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Francis Carco
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C'est à Montmartre que se révèle dans les années 1910 le talent de Maurice Utrillo. La Butte est peuplée d'artistes en tout genre, qu'Utrillo ou sa mère, la peintre Suzanne Valadon, fréquentent. D'un naturel peu loquace et compulsif, Utrillo est fragile psychologiquement. Sombrant très jeune dans l'alcoolisme, il ne jure que par son « rouge » et, à défaut, ingurgite tout ce qui lui passe sous la main, jusqu'au parfum de sa logeuse ou de l'alcool à brûler. L'ivresse le rend bagarreur, et il finit régulièrement au poste de police où il dessine des toiles pour les agents en échange d'un dernier verre. « Jamais peintre n'a compté plus que celui-ci d'amateurs d'art parmi les flics », nous dit Carco.
Derrière le farceur qui tire les cheveux des bonnes soeurs sortant du Sacré-Coeur, il y un grand artiste. Celui qui fait chanter Paris sur ses toiles. Celui qui, reconnu pour sa prestesse et sa minutie, fut d'abord influencé par les impressionnistes avant d'inventer son style propre. Il sera le « peintre de Montmartre ».
Francis Carco, le grand montmartrois et le célèbre auteur de Jésus-la-Caille, qui lui rend visite jusque dans ses internements à Picpus ou Sainte-Anne, nous livre le récit touchant de ce peintre, ami de Modigliani et de tant d'autres, amoureux de Montmartre et de la bouteille, et soldant ses dépenses par des chefs-d'oeuvre dont les Parisiens apprécient progressivement la valeur : « J'ai connu des bistrots qui, sachant qu'Utrillo pouvait faire irruption chez eux à n'importe quelle heure, possédaient dans leur arrière-salle des tubes, des pinceaux et des cartes postales qu'ils tenaient en réserve pour lui. » Voici le peintre et l'homme, en faiblesse et le génie. « La voilà, la jolie vigne », chantait Aristide Bruant, témoignant de ce que la Butte est avant tout un pays d'artistes... et de vin !
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Comme le dit Katherine Mansfield, Francis Carco est « l'écrivain des bas-fonds ». « Les rues obscures, les bars retentissants des appels des sirènes, les navires en partance et les feux dans la nuit » hantent son univers. Dans le Paris des mauvais garçons et des filles de joie, il partage la vie de bohême d'Apollinaire, Max Jacob, Modigliani ou Pierre Mac Orlan.
C'est tout le pittoresque de ce monde interlope, dont Renoir, Duvivier et Carné se sont emparés au cinéma, que l'on retrouve dans ce premier roman. Il nous introduit dans le milieu des souteneurs et des prostituées de Montmartre, sur les traces de Jésus-la-Caille, proxénète homosexuel qui va connaître, pour la première fois, l'amour d'une femme. Le ton des dialogues, la peinture des personnages et l'atmosphère poisseuse en font un grand classique.
« Relu Jésus-la-Caille qui m'a paru excellent d'un bout à l'autre. On y chercherait en vain une faute, une vulgarité. Ce sujet extraordinairement scabreux est traité sans fausse pudeur. » Julien Green, Journal. -
Ce guide plaisant et bénévole prévenait mes désirs. Tantôt c´est à Montmartre, que je connais pourtant, qu´il poussait une porte sur d´étranges assemblées. Tantôt il m´escortait - en plein Paris, - dans ces débits de vin où d´épais gentleman expédient des colis en Amérique du Sud ou encore - et toujours grâce à lui - c´est par le plus providentiel des hasards que j´assistais, en de lointains quartiers, à des arrangements bizarres conclus entre des messieurs distingués, leurs épouses et celles qui filles d´amour méditent de s´affranchir.
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- Je le jure, assura-t-elle. Il marche dans la combine au Marseillais. Il te fait du tort.
Le Capitaine se tut. Ainsi - pour une absence de cinq mois - il ne retrouvait plus personne autour de lui. Sa bande, dont il était fier, l'avait lâché et il lui fallait maintenant chercher, pour de futurs exploits, de nouveaux volontaires. L'entreprise avait ses hasards. Il ne l'ignorait pas, mais il souffrait surtout dans son amour-propre à l'idée qu'un homme dont il ne savait rien s'était permis de le déposséder.
C'est à lui qu'allait toute sa haine et il tâchait à démêler, parmi ses souvenirs, celui qui l'aiderait à découvrir qui pouvait être cet homme dont il se promettait de briser l'ambition.
- J'aurai son rouge, déclara-t-il.
Puis, comme ils arrivaient devant les bars de la porte des Lilas, le Capitaine les fouilla du regard.
Francis Carco est né à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) le 3 juillet 1886. Poète, conteur, critique, auteur dramatique et romancier, sa jeunesse s´écoule au milieu de la bohème du Quartier latin et de la butte Montmartre.
