Plus précieux que l'or et le diamant, il est un minéral auquel l'Empire britannique a dû son hégémonie : c'est le charbon. Moteur de l'industrie et combustible domestique assurant jusqu'à 95 % des besoins énergétiques du pays en 1900, il est, à partir du règne de Victoria et jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, indispensable au bien être du citoyen anglais. Grâce à lui, on cuisine, on se chauffe, on s'éclaire, ce qui induit des gestes particuliers, des savoir-faire singuliers, souvent pris en charge par les femmes.
Objet du quotidien et source de rêverie, on compose des poèmes à sa gloire, les enfants apprennent à l'école qu'il est issu de la forêt antédiluvienne en fouie dans les "entrailles sombres de la terre" - on lui attribue même des vertus thérapeutiques. Mais le "roi Charbon" est un maître cruel : salissant, dégageant une fumée à l'odeur âcre, il noie les villes sous la poussière et le brouillard et tue à foison par maladies respiratoires.
Il façonne aussi les paysages à son image - chevalements, terrils, mines... Et sa tyrannie s'exprime au grand jour lors de terribles pénuries, qui rappellent au consommateur angoissé que les réserves de cette roche sédimentaire ne sont pas inépuisables. L'histoire de la première civilisation dépendante d'une énergie fossile, consciente des chaînes dans lesquelles elle s'emprisonnait, incapable pourtant de s'en défaire.
Un avertissement et un enseignement à tirer pour nos sociétés, au mode de vie lié à des ressources destructrices pour l'environnement, dont le charbon fait toujours partie... Charles-François Mathis est professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste d'histoire environnementale et britannique, il est notamment l'auteur de In Nature We Trust. Les paysages anglais à l'ère industrielle (PUPS, 2010) et a codirigé, avec Geneviève Massard-Guilbaud, Sous le soleil.
Systèmes et transitions énergétiques du Moyen Age à nos jours (Editions de la Sorbonne, 2019).
Comment sont nés les premiers mouvements de protection de la nature ? Quelles ont été leurs motivations et leur idéologie ? Quelles résistances et quels soutiens ont-ils rencontrés ? Ce sont les questions auxquelles cet ouvrage tente de répondre, en étudiant le cas de l'Angleterre entre 1750 et 1914, espace symbolique du développement de l'industrialisation et de l'urbanisation, et l'un des pays pionniers en matière de préservation de la nature.
Partant de la transformation du regard porté sur une nature devenue paysage et de l'analyse d'une idéologie « environnementale » en pleine élaboration - notamment dans les écrits de Wordsworth, qui insiste sur les valeurs patriotique et spirituelle des paysages anglais -, cette histoire est complétée par celle des actions menées par les différentes associations de protection de la nature, dont les plus importantes, comme le National Trust, sont étudiées en détail. De la chanson au tableau de maître, des premières photographies aux plus grands poèmes de l'époque victorienne, en passant par les témoignages recueillis dans les rapports du Parlement, cet ouvrage éclaire ainsi d'un jour nouveau les origines de la relation si particulière du peuple anglais à ses paysages.
Raccorder l'enseignement supérieur aux enjeux écologiques et sociaux de notre époque, voilà l'ambition du collectif d'enseignants- chercheurs FORTES qui a réfléchi et écrit ce Petit manuel de la Grande transition. Cet ouvrage s'inscrit au sein d'une collection de petits manuels sur des thématiques et disciplines cruciales au regard de l'impact qu'elles peuvent avoir pour accélérer la Grande transition. Cette collection de petits manuels complète le "Manuel de la Grande Transition" élaboré par le collectif FORTES et publié aux Liens qui Libèrent en 2020.
À l'heure du réchauffement climatique, des catastrophes nucléaires et de la recherche des moyens de "décarboner" nos économies, personne ne doute plus que les questions énergétiques soient cruciales pour nos sociétés. L'idée que leur étude puisse concerner les sciences humaines et sociales est en revanche beaucoup moins consensuelle. L'énergie est pourtant une question éminemment sociale. Ce qui pose problème, en effet, n'est pas tant la quantité d'énergie à notre disposition (le soleil nous en procure bien plus que nous n'en utilisons) que la façon de la mobiliser et de la partager, questions sociales par excellence.
L'évolution du rapport de l'humanité à l'énergie ne saurait se réduire à un récit linéaire des innovations techniques qui ont permis d'exploiter telle ou telle ressource ou de mettre en oeuvre tel ou tel convertisseur plus efficace que ceux dont on disposait auparavant. Un système énergétique est toujours sous-tendu par des structures et des choix politiques, économiques, sociaux. Pour comprendre la façon dont les sociétés industrialisées sont arrivées au régime énergétique dont elles prétendent - dans le meilleur des cas - vouloir sortir, il nous faut comprendre comment elles y sont entrées et, pour cela, étudier l'histoire du rapport des sociétés à l'énergie dans le temps. C'est cette histoire qu'explorent les vingt-trois contributions réunies ici. Elles s'efforcent de montrer les enjeux de la mobilisation et de la dépense énergétiques, les intérêts qui les sous-tendent, les acteurs qui ont bénéficié des choix effectués et ceux qui en ont pâti, l'influence de ces choix sur la santé, l'environnement, les modes de vie. La complexité des systèmes et des transitions énergétiques se révèle au fil de ces analyses, de l'Écosse médiévale au Cameroun contemporain en passant par l'Espagne du premier XXe siècle.
Le clergé de cour a toujours été la cible de critiques visant à disqualifier le statut et la piété de ces hommes d'Église et notamment des prélats de cour. Accusés de se parer du manteau de la religion pour arriver à leurs fins, ils étaient affublés de tous les péchés:
Ambition, impiété, machiavélisme, libertinage. Ce livre analyse la fabrique de ces poncifs pour tenter ensuite de comprendre la place, l'organisation et la fonction de cette Église curiale, de la fin du Moyen âge jusqu'à son déclin relatif dès le règne de Louis XIV. Pourquoi pendant plusieurs siècles, l'État dit « moderne » a-t-il éprouvé le besoin de s'appuyer sur l'Église et surtout sur le clergé de cour et en quoi, à l'inverse, cette insertion recherchée a-t-elle contribué à servir les intérêts ecclésiaux ?
Entre 1815 - fin des guerres napoléoniennes - et l'année 1931 qui consacre l'abandon de l'étalon - or et la reconnaissance officielle de l'indépendance des dominions, la Grande - Bretagne fait figure de leader mondial. S'organise autour d'elle tout un " monde britannique " qu'elle imprègne de son influence, mais qui contribue aussi à la transformer, par un mécanisme de transferts démographiques, économiques, politiques ou culturels. L'ouvrage analyse la constitution, le fonctionnement et les transformations du plus grand empire que le monde ait connu. Il s'intéresse au rôle international de la Grande-Bretagne, aux aléas de son expansion économique, longtemps fondée sur la foi dans les vertus du libre-échange. Il présente aussi le modèle qu'elle propose à l'imitation des autres (modèle politique de Westminster, mais aussi modèle culturel et social). Place est faite aux influences extérieures comme aux contestations (en Irlande, en Inde par exemple) auxquelles la Grande-Bretagne doit faire face et qui nuancent de bien des façons le concept de " monde britannique ".