision, couvre avec intérêt cette course-poursuite. Tout les sépare, mais leurs destins vont se jouer dans les plaines sauvages de l'outback.
Avec ce roman noir d'une chasse à l'homme, le grand Kenneth Cook mêle avec justesse les trajectoires d'un idéaliste et d'un hors-la-loi dans un monde sans pitié.
«Je me réveillais enfin, avide de comprendre.» À West Baltimore dans les années 1980, les gangs et le crack sont le seul horizon des gosses du quartier. Ta-Nehisi est voué lui aussi à devenir un bad boy. Mais son père Paul, ancien Black Panther passionné de littérature, lui fait découvrir Malcolm X et James Baldwin. C'est une révélation. L'adolescent rêveur, égaré dans les frasques d'une famille hors norme, se jure d'échapper à son destin. Épopée lyrique aux accents hip-hop, portée par l'amour et l'ambition, Le Grand Combat est l'histoire magnifique d'un éveil au monde, un formidable message d'espoir.
Ils n'ont qu'un désir, vivre leurs rêves : Irene veut assouvir sa passion artistique, Angiolino aimer librement et Rocco s'affranchir du passé trouble de son père. Mais ils sont nés à Fosco, village entre ciel et mer du sud de l'Italie, où deux puissantes familles ont droit de vie et de mort sur les habitants. Un soir de fête, Irene et Rocco s'unissent et voilà que leur destin chavire, avec celui du village tout entier.
Porté par un souffle poétique que vient assombrir une réalité cruelle, évoquant tour à tour les romans d'Elsa Morante et de Milena Agus, Les couleurs de Fosco donne voix avec force et tendresse à une jeunesse qui se bat pour sa liberté.
" Le soir, Vincent fumait son cigare et lisait à un bout du canapé.
Misty buvait lentement son café et lisait à l'autre bout. Cela ne ressemblait en rien aux aventures que Vincent avait connues. En fait, leur première nuit ensemble aurait pu paraître relativement peu romantique. Vincent ne souleva pas Misty de terre. Elle ne fondit pas dans ses bras en disant "prends-moi, je suis tout à toi". Ils ne se saoulèrent pas avant d'arracher les couvertures. Ils allèrent simplement au lit comme s'ils avaient passé leur vie à aller au lit ensemble.
Ils enlevèrent leurs vêtements et les plièrent. Ils firent tous deux semblant de ne pas remarquer que les mains de l'autre tremblaient. Misty tira les couvertures comme elle le faisait d'habitude, sauf que ses genoux se dérobaient sous elle. Une fois couchés, ils ne se jetèrent pas l'un sur l'autre avec des cris incohérents. Ils ne fermèrent pas les yeux pour défaillir en d'innommables extases. Ils restèrent couchés un moment côté à côte avant de s'apercevoir qtiils se tenaient la main." Guido, Vincent, Holly et Misty ont trente ans, vivent à New York, et veulent tous une vie "vraiment merveilleuse".
Les personnages de Laurie Colwin sont, une fois de plus, terriblement amoureux... Mis en scène avec subtilité et un humour inimitable, après Frank et Billy et Accidents, Une vie merveilleuse est le troisième roman de Laurie Colwin traduit aux éditions Autrement.
« Sophie comprenait beaucoup mieux les gens, et la façonde les manipuler, qu'elle ne le laissait paraître. Au momentmême où j'ai ouvert la porte, elle a su qu'elle pouvaitfaire de moi ce qu'elle voulait. »Allison vient de quitter sa Virginie natale pour NewYork. Elle travaille dans un bar et n'a aucune ambition,aucun avenir. Puis elle rencontre Sophie Stark, une jeuneréalisatrice décidée à faire d'elle une star. Daniel, ancienchampion de basket, se remet d'un terrible accidentde voiture. Ses retrouvailles avec Sophie Stark, son amourde jeunesse, lui redonnent le goût de vivre. La carrièrede George, producteur hollywoodien, est au point mort.Pour renouer avec le succès, il décide d'appeler SophieStark, étoile montante du cinéma indépendant.Artiste passionnée, géniale et insaisissable, Sophietransforme et transcende la vie de ceux qui croisentsa route. Pour le meilleur et pour le pire.
Arkansas, 2004. Garrard a dix-neuf ans lorsque ses parents apprennent son homosexualité. Pour ces baptistes ultraconservateurs, la chose est inconcevable : leur fils doit être «guéri».
Garrard est conduit dans un centre de conversion, où tout est mis en oeuvre pour le forcer à changer. Où la Bible fait loi. Où Harry Potter est un livre déviant, où écouter Beethoven est interdit. Où on lui inflige une véritable torture mentale pour corriger sa prétendue déviance. Mais comment cesser d'être soi-même?
