En 1874, Impression, soleil levant déchaîne la critique.
Les impressionnistes, ces " malades de la rétine bouleverseront pourtant la peinture. Touche et couleurs sont fragmentées pour traduire les vibrations de la lumière, jusqu'à cette étape ultime, les Nymphéas, qui font de Monet l'un des précurseurs des abstraits. Sylvie Patin laisse parler le peintre. Une passion pour la nature, un regard, une vision, un oeil... - " Monet ce n'est qu'un oeil... Mais, bon Dieu, quel oeil ! ", s'exclamait Cézanne -, une vie immensément longue, un lieu, enfin, Giverny, désormais indissociable de l'oeuvre du maître.
Berthe Morisot fait l'objet d'une exposition majeure du 18 juin au 22 septembre au Musée d'Orsay (où l'auteur a fait carrière).
Claude Monet sa passion pour les fleurs « Chers amis, Je mentirais si je vous disais que je ne suis pas heureux de me retrouver au milieu des miens et de revoir mes fleurs... » confiait Monet à Sacha Guitry et Charlotte Lysès (Giverny, 25 août [1913]). Tout au long de son existence, Monet éprouva envers les fleurs une passion emplie de ferveur qui ne se démentit jamais et qu'il aimait à partager entre initiés (Sacha Guitry, Caillebotte, Mirbeau, Clemenceau...). Fleurs cueillies en odorants bouquets, un prétexte à l'élaboration d'émouvantes ou somptueuses natures mortes, fleurs disséminées à travers champs, fleurs ornant ses jardins ou flottant à la surface de son bassin, toutes eurent droit au regard du peintre (sans oublier les « fleurs d'Hokusai » dans sa collection d'estampes japonaises), à ses pinceaux autant qu'à ses soins : le maître de Giverny donnait sans cesse à ses jardiniers et à celle qui deviendrait sa seconde épouse, Alice, de précieuses recommandations pour leur entretien quotidien.
« Je n'ose pas songer aux plages inondées de soleil, aux beaux ciels orageux qu'il serait si bon de peindre en respirant la brise de mer » (Paris, 23 mai 1869).
Ciels bouleversés et habités de sombres nuées ou ciels sereins traversés par les nuages en marche, tous furent la passion d'Eugène Boudin pour qui « savoir s'occuper, intéresser sa vie aux choses en apparence futiles, c'est tout ce qu'on doit désirer » (16 avril 1865).
« Monet chez lui, dans cette maison modeste et pourtant si somptueuse par l'arrangement intérieur [.]. Celui qui a conçu et agencé ce petit univers familier et magnifique n'est pas seulement un grand artiste dans la création de ses tableaux, il l'est aussi dans le décor d'existence qu'il a su installer pour s'y plaire. » C'est ce qu' écrivait en 1922, l'écrivain et critique d'art Gustave Geffroy, ami fidèle de Claude Monet et défenseur de son oeuvre.
Grâce à l'étude du salon-atelier et de la chambre de Giverny, Sylvie Patin nous introduit à ce « décor d'existence » créé par le peintre qui vivait entouré de ses toiles et de celles de ses amis impressionnistes : Renoir, Caillebotte, Monet, Boudin, Signac, Jongkind, Morisot et Delacroix. Elle dessine ainsi un portrait de Claude Monet au milieu des oeuvres qui l'entouraient avec les traits de caractère illustrant cette personnalité d'exception.
Conservateur général du patrimoine au musée d'Orsay, correspondant de l'Institut, commissaire de l'exposition Claude Monet en 2010/2011, Sylvie Patin est l'une des meilleures spécialistes de l'impressionnisme.
1863 : Le Déjeuner sur l'herbe de Manet fait scandale au Salon des Refusés.
1874 : trente artistes se regroupent dans le refus des conventions pour exposer ensemble. L'Impression, soleil levant de Monet déchaîne la critique. Les impressionnistes ont leurs détracteurs et leurs défenseurs. 1886 : la dernière exposition impressionniste clôt une décennie de polémique qui aura bouleversé l'histoire de la peinture. Des documents très divers d'artistes, de critiques ou d'écrivains, présentés par Sylvie Patin.
Son approche éclaire la personnalité des peintres impressionnistes.
Cet ouvrage analyse les regards, le plus souvent admiratifs, portés sur les Nymphéas de Claude Monet, dès leur création, par des écrivains, des critiques, des peintres, des philosophes, de Paul Claudel à André Masson, en passant par Clemenceau, André Lhote, Gaston Bachelard, Michel Butor...
Au fil des notations saisies dans leurs écrits se dessine, en miroir, toute la complexité de cette oeuvre, à travers les réactions sévères ou dithyrambiques qu'elle a suscitées, les rêveries poétiques qu'elle a fait naître. La diversité et la richesse des impressions parfois très contradictoires dont rend compte ce recueil enrichit notre regard d'aujourd'hui sur les Nymphéas, tout en constituant un passionnant témoignage sur la manière dont la perception de ces chefs-d'oeuvre a évolué au long du XXe siècle.