En 1923, l´Académie française lui décerne le Grand Prix du roman pour l´Homme traqué. En 1937, il est élu membre de l´Académie Goncourt.
Il meurt à Paris en 1958.
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Rien qu'une femme
Francis Carco
- Editions Du Sonneur
- La Grande Collection
- 14 Novembre 2011
- 9782916136424
Claude, fils de la patronne de l'hôtel du Cheval Blanc, a quinze ans. Dans les bras de Mariette, une domestique au service de sa mère, il découvre le plaisir des sens. Sa passion devient dévorante à mesure qu'il comprend combien son désir est lié aux charmes que la jeune femme vend aux autres hommes.
Francis Carco (1886-1958), fin observateur de la rue et de ses figures en marge - criminels, ivrognes, prostituées, proxénètes... - est l'auteur, entre autres romans, de Jésus-la-Caille et de Brumes. Il dresse dans Rien qu'une femme, où le sexe et l'argent sont intimement liés, le portrait d'un amour trouble et ambigu. -
Qu'un mauvais étudiant, un truand, assassin peut être, ait été le premier des poètes français et peut être le plus grand, quel prodige!
Francis Carco, le romancier-poète de la pègre et des mauvais garçons ne pouvait qu'être fasciné par l'insaisissable Maître François, voyou de génie, croyant et maudit, toujours entre l'église, le bordel et la prison. Avec le vaurien légendaire, il partageait la tendresse et la révolte, la fantaisie, le goût des prostituées et les déceptions amoureuses, l'amour du Paris louche et de son argot, la hantise de la mort.
Lointain « frère humain » de Villon, Carco fut le premier à comprendre que seul le roman pouvait approcher le mythe et le mystère de cette vie pathétique et extraordinaire d'insolence, de gaieté et de désespoir. Pour nous donner, dès 1926, ce chef d'oeuvre fraternel, naïf et raffiné. -
Dans le quartier des Halles, la police recherche depuis des semaines l'assassin de la rue Saint-Denis. Lampieur, l'ouvrier boulanger criminel, n'a aucun remords, pourtant l'angoisse monte en lui. Une des filles de la rue s'est aperçue de son absence du fournil la nuit du crime. Pourquoi ne l'a-t-elle pas dénoncé ?
Il doit savoir...
Maître de la littérature populaire et précurseur du roman noir, Francis Carco a écrit, avec L'Homme traqué, couronné par le grand prix de l'Académie française, un de ses plus beaux récits. Peinture à la fois réaliste et pittoresque du Paris des années vingt, il met en scène, dans une langue forte et riche, les destins croisés de deux personnages liés par le remords et la peur.
« Une lumière hallucinante baigne ces pages, submerge toutes choses : décors et personnages. Cela fait songer moins à Dostoïevski qu'à Hoffmann et, même, à Caligari. Le chef-d'oeuvre de Carco. » André Négis. -
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"On a tout dit de la cathédrale de Séville, mais l'effet qu'elle produit est de
ceux qu'on ne peut prévoir, quand même on s'y serait de longue date préparé.
Rien n'existe à côté d'un pareil monument où tous les genres d'architecture, du
gothique le plus sévère au rococo le plus absurde, s'unissent, s'engendrent et
se succèdent dans un épanouissement qui tient à la fois du prodige et du défi." -
Trois Mélodies 90 : sur des poèmes de Jules Laforgue, Paul-Jean Toulet, Francis Carco
Jules Laforgue, Paul-Jean Toulet, Francis Carco
- Symetrie
- 12 Juin 2024
- 9782364852570
Je me décide à regrouper dans ce cahier, contre mon usage, trois mélodies écrites d'après trois auteurs différents. Leur date de composition, qui leur fournit ce (faux) semblant de titre, n'aurait certes pas suffi à les réunir ; pas davantage leur brièveté, leur économie de moyens : qualités qu'on reconnaîtra à tous les poèmes que j'ai mis en musique. Mais je leur trouve aujourd'hui, avec la distance, une réelle parenté de climats et de sentiments. Publiées ensemble, non pas comme une collection hétéroclite, mais comme une véritable « suite », elles prennent tout leur sens.
Laforgue, l'éternel Pierrot de notre poésie, l'inimitable imitateur de « Notre-Dame la Lune », traîne son ennui dans un paysage à la Watteau ; si quelquefois il interroge, ce ne peut être qu'avec « ironie », et l'étymologie lui donne raison. Toulet, à mots précieux et mesurés, dit le deuil à la fois d'un ami et de sa propre jeunesse ; quelques rehauts de couleur ne font qu'exacerber la peine. Carco rejoint Verlaine, et la troupe innombrable des poètes à qui, comme sur la ville, il pleure et pleut dans le coeur...