Le feu a embrasé la Palestine en mai 2021 avec une même rage : destituer vainqueurs et vaincus.« Le vieil homme » est décliné ici en sept langues pour porter à la lumière la blessure qui fonde notre humaine condition et tracer un chemin dans le désordre du monde, cet archipel de brutalité.
La pluie a recommencé de tomber sur la ville flamande et j'ai ouvert le parapluie que l'on m'avait prêté au Reylof, le matin, avant que je monte dans le minibus pour le gymnase du groupe scolaire. Un parapluie rouge comme la robe de la Vierge, ce rouge absolu né pour le théâtre, que le théâtre attendait comme une amoureuse attend,accoudée au rebord de sa fenêtre, l'arrivée de son fiancé. Et les vitraux aussi, à cet instant, ont rougi ! Eux, si bleus dans le soir, si bleus sous le ciel bas et l'unique rayon du soleil pâle qui l'avait l'espace de quelques secondes percé, si obstinément bleus et dont le passage au noir l'autre matin n'aura été, me suis-je dit, qu'une impression infondée car cette fois, c'est indiscutablement de l'intérieur que semblait provenir la coloration des losanges de verre, comme rougissent de l'intérieur, sous sa peau diaphane, les joues de l'amoureuse lorsqu'enfin, après un long moment de rêverie, de tension et de crainte, arrive sous sa fenêtre l'élu de son coeur.(...)
L'Ukraine au coeur a été composé au printemps 2022 dans le mois qui a suivi l'agression russe contre l'Ukraine. Nous n'acceptons pas que la brutalité et la guerre continuent d'être mises avec cynisme au service de la politique, au mépris de la plus élémentairehumanité. Aucun impérialisme ne saura jamais en justifier un autre.Notre cible ici, faut-il le dire ? ce n'est pas la Russie, encore moins le peuple russe ou le socialisme : c'est l'oligarchie et la corruption qui ont engendré la brutalité subie aujourd'hui par les peuples de l'ex- URSS. Souvenons-nous du poème d'Evtouchenko : «Mon peuple russe ! Je t'aime, je t'estime, Mon peuple fraternel et amical, Mais trop souvent des hommes aux mains sales firent de ton nom le bouclier du crime ! ». Nous n'oublions pas Babi Yar et ses 33.000 juifs assassinés par les nazis ; « le silence y hurle » encore. Mais nous savons aussi que les enfants ne sauraient être tenus pour responsables des crimes commis par leurs parents. Et que les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes - ce que leur dénie le dictateur moscovite.L'éditeur« Comme tant d'autres mégalomanes bellicistes, passés et présents, Poutine déploie une rhétorique d'un cynisme glaçant pour justifier sa folie prédatrice. L'écoute et le croit qui a des oreilles bouchées à l'étoupe de la crainte, de la soumission ou de l'égarement dû à ladésinformation. Qui a le souci de la véracité des faits entend et dénonce ces mystifications, ce que font les historiens intègres, les journalistesimpartiaux, les analystes politiques rigoureux. Qui a une intelligence intime de la langue, aiguë de la vie et inconditionnelle de la liberté, ditce qu'il en est de la réalité. Ce sont les poètes. »Sylvie GermainIl y avait donc des maisons avec des mursil y avait aussi des mères sur les seuilsles pères ramenaient la nuit sur leurs semellesle dernier père du dernier enfant mourra debout comme un arbreVénus Khoury-Ghata
« Un jour Tarif m'a fait voir quelques enveloppes ordinaires de formats rectangulaires. Aucune adresse n'y figurait, mais plutôt des destinations telles qu'il les avait imaginées. C'étaient des lieux féériques où le rêve se conjugue avec l'abîme et la romance. J'ai alors compris que ce courrier m'était en fait adressé, car je me trouve au carrefour entre le signe qui crie son silence et les mots éclatant dans toutes les couleurs sur une terre et une histoire qui nous lient à jamais. Ainsi Tarif a finalement trouvé dans cette rencontre lesdestinations de son courrier surréaliste, et moi mon départ pour nulle part. »Chawki Abdelamir
La « Science des femmes et de l'amour » dont il s'agit ici trouve son origine dans les contes que les femmes du Maghreb aiment à raconter entre elles. Elle est, pour l'essentiel, puisée à la source des contes populaires d'Algérie, et plus précisément dans le corpus parti- culier des contes réservés aux adultes. Y sont mis en scène des maris ivres de jalousie et immanquablement trompés, des amantes amou- reuses, des épouses naïves... le tout, orchestré par une gent féminine rouée comme il se doit !