Entre Call Me By Your Name d'André Aciman et Pourquoi être heureux quand on peut être normal? de Jeanette Winterson, Boy Erased est une immersion glaçante dans l'intégrisme religieux, le portrait émouvant d'un jeune gay en plein doute mais aussi un message d'espoir sur l'affirmation de soi. Récit autobiographique acclamé par la critique et les lecteurs, traduit dans le monde entier, Boy Erased est adapté au cinéma en 2019 par Joel Edgerton avec Lucas Hedges, Nicole Kidman et Russell Crowe.
Rachel Ray, jeune femme de vingt ans, vit avec sa mère, Mrs Ray, et sa soeur aînée, Dorothea Prime, dans un petit cottage près de Baslehurst, au coeur de la campagne anglaise. Mrs Ray et Mrs Prime sont veuves, mais si la première est tendre, impulsive et influençable, la seconde est âpre, prude et autoritaire. Lors d'une promenade avec les jeunes Tappitt, filles du brasseur, Rachel fait la connaissance de Luke Rowan, petitneveu de la vieille Mrs Bungall, qui lui a légué une part de la brasserie Bungall & Tappitt. Par des indiscrétions, Mrs Ray et Mrs Prime apprennent que Rachel a été vue discutant - pourtant bien innocemment - avec Luke, et l'imaginent déjà en perdition « Se pouvait-il (se demande Mrs Prime) que sa soeur fût aussi dévoyée ? » Pire, une invitation parvient à Rachel, pour un petit bal chez les Tappitt en présence de la bonne société locale. Désemparée, Mrs Ray va demander conseil à Mr Comfort, vieux prêtre qui prêche souvent le renoncement au monde. mais sans négliger le moment venu ses intérêts et ceux de ses ouailles. A la grande surprise de Mrs Ray, embarrassée, il conseille d'autoriser Rachel à aller au bal et, mieux, propose de la faire accompagner par l'une des dames éminentes du comté. Après tout, si Luke Rowan n'est pour l'instant que commis à la brasserie, ne doit-il pas devenir l'associé de Mr Tappitt ?
Ce dernier prise peu les innovations du jeune homme, mais sa femme aimerait l'avoir pour gendre, afin que la brasserie ne change pas de mains. Conflits d'ntérêt, pruderie, préséances sociales. Une série d'obstacles se dresse sur le chemin de l'amour entre Rachel et Luke. Les plus à redouter viennent des bigots, dont les parfaits représentants sont la froide Mrs Prime et son directeur de conscience, le révérend Prong, croqués avec une acidité non dénuée de tendresse.
" monter sur scène compensait tout : l'épuisement, la nourriture grasse, l'ennui.
C'était une drogue.
J'adorais cela. j'adorais nos costumes de scène et nos chaussures luminescentes. j'adorais me déhancher et suer devant ces enceintes géantes. au concert, le public - blanc, noir et mélangé - nous jetait des fleurs, des perles de verres, des boules de gommes. quand ruby chantait let us be joined, qui passait pour une chanson sur l'intégration mais qui ne parlait que de sexe, le public criait, hurlait et jetait des confettis découpés dans leur programme-souvenir " ruby tremblay ".
Difficile de retranscrire la ferveur mièvre de cette époque. j'avais l'impression d'être dans un rêve fiévreux, mieux encore dans un rêve éveillé. " a vingt ans et quelque, geraldine coleshares, plaque sa thèse sur jane austen ou la guerre des sexes, pour être la première danseuse blanche du plus grand groupe rythm and blues de tous les temps : ruby tremblay & les tremblettes. difficile, dix ans plus tard, de répondre aux questions des amis très chics de son mari avocat, même quand on a travaillé (un peu), fait un bébé (génial), trouvé un amant (juste un soir).
Car geraldine, elle, hésite encore : diva pop noire ou juive d'europe centrale d'avant l'holocauste, ça lui plairait bien.
Dans la douceur d'un jardin anglais, deux jeunes filles s'éveillent au monde. Elles sont soeurs, fusionnelles mais rivales, toutes deux animées par l'art et le goût de la liberté. Vanessa veut être peintre, tandis que la fragile Virginia se destine à l'écriture. Virginia deviendra Virginia Woolf, une des plus grandes romancières du XXe siècle. Elle et Vanessa ne se quitteront jamais.
Des blessures de l'enfance au célèbre cercle littéraire de Bloomsbury, des éclairs de génie aux tumultes des amours contrariées, Vanessa et Virginia met magnifiquement en scène les destins croisés de deux soeurs légendaires, Vanessa Bell et Virginia Woolf, portés par la passion et la tragédie.
Dix nouvelles se déroulant dans le Midwest. Elles mettent en scène le quotidien d'hommes qui s'efforcent de préserver leurs idéaux face aux aléas de la vie.
