Né et mort à Labouheyre (Landes), Félix Arnaudin (1844-1921) consacra sa vie à sauver de l'oubli la mémoire de la civilisation rurale de la Grande-Lande, de ses traditions et de ses paysages, de son architecture et de ses métiers. Ce pays en effet, profondément bouleversé par la loi de 1857 de Napoléon III - généralisant la plantation en pins et bouleversant de ce fait toute une organisation sociale basée sur une civilisation agro-pastorale - subit en quelques années une véritable révolution. Folkloriste, ethnologue, linguiste, historien, écrivain, Arnaudin fut tout cela à la fois, mais aussi photographe, arpentant durant cinquante ans tous les chemins de la Lande pour en reproduire les multiples visages en voie de disparition. Rigueur scientifique et lyrisme, souci obsessionnel du détail et sens de la composition se mêlent dans cette oeuvre multiple et touffue, monument unique dans l'histoire de la photographie. C'est toute cette existence que Guy Latry nous retrace ici, où vie personnelle, amoureuse, sociale ne cesse de se mêler au projet obsessionnel de l'oeuvre à mener à son terme.
Jusqu'à sa chute, les électeurs ruraux ont massivement soutenu Napoléon III de leurs votes. Des derniers mois de l'Empire aux premiers de la Troisième République, un typographe du quotidien républicain modéré bordelais La Gironde, Théodore Blanc, se donne pour mission, dans un supplément dominical du journal, de détourner les paysans de l'Empire et de les convertir à la République. Dans ce but, il s'adresse à eux dans leur "patois", leur langue quotidienne, l'occitan gascon.
Lui-même issu de la banlieue maraîchère de Bordeaux, et d'abord confiant dans son aptitude à créer ainsi une connivence avec eux, il prend peu à peu conscience du fossé que leurs interêts et leur idéologie individualiste creusent entre eux et la classe ouvrière urbaine à laquelle Théodore Blanc appartient désormais. De la déception, il glisse au désespoir avec l'instauration d'une République conservatrice qui déçoit ses aspirations démocratiques, non sans avoir opéré in fine un détour par la fiction en évoquant dans un roman feuilleton les derniers mois de la guerre de 1870 vécus par un garde mobile girondin.
A ces chroniques sont joints en annexes les autres textes (poèmes, almanachs) publiés par Théodore Blanc, dans un volume bilingue qui regroupe ainsi les oeuvres complètes de cet écrivain méconnu.
Depuis l'an Mil, la langue d'oc, ou occitan, fait entendre en Europe une voix singulière, à travers une oralité à la richesse bien connue mais aussi à travers une tradition d'écriture qui va des "Troubadours, inventeurs de la poésie lyrique moderne, à Frédéric Mistral et, au XXe siècle, à des auteurs aussi considérables que Max Rouquette ou Bernard Manciet.
Réunis à Bordeaux à l'occasion du VIIIe congrès de l'Association Internationale d'Etudes Occitanes (AIEO), chercheurs, enseignants, étudiants ou simples amateurs venus des cinq continents ont entendu une centaine de communications portant sur la langue, la littérature et la civilisation occitanes, tant médiévales que modernes et contemporaines, dans une approche renouvelée qui les replace, au-delà du cadre étroitement français (on parle occitan aussi au Val d'Aran et dans plusieurs vallées du Piémont italien), dans l'ensemble européen.
Félix Arnaudin (1844-1921) n'est pas seulement l'un des plus grands folkloristes français : outre ses Contes populaires recueillis dans la Grande-Lande (1887), ses Chants populaires (1912), il a donné une oeuvre pionnière de photographe, d'historien, de linguiste et d'ethnographe. Cette immense collecte est longtemps restée inédite mais les huit volumes de ses oeuvres complètes publiés de 1994 à 2003 ont permis d'en mesurer l'importance et de lui rendre sa juste place au nombre des recherches majeures tant du domaine occitan que du domaine français et européen.