Dans l'Irak rural d'aujourd'hui, alors que des combats sévissent, la narratrice a, en cachette, une relation amoureuse avec Mohammed. Celui-ci meurt sous les obus, elle est enceinte. Destin inéluctable : elle sera tuée par Amir, le frère aîné, dépositaire de l'autorité masculine depuis le décès du père. Un crime pour laver l'honneur de la famille, laquelle approuve en pleurs et en silence : la belle-soeur, épouse soumise ; le jeune Hassan qui aimerait fuir le pays ; la mère qui a bâti pour ses filles la même prison que pour elle ; Ali, tolérant mais lâche ; et la petite soeur, Layla, celle pour qui on tue, afin que cela serve d'exemple.
Résonnent en contrepoint la présence tutélaire de Gilgamesh et la poésie du Tigre, fleuve qui porte en lui la mémoire du pays et la perdition des hommes.
C'est une guerre qui ne dit pas son nom. En Colombie, chaque année, des centaines de «leaders sociaux» sont tués dans l'indifférence générale. Syndicalistes, responsables associatifs, simples citoyens faisant valoir leurs droits... L'une de ces figures s'appelait Maritza, mère de six enfants, assassinée dans sa ferme isolée au coeur d'une région où se mêlent groupes armés, narcotrafic et enjeux touristiques. Pourquoi cette mort? Emilienne Malfatto décide de tirer le fil.Des Andes aux Caraïbes, ce récit est la quête d'une vérité qui se dérobe comme dans un jeu de miroirs, au milieu des menteurs et des hommes violents. Au pays du réalisme magique, cette enquête littéraire d'une puissance fulgurante prouve que l'écriture détient encore le pouvoir de traquer les bourreaux pour faire entendre la voix des victimes.
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes. Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve - ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
Le colonel ne dort pas est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes. On pense au Désert des Tartares de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus - à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres.
Suivi d'un entretien inédit avec l'autrice