Et si le yéti existait ? S'il n'était pas seulement un personnage de légende ? Animé de cette certitude, seul contre tous, le réputé zoologue franco-espagnol Jordi Magraner s'est un beau jour lancé dans plusieurs expéditions trépidantes à travers les montagnes d'Afghanistan afin de retrouver les traces de cette bête mythique. Jusqu'à y perdre la vie.
Mêlant histoire personnelle, enquête, documents et témoignages, Gabi Martínez nous raconte comme dans un roman palpitant l'histoire vraie de ce destin hors norme.
Ce livre est le récit exceptionnel d'une folle aventure dans les contrées lointaines, de politique, d'amour, et d'une obsession terriblement humaine.
Les Wilson, une famille de la petite bourgeoisie anglaise étriquée, passent comme tous les ans un mois de vacances à Port Breton, avec leurs enfants, Paul et Roger, d'une vingtaine d'années, et la benjamine, Shirin, 16 ans. Au large de Port Breton se trouve l'île de Storn, couronnée par un château où vit le " Ranger ", le vieux Lord Dominic le Breton, propriétaire d'une grande partie de la côte. Dans une petite crique où elle aime s'isoler, Shirin rencontre Venn le Breton, le " jeune Ranger ", à peine plus âgé qu'elle. Une attirance mêlée d'agressivité s'installe entre les deux adolescents et Shirin se laisse entraîner dans un flirt sur l'île de Storn, qui la fascine. Elle y découvre le château, Lady le Breton (la saisissante grand-mère de Venn), ainsi qu'un traumatisant trouble amoureux qui, à la fin des vacances, lui fera souhaiter ne jamais revoir Venn.
Dix ans plus tard s'ouvre la deuxième partie de Dark Island, sur un bal où Shirin reconnaît immédiatement la présence de Venn. A 26 ans, Shirin est déjà divorcée (du jeune député Miles Vane-Merrick, l'un des protagonistes de Haute société). Venn la redécouvre mais n'est pas sûr de ses sentiments à son égard. Quant à Shirin, elle est au fond davantage amoureuse de Storn, où, si elle épouse Venn, il lui faudra vivre comme dans une prison.
Ce qu'elle fera jusqu'à 46 ans. A ce stade, la relation de Venn et Shirin aura pris un tour de plus en plus sinistre. Shirin a installé depuis dix ans auprès d'elle une gouvernante, Cristina, avec qui elle entretient une relation d'amitié complice, telle qu'en a vécu Vita. Mais Venn, jaloux, finira par tuer Cristina à Storn, avant de disparaître lui-même, tout comme Shirin, dans un grand finale tragique.
« J'ai quand même entendu dire que le cochon est un animal intelligent.- C'est une simple formule. Tu ne mesures pas les implications de ton scénario quand tu parles d'un cochon qui vient libérer d'autres cochons. Ça signifie qu'un cochon devrait venir devant l'enclos, analyser un problème totalement étranger à son univers, concevoir une solution, puis agir selon une motivation précise : la libération d'autres cochons, pour des raisons qui lui seraient propres. Et ça, mon garçon, c'est juste impossible. »Il pèse une demi-tonne, mais court à la vitesse d'un léopard. Ses yeux rouges, sa raie de poils blancs et ses défenses monstrueuses semblent tout droit surgis d'un cauchemar d'enfant. Son intelligence et sa ruse sèment la terreur parmi les fermiers. Alan Treval, écologiste intrépide, et son fils Michael partent sur les traces de l'animal le plus diabolique d'Australie... ou serait-ce le contraire ?Traduit de l'anglais (Australie) par Pierre Brévignon
" johnson et moi partagions la même chambre tout en haut de la vieille maison en brique.
C'était passionnant d'être deux dans la même chambre, d'avoir quelqu'un à qui parler dans l'obscurité quand le vent faisait bouger les branches du chêne devant la fenêtre et que les étoiles scintillaient, l'une après l'autre, à travers les feuilles. je dormais dans le lit en fer contre le mur sud et lui dans le grand lit en bois de l'autre côté de la lucarne. nous étions couchés, les yeux ouverts dans l'obscurité, et je demandais à johnson de me raconter une histoire.
N'était-ce pas l'heure idéale ? - je sais pas raconter les histoires de fantômes, dit-il. mon truc c'est plutôt chasse, pêche, base-ball. des histoires d'hommes, quoi. - eh bien raconte-moi une histoire de chasse. dans la jungle ! il accepta, même s'il ne connaissait pas grand-chose à la jungle non plus. j'avais dix ans et je savais avec certitude que les tigres ne mangent pas les kangourous. " entre la moto d'oncle lucien, la barbe d'oncle gurton, le drôle de lit d'oncle punkin et les histoires d'oncle zeno, il se passe toujours quelque chose dans la ferme du petit jess.
Ce roman décrit d'une voix drôle et tendre l'enfance merveilleuse et bizarre du narrateur, telle qu'il l'a vécue, il y a bien des années.
