Dans son Journal, Félix Arnaudin évoque ses interminables traques au lièvre, à la palombe, aux canards, etc. Assez vite, il fait état d'un projet d'un livre sur la chasse et la faune. Ce livre ne sera jamais écrit mais il nous en reste de multiples fragments qui nous donnent une idée précise de ce qu'était la faune dans les Landes à la fin du XIXe siècle. Plus d'un siècle plus tard, la photographie animalière est devenue une des branches de la photographie, pratiquée par des professionnels et de nombreux amateurs, activité particulièrement chronophage à laquelle Jean-Phi-lippe et Cyrille Audinet consacrent une grande partie de leur temps dans les Landes de Gascogne. Dans ce pays, le paysage, l'occupation et les pratiques humaines ayant largement évolué, la faune a évidemment également changé. C'est ce double mouvement qui est à l'origine de ce livre : qu'est-ce qui a évolué d'un point de vue de la faune entre les années 1875-1920, et 2000-2020 ? Et qu'est-ce qui a évolué parallèlement d'un point de vue de la photographie ? Quel est le statut de la faune sauvage dans ce pays particulièrement anthropisé (la plus grande forêt industrielle d'Europe) ? Pour évoquer ce double mouvement, ce livre évoque les mêmes territoires,en gros, que celui de la Grande-Lande arnaudinienne. Il comporte, outre un texte d'introduction sur Arnaudin et la lande d'aujourd'hui (Eric Audinet), un second texte d'un spécialiste de la faune landaise (Jérôme Fouert). A la suite de ces deux textes, seront présentées les images des photographes Jean-Philippe et Cyrille Audinet, longuement légendées. Fruit de près de 25 ans de travail, ce beau livre est un véritable hommage à la Grande Lande et à la vie sauvage.
Combien d'entre nous ne rêvent-ils pas la nuit aux pêches d'autrefois sur l'île aux Oiseaux du bassin d'Arcachon, au Martray sur l'île de Ré ou dans les affluents de la Loire ?
Combien n'ont-ils pas le souvenir des premiers tirs à la .9 mm sur les merles dans les haies ? Combien, plus tard, initiés par un père ou un grand-père, n'ont-ils pas le coeur qui bat à l'évocation de la première bécasse retrouvée dans les feuilles mortes, de la truite ferrée dans le cours transparent d'un torrent de montagne on de la poignée de cèpes ramassée derrière un chêne centenaire ?.Combien, simplement, ne songent-ils pas à ces ronciers de mûres à la fin de l'été au bord des chemins ou aux sacs de jute remplis d'escargots le long d'anciennes voies ferrées.
Ce à quoi ils songent vient de vieilles histoires : des histoires d'enfance bien sûr, mais aussi de chasseurs cueilleurs de la Préhistoire. Mais les enfants sont devenus grands et responsables ; et l'espèce humaine s'est sédentarisée et séparée de la nature en inventant l'agriculture, l'élevage, l'artisanat, l'industrie. La France est un pays où la diversité des milieux naturels, des grandes forêts d'Auvergne ou des Landes à l'immense côte atlantique, des zones humides aux grandes plaines céréalières, des massifs montagneux à la baie de Somme et aux étangs des Dombes, permet encore aux chasseurs, aux pêcheurs mais aussi aux simples cueilleurs, d'échapper aux contraintes de l'existence trop réglée de nos villes, d'assouvir un désir d'évasion, de renouer ce lien magique à la nature.
Sans le savoir, ou si peu; ils retournent à l'enfance comme ils retrouvent un peu de la vie des anciens hommes. Chasseur Cueilleur est le récit de cette expérience.
C'est aussi un livre d'art où chaque nuage renvoie le lecteur à .un moment privilégié. En fin d'ouvrage, on trouvera les recettes d'une cuisine immédiate qui sont au fond l'aboutissement de nos évasions.