Le beau prince de ces contes, sorte de Shahrazade au masculin, est lancé dans une série d'aventures et de découvertes étonnantes. Il parcourt de lointaines contrées, livré aux facéties de l'amour et du hasard. Chacune de ses rencontres est une promesse, mais aucune ne lui livre l'absolu du « secret des alcôves ». ..
Emporté par un tourbillon d'histoires aux senteurs orientales, le prince finira-t-il par découvrir la science des femmes ? Laquelle de ces belles lui fournira la clé du savoir ultime qui lui permettra d'accéder au royaume de ses ancêtres ?
Bertille transforme en poésie et en émotions un « Livre de comptes ». Une main besogneuse s'applique et calcule la moindre dépense, la sienne s'élance avec passion. « Entre les colonnes de chiffres et de lettres, mes squelettes slaloment en monocycle, pieds de nez à la mort. J'aime leur façon de dépoussiérer ces quelques archives sauvées de la destruction. »
Ce Bestiaire de José Moreno Villa a été publié pour la première fois en 1917, dans la revue Espana. Il n'est pas sûr que Moreno Villa ait eu connaissance du Bestiaire d'Apollinaire, paru en 1911. Quoi qu'il en soit, une quelconque influence du poète français paraît difficile à détecter dans ces textes qui tiennent davantage de la charge sociale que de la grâce orphique. En revanche, il est clair qu'il s'est inspiré du modernisme et de ce surréalisme que reflètent sa peinture et ses dessins. Tour à tour tendres, drôles ou franchement inquiétants, voire angoissants, ces textes contiennent sans doute beaucoup d'un être qui se retire et, ce faisant, n'a d'autre choix que celui de la métamorphose et de la fable.
Domi Bergougnoux écrit la souffrance, celle du fils et celle de la mère. L'amour s'y entend comme un cri qui serait murmuré, se dessine en rythmes, en images, en musique. Si l'on devait donner une couleur aux poèmes de Domi Bergougnoux ce serait le bleu, comme le blues,mais aussi comme l'horizon, cette espérance au loin.
La question du rapport à soi et au monde est au centre de cette poésie. L'amour y est une thérapie - la plus belle, la plus intense, la plus productive.
Une fois l'an, le jour du carnaval des animaux, couleurs et sons se déversent dans une étrange cité des sables gouvernée par un vieux roi,et lui rendent vie.En ce jour pas comme les autres, Toumaï croise différents êtres dont Khaos, un ara, et Sing, qui vont lui chanter sa propre voie.Sait-on qui l'on est avant de croiser le chemin de l'Autre ? Toumaï, qui ne connaît que les bornes de son monde, est invité à le découvrir.« Ce jour-là seulement, jour de chaos, les rhinocéros et leurs chemises noires étaient au placard. Mais d'autres,obscures bêtes de somme, entrevoyaient enfin les couleurs des réjouissances qui, dès potron-minet, se préparaientd'arrache-patte. Rats, ratons laveurs, taupes et même chevaux, auxquels collait pourtant la sale réputation d'avoirété les meilleurs amis de l'homme, se repaissaient de couleurs. C'était l'heure bleue. Elles avaient bourgeonné avecle printemps et éclateraient dans le chant du rossignol, en jaune, bleu, cor et piccolo, se pavanant sur les plumesdu paon jusqu'à presque mourir en indigo ; puis, comme en catimini, réanimeraient la ville en un somptueux feud'artifice tiré par Sa Majesté. »