Assis dans un bar à Bangkok, le narrateur se livre sur ce qu'il vient de vivre au Vietnam. La guerre l'a laissé déboussolé, groggy, perdu. Parti fervent chrétien, volontaire pour lutter contre " les communistes ", il se retrouve finalement déserteur, en terre étrangère... Son milieu familial et social a déterminé son engagement mais à la réflexion, bien fragiles, bien confus lui semblent les motifs qui l'ont mené jusque là. Les scènes d'horreur dont il a été témoin ou auxquelles il a participé se sont multipliées, sans être l'apanage d'un seul camp. Il a l'impression de ne pas être fait pour ce " job ". L'inutilité de l'héroïsme d'un camarade lui a sauté au visage. Le pacifisme d'un autre, qui se prétendait dans l'armée pour occuper un poste où il pouvait réfréner la tuerie, lui paraît une pose étrange - le type a fini par se mutiner et il a fallu l'abattre.
Désabusé, au cours d'une courte permission, dans un bar, il tombe sur un habitant du coin, en civil. Un Vietnamien amical, qui l'aide à se débarrasser encore un peu plus de ses préjugés xénophobes. Mais il repart au front et les scènes de guerre reprennent, dans un crescendo insoutenable à la Apocalypse Now. Napalm. Jungle brûlée. Peur. Corps qui tombent déchiquetés à ses côtés. Crash d'un hélicoptère chargé de blessés... Au cours d'une dernière mission, cerné par l'ennemi, il tue à bout portant un homme dont il aura le loisir d'examiner le cadavre. Il croit reconnaître sur son visage des traits familiers.
Peut-on tomber amoureux d'un lieu ? Quand Peregrine Chase hérite du domaine de Blackboys dans la campagne anglaise, il n'a qu'un désir : le vendre, éponger ses dettes et retourner à sa vie de citadin. Mais alors qu'il découvre la vaste demeure, les rosiers et les paons majestueux qui peuplent les alentours, un sentiment de plénitude l'envahit, jusqu'à l'obséder.
Roman psychologique à la prose enchanteresse, L'Héritier est une ode à la beauté qui nous entoure.
Lorsqu'Antoine la rencontre et qu'ils tombent amoureux, c'est comme si le désir venait combler tous les manques. La vie prend les couleurs d'un bonheur simple, c'est le temps d'une ivresse nouvelle et, un moment, chacun pense avoir échappé à ses secrets d'enfance.
Mais bientôt, une tension sourde apparaît, un trouble qui remonte loin dans leurs histoires et qui s'installe. Jusqu'à ce que quelque chose entre eux se fissure et éclate. Et s'il y avait une ligne à ne pas franchir?
Dans ce roman saisissant, Marie Simon fait le récit d'une implosion. Elle écrit la façon dont l'histoire individuelle façonne les êtres, jusqu'à parfois tout contaminer : les bonheurs intimes, la vie psychologique et la façon d'aimer.
Roman et non biographie, Virginia, mon amour, ma soeur s'appuie sur les vies entrecroisées de deux soeurs célèbres : Virginia Woolf et Vanessa Bell. Vanessa est la narratrice, c'est elle qui parle, à la première personne du singulier - sauf lorsqu'elle évoque sa soeur, à qui elle réserve le " tu " intime de leur complicité.
Liées, les deux soeurs le sont plus que tout, comme si elles ne pouvaient se passer l'une de l'autre, d'un soutien réciproque, d'une approbation mutuelle. Elevées ensemble dans un conformisme étouffant, elles deviennent plus proches encore lorsque la mort de leur mère les livre à un père tyrannique. Et cependant, déjà, elles sont aussi rivales : Vanessa jalouse les attentions dont bénéficie Virginia, à la vocation littéraire précoce.
Très tôt, elles se sentent l'une comme l'autre des aspirations créatrices : Virginia écrit, Vanessa peint. A l'âge adulte, elles lutteront pour réaliser leurs ambitions artistiques, en dépit de désirs contrariés ; en dépit du scandale, aussi - car, à Bloomsbury, elles adoptent un nouveau mode de pensée, un nouveau mode de vie, s'affranchissant des conventions morales ou sexuelles -, en dépit enfin de la maladie, et de la guerre. Génie et folie se mêlent dans cette chronique traversée par le désir de faire naître la beauté au milieu de la souffrance et des difficultés.
Susan Sellers, qui connaît parfaitement l'oeuvre de Virginia Woolf, dont la technique narrative brillante l'a beaucoup inspirée, (avec l'utilisation d'une voix intérieure, sensible, impressioniste), a su se mettre dans la peau de l'artiste Vanessa Bell, et recréer l'histoire des deux soeurs telle que, peut-être, elles l'auraient elles-mêmes racontée.